chambre, descends dîner, par pitié, je n'en peux plus ! »A travers les lattes de la penderie elle apercevait lesmoking de soie de Thackery, mais pas son visage. Detoute façon, cela n'avait aucune importance. Elle n'avaitpas besoin de le voir. Elle l'avait déjà observé, de près, àla réception, lorsqu'elle l'avait accueilli à l'hôtel. « Tropjoli garçon pour être honnête », s'était-elle dit alors. Lesyeux bleus d'une intensité troublante, la bouche biendessinée, sensuelle, autoritaire, la mâchoire arrogante,les cheveux noirs : c'était ce qu'on appelait un belhomme. Elle l'avait regardé, un instant. Lui semblait nepas l'avoir vue.Mais que se passerait-il, si, maintenant, il la décou-vrait, dans ce réduit, entre ses costumes, ses chemises etses cravates ? Quelle serait sa réaction ? Il deviendraitcertainement fu...— Installe-toi, mets-toi à l'aise, darling , dit-il sou-dain. Figée, Ellie fut parcourue d'un frisson glacé. Cen'était pas possible ! Comment l'avait-il découverte ? Ilne pouvait pas la voir, et il s'adressait à elle ! Et, en plus,il la tutoyait, l'appelait « darling » ! Quel culot !Elle resta tapie dans son coin, incapable de ré-pondre, terrorisée.— J'ai juste un coup de fil à donner, reprit Thacke-ry, j'en ai pour une minute.— Tu téléphones à Angela ? interrogea une voixféminine.Il n'était pas seul ! Ce n'était donc pas à Ellie qu'ils'adressait...— Oui, c'est Angela que j'appelle, dit-il d'une voixagacée.— Si elle apprend que tu es avec moi, ça ne va pas9