Avec les lettres à Gabriel Bounoure, une fois encore, c’est la dialectique de la chronologie et du thématisme qui se pose. Je pourrais privilégier la monographie de cette relation particulière, l’histoire de cette amitié. Je peux aussi, et c’est sans doute ce que je ferai, distribuer des fragments de cette belle correspondance dans le parcours chronologique, c’est-à-dire perdre un peu Bounoure pour mieux accompagner Derrida.
Car plus j’accumule d’informations, plus je me persuade que sa vie procéda par périodes ou au moins par vagues. Il fut un vrai cyclothymique, avec une alternance mesurable de hauts et de bas. Parmi les creux : 1951 (la khâgne interrompue), 1960 (la fin de l’année scolaire au Mans), 1965-1966 (du surmenage surtout), 1976-1977 (une crise familiale et amoureuse), 1983 (juste avant l’élection à l’EHESS), 2000 (le cap difficile des 70 ans).