Nous, quand nous renversons le café, nous disons
que c’est par maladresse et que cela porte
bonheur, tant nous voulons que le regard
reste le gouffre de nos hésitations. Mais,
pas de lumière ! sans le noir, l’œil
n’aurait pas de lumière : Où sont les micros ?
avait-il commencé, devant son verre, sa canne
et la sirène des pompiers, rue des Ecoles. Puis,
très vite : le mot moon a été traversé
par Shakespeare. Il butait contre
ses propres paroles, mais ce qui suivait
s’était longtemps battu sur tous les continents
contre les heures où les poèmes s’en vont
comme des casseroles, par le cul, le malheur,
disait-il, est plus riche que la victoire,
et je supprime l’étonnant. Voici :
une après-midi s’éleva la voix d’un vieil
aveugle, il parlait de la mémoire à des voyeurs
amnésiques et jetait des pièces d’or à la mer.
As for us, when we spill our coffee, we say
that we were clumsy and that it brings
good luck, we so much want our gaze
to be the pit in which our doubts hurl themselves. But
no light! Without blackness, the eye
would have no light. Where are the microphones?
he began, his glass, his cane in front of him
and the firemen’s sirens in the rue des Ecoles. Then,
very quickly: The word “moon” has been walked upon
by Shakespeare. He stumbled over
his own words, but what followed
had battled for a long time on every continent
against the hours when poems rust
like saucepans, bottom first. Misfortune,
he said, is more fruitful than victory,
and I delete the astonishing. Here:
one afternoon an old blind man’s voice
rose up; he spoke of memory to amnesiac
voyeurs and threw gold pieces in the sea.