Il ne parut absolument pas affecté par cette rebuf-fade à peine déguisée.— Je suis un grand garçon, affirma-t-il. Je sais cedont j'ai besoin et ce dont je n'ai pas besoin. Pour ce quiest du grog, je vous répète que ce n'est pas d'un rhumeque je souffre. Aaaatchhh...Il éternua une nouvelle fois.— A vos souhaits, fit Ellie, légèrement moqueuse.— Merci. Mes souhaits, justement, vous concer-nent. J'aimerais bien que vous veniez me rejoindre dansma suite. Mais puis-je vous demander une faveur ?Ellie le regardait, les yeux ronds.— Une faveur ? répéta-t-elle.— Oui. J'aimerais qu'avant de me rejoindre, vousvous débarrassiez de ce parfum. C'est en effet à lui queje suis allergique. Eh oui ! Le Chanel n° 5 me fait éter-nuer, voyez-vous. C'est toujours ainsi. Si, donc, vousaviez la bonté de vous laver les cheveux pour chasser cemaudit allergène, je serais le plus heureux des hommes.Est-ce trop vous demander, Ellie ?— Comment savez-vous mon nom ? demanda-t-elle, estomaquée.— Il est inscrit en toutes lettres sur le badge devotre blouse — au cas où vous ne l'auriez pas remarqué,observa-t-il d'un ton doucement ironique.Ellie ouvrit la bouche. Puis la ferma. Puis l'ouvritde nouveau. Mais aucun son ne sortait de ses lèvres.Elle se souvint qu'il avait éternué dès son arrivée àla réception, puis, dans sa chambre, tandis qu'elle étaitcachée dans le placard, parfumée de Chanel n°5.Chaque fois qu'il se trouvait à proximité d'elle, il semettait à éternuer...Elle se sentit pâlir d'un coup : allait-il faire le rap-27