« La méditation informelle est la vibration du silence.
L'écoute pure est la fin du monde.
Ce vide de pensée est création.
La pensée cesse peu à peu son mouvement continu,
Puis disparaît sans laisser de trace.
Elle quitte son aspect dynamique obsessionnel créé par l'intention.
Le cerveau devient silencieux, vivant, sensible et immobile
Comme un crocodile dans la rivière :
Ni anticipation, ni mémoire, tranquillité sans début ni fin,
Silence bruyant de vie.
La méditation est présence qui contient tous les futurs et les passés.
L'instant est alors toujours neuf,
un neuf sans référence à un passé. »30
Éric Baret
10.1 : Généralités
Le mental, avec les schémas répétitifs et les vieux disques qui envahissent son champ, masque le vrai moi et le but ultime de la méditation est d'enlever ce masque. Le processus méditatif amène progressivement l'adepte à prendre conscience qu'il y a un discours incessant dans notre tête et qu'il y a un témoin qui écoute et qui observe : c'est la conscience derrière le penseur.
Technique
Assis en siddhasana, vajrasana ou padmasana, on prend dyani mudra :
10.2 : Les différentes sortes de méditation
Il existe différentes formes de méditations : la méditation discursive, la méditation avec forme et la méditation sans forme.
La méditation discursive
Dans cette pratique et en exemple, on peut envoyer des pensées de paix et d'amour dans toutes les directions de l'espace ; bénir tous les éléments et les élémentaux de la terre, de l'eau, du feu de l'air et de l'éther ; bénir tous ceux qui nous aiment, qui nous comprennent et tous ceux qui pourraient ne pas nous aimer, ne pas nous comprendre ; bénir notre famille, notre région, notre pays, notre continent, la planète et l'univers entier. Illustré 8. L'attention est dirigée vers une cible précise.
Ici, il s'agit de concentrer la pensée sur l'idée centrale d'un sujet qui suscite notre intérêt et sur lequel on veut apporter la lumière de la conscience par exemples, on peut méditer sur l'acceptation, sur l'ouverture, sur la mort ou sur une situation précise de notre vie. Dans certains cas, on peut s'appuyer sur un texte choisi qui soutient l'attention sur le sujet puis, on voit ce qui se passe. Le mental, apaisé et silencieux, ouvert à la nouveauté et à la créativité, est dans un état de disponibilité intérieure pour recevoir ce qui surgira de la conscience.
La méditation avec forme
On peut méditer sur un élément de la nature en dirigeant notre attention sur la flamme d'une bougie, une fleur, un arbre, un lac, le ciel bleu ou autres. Donc, on se concentre sur l'objet choisi. Puis, par habitude ou par mémoires, il y a une étape où les pensées gravitent autour de ce que l'on sait sur le sujet de notre méditation : installé dans l'observateur silencieux, on laisse discourir le mental. Troisièmement et généralement ce n'est pas bien long, on prend conscience que d'autres pensées surgissent dans notre espace mental sans aucun rapport avec ce qui nous occupe : s'en rendre compte, c'est déjà revenir à dharana. Puis vient une autre étape où le senti prend toute la place, on sent l'objet de l'intérieur. Par exemple, si on se concentre sur une fleur, on sent sa forme, sa couleur, son odeur, sa vibration, sa vie. On sent la fleur comme une manifestation de l'énergie universelle, la même énergie qui circule dans la pierre, la fourmi, l'être humain et en soi-même. Finalement, il y a contact intime avec la fleur, son immobilité fait appel à notre propre immobilité et l'événement se produit dans le même champ de conscience. Il y a identification, on devient un en essence et de là, on observe ce qui se passe.
Le son est une forme extérieure et celui par excellence sur lequel méditer est le plus grand des mantras, le son Om dont l'écriture en sanskrit est la suivante : . Dans toutes les traditions, nous trouvons des références au verbe créateur, au pouvoir créateur des mots d'où l'importance d'avoir toujours une parole impeccable ce qui demande une vigilance constante. D'autre part et dans leur ésotérisme, toutes les religions mettent l'accent sur les vertus de la répétition de certains sons dits " sacrés " que seuls les initiés connaissent. Finalement, nous trouvons dans l'évangile selon Saint-Jean :
« Au commencement était le Verbe et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous (…) un son qui est au commencement de tout et par qui tout a été fait ».
Illustré 8 : L'oeil de Wisdom : Ajna Chakra31
Il existe donc un son, une vibration primordiale, un son mère de tous les sons qui a une qualité d'éternité difficilement concevable pour le faible pourcentage que nous utilisons du cerveau humain. Pour traduire cette vibration, ce son qu'émet l'univers quand tout s'est tu, c'est dans l'écoute du silence, c'est en se laissant pénétrer par la vibration du silence qu'on pressent et qu'on entend. Aussi loin que l'on puisse reculer, l'être humain a répété le son Om. Il est le souffle de l'absolu à travers l'univers et dans les différents plans de la manifestation, il traduit la plus haute réalité de l'esprit, il est l'expression du niveau de conscience le plus élevé, il est au-delà du mental, il est l'expression de la conscience. Avec Om, l'adepte réalise qu'il fait partie de l'univers, ici et maintenant, le cosmos n'étant pas ailleurs qu'ici. Om apporte la paix intérieure, il pacifie le mental, il actualise la conscience. Avec la répétition du Om, l'être humain s'éveille à son intériorité, il entre en communion avec les vibrations de l'univers qui pénètrent tout : le minéral, le végétal, l'animal et l'humain car c'est bien ce dont il est question, de taux vibratoire : plus dense dans le minéral, un peu moins dans le végétal, un peu moins dans l'esprit, un peu moins dans Om. Tout est vibration. C'est l'approche non-dualiste du yoga qui rejoint d'autres approches philosophiques.
Pour méditer sur les chakras, il peut être utile d'acquérir certaines connaissances de base : ce qu'ils sont, leur correspondance, leur localisation ou support dans le corps physique, le bija ou mantra qui les éveille [Tableau 2]. Deuxièmement, pour méditer sur un chakra, il faut en avoir une certaine maîtrise et voilà pourquoi nous recommandons de ne pas travailler prématurément avec les chakras suivants :
Finalement, il reste deux chakras sur lesquels nous pouvons méditer sans danger : ajna chakra, le centre de la connaissance et anahata chakra, le centre de l'amour. Nous recommandons une méditation sur ces deux chakras pour les développer et pour les harmoniser [Illustré 9].
Illustré 9 : Le corps astral en Brahmarandhra : Causal Body in Heart32
La méditation sans forme
La méditation sans forme est la plus difficile mais la voie la plus directe qui conduit à l'installation de la personne dans Cela. C'est la méditation Taoïste, la méditation Zen ou la méditation sur le vide de l'Hindouisme. Pour supporter l'attention, on se concentre sur la posture, sur le mudra ou sur le souffle. Encore ici, ce ne sera pas trop long que des pensées surgiront dans votre espace mental et c'est normal : il ne faut pas lutter contre ce qui se passe parce que si vous vous acharnez à vouloir chasser les pensées qui vous envahissent, les pensées reviendront avec plus de force, de vigueur et de ténacité. Cela prend généralement entre cinq et vingt minutes d'observation tranquille des mouvances du mental avant qu'il s'apaise et c'est à partir de ce moment-là que la méditation commence réellement. Se placer en observateur, en témoin de ce qui se passe sur le plan du mental sans refuser ou nier quoique ce soit, sans se juger, se critiquer, se culpabiliser, juste regarder. Après la séance de méditation, il sera toujours temps de s'occuper des remontées. Revenir au souffle, à peine perceptible. Avec la pratique, on trouve le chemin pour être dans Cela avec un vide de pensées et un plein de présence.
Quelque soit la forme de méditation pratiquée, on revient toujours à la base, sur le souffle, il n'y a rien de personnel dans le souffle. Sentir l'air qui pénètre dans les conduits sensibles des narines, sentir l'air qui en sort. Toujours privilégier la sensorialité. L'air pénètre tout naturellement dans les narines. Se concentrer seulement sur la sensation. Inspire, point d'arrêt, expire, point d'arrêt. Puis, on se concentre sur l'espace entre deux respires, khumbaka à poumons pleins et khumbaka à poumons vides, là où il y a identification avec la conscience, un état de pure présence.
10.3 : Les différents obstacles rencontrés en méditation
10.4 : Comment se réserver une place pour ses pratiques
Je suggère de se réserver une place discrète chez vous qui servira de point d'ancrage pour vos pratiques de hatha yoga et pour vos méditations. Vous y installez un tapis de hatha yoga, un coussin de méditation, un châle pour vous couvrir les épaules et un petit temple dans lequel on installe très sobrement une bougie. En étape intermédiaire et selon les besoins, on peut agrémenter le temple de différents éléments :
En se réservant une place pour ses pratiques spirituelles, on entre dans un espace vibratoire qui incite à l'intériorisation, c'est plus facile ainsi. De plus, ne pratiquez pas lorsque le corps se sent paresseux, lorsqu'il est malade ou lorsque l'esprit est chagrin ou malheureux. Au petit matin, le mental est habituellement calme et il est plus facile de s'exécuter parce qu'on n'est pas envahi par toutes les imprégnations de la journée. Le soir peut aussi être un bon temps pour apaiser le mental après les turbulences de la journée.
La vigilance
Du témoin silencieux
Pour être Cela37