Les boissons
Les boissons, ces nourritures souvent ignorées
Tout comme la nourriture, la boisson est de nos jours consommée avec trop peu de soin. Nous buvons à l’excès et davantage par habitude que par besoin. Nous ne réalisons pas assez que, excepté l’eau, toute boisson est une nourriture et que certaines sont aussi bénéfiques à notre santé que d’autres néfastes. Quelle que soit votre boisson préférée, arrêtez-vous un instant pour considérer (en toute honnêteté) ce que vous buvez chaque jour et les conséquences à long terme de ces habitudes.
L’eau
« Qui sait déguster ne boit plus jamais de vin, mais goûte des secrets. »
Salvador Dalí
Buvez-vous assez d’eau ? L’eau est la boisson la plus saine et la plus naturelle sur terre. C’est, après l’air, un élément vital. Aucun nectar, même le plus luxueux, n’égale sa valeur. C’est elle et elle seule que nous devrions boire quand nous avons soif.
Tout le reste (thé, sodas, alcools…) devrait être réservé soit au plaisir, soit à la détente, soit à la concentration. L’eau est la base de la santé, encore plus que les aliments. Un masseur japonais expliquait que si les jambes sont lourdes, c’est qu’on ne boit pas assez d’eau, laquelle chasse les toxines qui s’accumulent dans la partie inférieure du corps. Il insistait sur le fait qu’il faut boire un trentième de son poids d’eau par jour. Le thé, le café contiennent de la caféine et, contrairement à ce que l’on pense, ces substances utilisent l’eau du corps, le desséchant. Lorsque vous buvez de l’alcool, du café, du thé, assurez-vous de boire aussi au moins la même quantité d’eau. Si l’eau gazeuse est votre péché mignon, essayez ce secret : coupez-la, à part égale, avec de l’eau plate.
Quitte à consommer de l’alcool, choisissez le meilleur
« Seul à boire, sans un compagnon.
Levant ma coupe, je salue la lune :
Avec mon ombre, nous sommes trois.
La lune pourtant ne sait pas boire.
C’est en vain que l’ombre me suit.
Honorons cependant ombre et lune :
La vraie joie ne dure qu’un printemps !
Je chante et la lune musarde,
Je danse, et mon ombre s’ébat.
Éveillés, nous jouissons l’un de l’autre ;
Et ivres, chacun va son chemin… »
Boire avec esprit, c’est, dit-on, la médecine de l’âme. Un excellent vin apporte un raffinement et un luxe aux antipodes du grignotage irréfléchi et irrespectueux de la nourriture. L’alcool nous offre un peu d’espace pour la détente, le plaisir de vivre. Mais pour cela, il faut le consommer avec parcimonie. Savoir savourer l’onctuosité d’un egg-nog (grog au lait mousseux) en hiver est un art. Tout comme siroter pendant des heures le fond d’un verre de vieux scotch écossais.
Le champagne
« Quand boire du champagne ?
— J’en bois lorsque je suis joyeuse, et lorsque je suis triste. Parfois j’en prends quand je suis seule. Quand j’ai de la compagnie, je le considère comme obligatoire. Je m’amuse avec quand je n’ai pas d’appétit, et j’en bois lorsque j’ai faim. Autrement, je n’en prends jamais – à moins que je n’aie soif. »
Lily Bollinger
Boire du champagne, disait dom Pérignon, c’est boire des étoiles. Le champagne est la boisson des rois, le vin de l’amour et de la fête. Le champagne, c’est un état d’esprit. Antidépresseur, riche en lithium, il régule l’humeur. C’est le meilleur des vins pour la santé. Il ne va pas jusqu’à guérir des dépressions nerveuses, mais il améliore l’humeur. Quand on le boit, on se sent soi-même pétillant et, pour cela, un verre suffit. Le champagne améliore la digestion (notamment celle des graisses) et chasse les ballonnements. C’est la boisson idéale pour alléger un repas lourd. Il est diurétique et aide à éliminer les excès ; riche en sels minéraux et en soufre, il possède des propriétés dépuratives, détoxifiantes et anti-inflammatoires. Il est bon contre les rhumatismes, les rhumes et les allergies. En faire une cure pendant un mois (pendant des vacances, par exemple) et ce, avec une flûte par repas, ne revient pas plus cher que de boire toutes sortes d’autres alcools sans restriction.
L’atmosphère qu’il engendre et qu’aucun autre vin n’égale est un esprit de célébration et de joie. Le plaisir des yeux qu’il procure empêche de le boire trop vite. Pas de « gueule de bois » le lendemain. Avec le champagne, on « fête » la vie. Marlene Dietrich disait qu’il transforme tous les jours en dimanches. Qui saurait mieux dire !
Consommer peu d’alcool : un adorable carafon
« La recette d’une vie heureuse ? Des bains chauds, un vieux brandy, du champagne et des petits pois frais. »
Winston Churchill
L’alcool déshydrate les principaux organes et rend la peau moins élastique (rides, vieillissement…). Le visage se dessèche, les pores de la peau se dilatent. De plus, il est très riche en calories et incite à grignoter d’autres aliments non seulement superflus mais néfastes à la santé (biscuits sucrés ou salés, cacahuètes…)
Pour boire peu d’alcool lorsque vous êtes en société, contentez-vous de tremper vos lèvres dans votre verre. S’il reste plein, personne ne s’empressera de le remplir à nouveau. Et lorsque vous êtes chez vous, vous pouvez suivre l’exemple de ces vieux Japonais qui possèdent leur petit carafon personnel qu’ils emplissent une fois seulement, avant ou après le dîner. Celui-ci clôt leur journée et les délasse. Il représente pour eux un moment de pur plaisir. Une bouteille de vin n’est ni esthétique ni pratique, et elle n’incite pas à la sobriété. En revanche, un carafon est aussi plaisant à regarder qu’à prendre en main. Au pire, transvasez la moitié du litre de vin que vous venez d’ouvrir dans une de ces petites bouteille d’un demi-litre que l’on trouve dans les commerces et gardez le reste pour le lendemain. Ainsi, vous n’aurez bu que 35 cl dans votre soirée.
Boire du thé pour concentrer son esprit
« Je vois toute la nature représentée dans cette couleur verte. En fermant les yeux, je trouve des montagnes verdoyantes et de l’eau pure à l’intérieur de mon cœur. Dans ce silence, assis seul, buvant ce thé, je sens que cela devient une partie de moi. En partageant ce thé avec d’autres, eux aussi ne font plus qu’un avec lui et la nature. »
Soshitsu XV, grand maître du thé de l’école Urasenke
Une bonne tasse de thé, après ou entre les repas, non seulement représente une pause dans le rythme des activités, mais stimule le système immunitaire, favorise la digestion et met de bonne humeur. La saveur du thé vert, un de mes préférés, est si intensément pure, limpide et vivifiante qu’elle éveille en moi toutes sortes d’émotions : paix, sérénité, jeunesse, joie de vivre. Le moine zen Eisei disait que le thé vert est le médicament le plus puissant pour préserver la santé et le secret d’une longue vie. Le thé nettoie le sang, prévient le cancer (inexistant jusqu’à récemment dans les régions cultivant le thé au Japon), diminue le taux de cholestérol, fait baisser la tension artérielle, combat le diabète, retarde la maladie d’Alzheimer et serait efficace contre les allergies.
Et puis il a toujours été, de tout temps, la boisson des bonzes et des poètes.
Bien que de plus en plus populaire, le thé est une boisson encore mal connue en Occident. Il est bien plus que ces feuilles concassées et fermentées à 100 % que sont le thé rouge – le thé anglais. En Orient, le thé est le plus souvent consommé non fermenté, vert, comme c’est le cas au Japon, ou fermenté à 30, 40 % – un tiers de la feuille de thé est verte et le reste, sur le pourtour, est brune), ce que l’on appelle le thé oolong (Chine). Ces thés sont excellents pour la santé car leurs feuilles contiennent beaucoup de propriétés qui disparaissent lors d’une fermentation complète (vitamine C, zinc, magnésium…). De plus, leur goût est si varié selon les saisons, les qualités, les variétés, qu’on les déguste non seulement pour la santé mais comme des vins rares. À la santé se combinent le plaisir et tout un art de vivre.
Le choix d’un thé dépend bien entendu de l’aliment qu’il accompagne ou qu’il ne doit pas, justement, accompagner – comme un oolong très fin que toute trace de goût d’aliment en bouche gâcherait ! –, les amateurs se rincent soigneusement la bouche avant d’en boire une gorgée.
Un thé oolong est cependant parfait avec de la nourriture grasse. Un thé vert avec des sucreries – son amertume équilibre le sucré.
Un bon thé indien bouillant, enrichi de lait et d’épices, réchauffe et réconforte. Un lapsang souchong prépare aux rudesses du froid.
Un thé au jasmin est le meilleur compagnon des heures réservées à la lecture.
Les seuls thés qui n’en sont pas sont tous ces thés parfumés à la pomme, à la rose, à la cannelle, etc. Un vrai thé est un thé qui possède son propre parfum. Un parfum, un goût et des effets parfois même aussi enivrants que certains produits illicites ! D’où, comme pour tout, la retenue d’en consommer à outrance…