— Faut-il que je comprenne que, moi, je le suis ?interrogea Daniel.Une serveuse arriva en souriant et leur tendit à cha-cun une carte.— Nous allons d'abord commander un vin, déclaraDaniel, puis nous choisirons les plats. Cela vous con-vient-il, mesdames ?Il balaya du regard la carte des vins en marmottantd'un ton gourmand.— Mmmhhh... Château Rothschild... Château Lan-sac... Hospices de Beaune... Mmmh… Ah ! voici : quediriez-vous d'un Chambolle-Musigny 1989 ?Ellie et Beth acquiescèrent simultanément.— Puis nous choisirons les autres vins en fonctionde ce que vous commanderez, cela vous convient ?De nouveau, les deux sœurs hochèrent affirmati-vement la tête, d'un même mouvement.Ellie choisit ensuite un soufflé de saumon et unboeuf Wellington. Daniel avait fait exactement le mêmechoix. Beth, quant à elle, fut plus modeste : elle com-manda du jambon cru et une sole.Ellie n'ayant guère envie d'entretenir la conversa-tion, le dîner se déroula dans le plus grand calme. Cha-cun se délectait de ce qu'il y avait dans son assiette etdans son verre. De temps en temps, Ellie rencontrait unrayon bleu qui se posait sur elle, un instant, puis s'enallait ailleurs, s'attardant sur les tableaux qui ornaient lesmurs, sur les autres tables, observant le service de lasalle... On apporta d'autres bouteilles, couchées dansleur panier d'osier. Daniel observait attentivement larobe du vin en faisant tourner doucement le liquide dansun nouveau verre, le goûtait, semblait réfléchir et finis-sait par acquiescer : « Parfait, parfait. »60