Sa colère semblait s'être apaisée. Mais une lueursceptique brillait encore dans ses yeux.— Serait-ce parce que vous avez peur d'être aban-donnée ? demanda-t-il.— Je ne comprends pas ce que vous voulez dire. Jevous le répète, Daniel : je n'ai pas dit un mot à votresujet à Peter, et je ne suis pour rien dans son choix.— Nous ne parlons pas seulement de Peter, dit Da-niel. — Excusez-moi, je ne vous suis pas du tout.L'homme d'affaires se passa la main sur le front,pensif.— Vous êtes une femme très belle, reprit-il aveclenteur.— Merci beaucoup, répliqua Ellie, sarcastique.— Jeune, séduisante, intelligente... Les hommes,j'imagine, doivent être fous de vous.— Où diable voulez-vous en venir ?Ellie se sentait gênée d'être ainsi décrite, surtoutpar Daniel. Elle n'avait jamais eu conscience d'êtrebelle, malgré certains regards appuyés que des hommesavaient eus pour elle. A vrai dire, elle s'était plusieursfois demandé si elle était simplement jolie. Elle avaittoujours refusé de rentrer dans le jeu classique de laséduction qu'affectionnent tant de femmes : manièrescharmeuses, maquillages excessifs, vêtements provoca-teurs... Elle était telle qu'elle était, se disait-elle. C'était àprendre ou à laisser.— Ecoutez, Ellie, reprit Daniel, il faut que vouscompreniez que votre monde ne doit pas se limiter à cethôtel. Il existe d'autres choses, dans la vie, en dehors dutravail. Des choses merveilleuses. Pourquoi vous obsti-nez-vous à vous confiner dans cette existence étriquée ?91