Soudain, elle sursauta. Une voix qu'elle connaissaitbien venait de résonner dans son dos.— Vous ne devriez pas torturer ainsi ce pauvretrombone qui ne vous a rien fait !Ellie laissa le petit bout de métal qu'elle tordait etdéformait machinalement depuis un moment et leva lesyeux vers l'intrus, Il se tenait sur le seuil de la pièce,nonchalamment appuyé contre l'encadrement de laporte. Elle ne l'avait pas entendu entrer.— Il est écrit en toutes lettres sur la porte que vousvenez d'ouvrir : PRIVÉ. Ne l'avez-vous pas remarqué ?dit-elle d'un ton glacial.Daniel haussa les épaules.— I1 y a également une autre inscription, écriteavec des lettres plus petites, certes, mais pourtant bienexplicite : « Merci de bien vouloir frapper », rétorqua-t-il en souriant.— Je ne crois pas que vous l'ayez fait, observa-t-elle sèchement.Il entra dans la pièce et ferma la porte derrière lui.— Que j'aie frappé ou non, cela n'a aucune impor-tance, affirma-t-il.— C'est à 10 heures, demain matin, que nous avonsrendez-vous, monsieur Thackery, lui rappela-t-elle.— Tiens, vous ne m'appelez plus « Daniel », ob-serva-t-il. Ça veut dire que vous m'en voulez. Est-ce àcause de votre chef cuisinier ?Ellie dédaigna répondre. Daniel poursuivit donc :— Il y a un dicton, peut-être le connaissez-vous :« En affaires, tous les coups sont permis. »— Dans mon souvenir, rectifia Ellie, ce dicton nes'applique pas aux affaires, mais à l'amour ou à laguerre. « En amour comme à la guerre, tous les coups69