Les fileuses

Celle qui malgré l’hiver a gardé

Aux joues le souvenir des raisins

Suit de l’œil un couple lent;

Il franchit le pont de pierre

Vers le bout de forêt où s’embusque

L’ombre bleue des renards. Tout cela

Prend silencieusement sa part de haine,

A l’heure où les jeunes femmes

Quittent la maison lourde de neige,

La tête dans la nuit, étourdies d’avoir

Bu du vin en flammes et filé le lin

De leurs draps entre les jeux, les gages

Et les mensonges, sous le regard

Des hommes qui graissaient des courroies.

The Spinners

The one who has kept, in spite of winter

A memory of grapes on her cheeks

Follows a slow couple with her eyes;

They cross the stone bridge toward

A bit of forest where the blue shadows

Of foxes lie in ambush. All that

Silently claims its portion of hate,

At the hour when young women

Leave the house, heavy with snow,

Their heads still full of night, careless from having

Drunk mulled wine and spun

The linen of their sheets between games, forfeits,

And lies, beneath the gaze

Of men waxing harnesses.