Le prolongement naturel de cette éducation eût été, comme cela avait été le cas avec son frère aîné Joe, d’entrer à Harvard. Jack Kennedy y demande effectivement son admission, même si ses notes ne sont pas exactement brillantes : il termine son parcours à Choate avec une moyenne générale de 68/100 et se classe 65e sur 110 diplômés cette année-là1. Après qu’il a été admis, une fois de plus malgré la présence dans le dossier de lettres de son père ou d’un des amis de ce dernier qui parlent de dilettantisme ou de sa difficulté à obtenir de bons résultats dans les matières pour lesquelles il ne se passionne pas, Jack Kennedy écrit au doyen de Harvard pour solliciter de reporter d’un an son admission à Harvard afin de lui permettre d’aller faire un an d’études à la London School of Economics sous la direction du grand philosophe et politologue Harold Laski. Là encore, on touche à un de ces innombrables paradoxes que l’on trouve dans les relations à l’intérieur du clan Kennedy : bien qu’il ait souffert de l’ombre portée de son frère Joe à Choate, il marche à nouveau dans ses traces, Joe ayant passé l’année 1933-1934 à la London School of Economics ; de même, le père des frères Kennedy, Joseph Sr, écrit à un de ses amis en 1948 pour lui expliquer que son troisième fils, Robert, ne fera finalement pas son droit à Yale, qui serait beaucoup trop à gauche, et l’envoie finalement à l’université de Virginie, beaucoup plus conservatrice. Quelques années plus tôt, pourtant, Joseph Kennedy père n’hésite pas à confier ses deux aînés à un penseur engagé au côté du Parti travailliste britannique qui, lors de sa présence aux États-Unis, a pris fait et cause pour les demandes de la classe ouvrière américaine, a milité avec les Socialistes américains et a fréquenté tous les intellectuels progressistes engagés de la période. Mais on retient surtout de cette décision de Jack Kennedy de repousser son entrée à Harvard d’un an qu’elle semble être pratiquement un ordre donné par son père. Dans la lettre qu’il écrit au doyen de Harvard pour solliciter ce report, Jack Kennedy écrit :
Mon père a estimé qu’une année à l’étranger pour étudier à la London School of Economics… me serait à titre personnel et pour mon parcours universitaire d’un grand bénéfice2.
Il lui faudra donc attendre un an avant de pouvoir entrer à Harvard et de réaliser l’ambition décrite dans sa lettre de motivation de faire ses études « dans la même université que son père ».
Suit alors une année trouble pour Jack Kennedy car il doit au bout d’un mois interrompre son séjour à Londres et rentrer aux États-Unis en raison de graves problèmes de santé. Une fois remis, il n’entre pas à Harvard, pas plus qu’il ne retourne à Londres mais s’inscrit à Princeton pour y retrouver Lem Billings et d’autres amis et en quelque sorte marquer son indépendance. Pour autant cela ne dure que quelques semaines à l’automne 1935 car, repris par la maladie, Jack Kennedy doit passer deux mois à l’hôpital à Boston avant d’entamer une convalescence dans un ranch de l’Arizona, où son frère Joe le rejoint à la fin du printemps 1936. C’est dans la vie de Jack Kennedy sa seule incursion en dehors de la politique et du journalisme puisque, pendant ces quelques mois dans le climat sec du Sud-Ouest américain, c’est plutôt une vie de cow-boy que mène le futur président des États-Unis.
L’ordre naturel de la carrière de Jack Kennedy reprend son cours à la rentrée universitaire de 1936 lorsqu’il entre en première année à Harvard. Une fois de plus il y retrouve son frère Joe qui le précède de deux ans ; une fois encore, une de ses préoccupations premières sera de tenter de se faire un prénom entre un père dont la carrière politique au côté du président Roosevelt est florissante et un frère qui est l’archétype du diplômé de Harvard avec un bel équilibre entre parcours académique, excellence dans plusieurs sports, dont évidemment le football américain, et intégration dans les clubs les plus exclusifs et prestigieux de l’université. Il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’un autre moment où Jack Kennedy doit jouer sur ses qualités intrinsèques et spécifiques, dont l’humour et l’irrévérence, un certain anticonformisme aussi qu’il doit tempérer pour préserver son intégration et donc retirer de ses années à Harvard tous les bénéfices que l’on peut en attendre, bénéfices qui se situent tout autant dans l’acquisition d’une formation de haut niveau dans ce que les Américains appellent les « liberal arts » que dans la constitution d’un réseau sur lequel on pourra compter tout au long de sa carrière, quelle qu’en soit la nature, en politique ou dans le monde des affaires.
Au-delà du gain progressif d’une certaine autonomie, au moins intellectuelle, par rapport au milieu familial, les deux premières années de Jack Kennedy à Harvard sont aussi marquées par la longue tournée en Europe qu’il entreprend avec son ami Lem Billings à l’été 1937. Ses carnets de voyage, qui sont disponibles pour les chercheurs dans les archives de la bibliothèque Kennedy, racontent l’étrange périple de jeunes hommes fortunés dans l’Europe de la montée des périls et de la guerre civile en Espagne, avec un mélange de considérations sur les Français, les Italiens, les Espagnols ou les Allemands, de commentaires amers sur l’hygiène et la rapacité de tel ou tel peuple, de réflexions géopolitiques sur la probabilité d’une deuxième guerre mondiale et de transcriptions partielles d’interviews d’hommes ou de femmes de la rue. Lem Billings et Jack Kennedy sollicitent souvent leurs interlocuteurs sur l’opinion qu’ils ont des Américains (s’entendant répondre à Amboise que Franklin Roosevelt était « le meilleur des dictateurs ») et s’étonnent de la pauvreté de la campagne française et de l’Europe en général :
Les Américains ne se rendent pas compte de leur chance. Ces gens (les Français) se satisfont de peu et ils ne possèdent en réalité que très peu de choses. Pays très conservateur, tout au moins à l’extérieur de Paris3.
Ce journal de bord ou carnet de voyage se conclut par une série intéressante de questions que Jack Kennedy semble se poser à lui-même sur l’avenir de l’Europe et des démocraties libérales face à la montée des régimes autoritaires, sur la probabilité d’une guerre sur le Vieux Continent, ou encore sur le fait de savoir si le fascisme serait possible dans un pays qui présenterait la même répartition de la richesse que les États-Unis.
On peut parler d’un premier grand tournant dans la vie de Jack Kennedy car, malgré le caractère ludique de certaines de ses occupations pendant ce voyage, le futur président des États-Unis découvre là pleinement les complexités d’un continent en plein tourment et surtout semble intégrer dans sa réflexion le poids des déterminismes économiques. Il prend aussi conscience du rôle que les États-Unis peuvent jouer en Europe à un moment où l’opinion publique américaine est elle presque exclusivement tournée vers l’intérieur. On le sait en effet, même si les mesures prises par Franklin Delano Roosevelt lors de son premier mandat présidentiel (1933-1937) ont commencé à porter leurs fruits, l’économie américaine est très loin d’être stabilisée en 1937. Ce voyage est aussi d’une importance capitale pour comprendre l’approche que Jack Kennedy aura de la politique étrangère, d’abord au Congrès, puis en tant que président des États-Unis, puisqu’il constitue la première étape d’une entrée accélérée et violente dans la maturité autour de la Seconde Guerre mondiale.
En effet, en l’espace de huit ans, Jack Kennedy aura passé plusieurs mois en Europe, y retournant d’abord pour des vacances en 1938, puis pour une longue période en 1939, quasiment à la veille de l’invasion de la Pologne et enfin à la fin de la guerre en 1945. Sa vision du Vieux Continent s’affine progressivement au gré de lectures à Harvard et de rencontres avec tous les gens qui comptent dans les capitales européennes. En effet, lorsqu’il entreprend son deuxième périple au printemps et à l’été 1939, son statut a changé : il n’est pas simplement un jeune héritier fortuné qui a obtenu de Harvard un semestre de pause pour voyager lors de sa troisième année ; son père Joe a été nommé ambassadeur des États-Unis à Londres par le président Roosevelt en décembre 1937 et a rallié la capitale anglaise au début mars 1938. Lorsque son fils le rejoint, au printemps 1939, il devient d’abord de fait un membre de la haute société londonienne, mais surtout il acquiert un accès à tout le personnel diplomatique des États-Unis à travers l’Europe, aux ambassades et à leurs réseaux dans les cercles de pouvoir et dans la presse, des avantages qui ne peuvent évidemment s’acheter. C’est aussi un jeune homme de vingt et un ans qui a, pendant le premier semestre de l’année 1938-1939, augmenté sa charge de cours et nettement amélioré ses notes. C’est enfin un étudiant qui a la chance extraordinaire de confronter ses lectures à une conduite de la diplomatie, d’articuler l’étude de l’histoire avec la pratique de l’État. Et cette grande leçon de travaux pratiques que constitue ces séjours en Europe à l’aube de la guerre se fait sous un double parrainage intellectuel : d’un côté, Jack Kennedy admire Winston Churchill, lit ses œuvres, en particulier son essai de 1938, While England Slept, qui est un réquisitoire contre la politique d’apaisement du Premier ministre Chamberlain et comprend très vite la nature profondément menaçante du régime nazi en Allemagne ; de l’autre, il doit ses privilèges, sa richesse et sa fréquentation des grands noms de la diplomatie américaine, qui sont à l’époque pour beaucoup en poste en Europe4, à un père dont les positions jusqu’au déclenchement de la guerre sont très fortement en faveur de l’apaisement, allant même jusqu’à rencontrer l’ambassadeur d’Allemagne à Londres et à maintenir, selon l’historien Seymour Hersh, des liens troubles avec certains industriels américains germanophiles.
Pour Joseph Kennedy, le mandat d’ambassadeur des États-Unis à Londres est un cheminement apparemment inéluctable vers des positions de plus en plus isolationnistes que ses biographes attribuent souvent au fait qu’il a alors trois fils, dont deux sont en âge de se battre (Joseph Jr et Jack), et le troisième sur le point d’atteindre l’âge adulte (Robert qui était né en 1925). Mais, plus profondément, Joseph Kennedy porte sur les démocraties occidentales ce regard désabusé que possèdent certains Américains de cette génération et des suivantes sur une Europe décadente et à bout de souffle qui ne saurait faire face à l’énergie primitive du régime nazi qu’il vaut donc mieux apaiser. De fait, c’est ce scepticisme affirmé face aux démocraties libérales qui lui vaudra de devoir écourter son séjour à Londres après avoir été contraint de démissionner de son poste avant que d’être rappelé à Washington en novembre 1940. Le père du futur président des États-Unis s’est répandu dans la presse américaine et britannique sur le fait que la démocratie n’existait plus au Royaume-Uni et qu’il ne s’agissait donc plus de lutter pour des valeurs mais simplement de survie5. Les relations entre Washington et son ambassadeur étaient devenues tellement tendues que pendant l’année 1940 le président Roosevelt envoie plusieurs missions à Londres sans passer par le canal diplomatique officiel.
Tout cela se déroule aussi à une époque où se pose aux États-Unis un problème institutionnel d’importance : une première fois élu en 1932, réélu en 1936, l’architecte du New Deal doit, s’il décide de se représenter pour un troisième mandat, enfreindre cette règle non écrite que le président Washington avait posée lorsqu’il avait quitté le pouvoir au bout de deux mandats et que chacun de ses successeurs avait observée depuis, selon laquelle, pour éviter la tyrannie et préserver le gouvernement des lois contre le gouvernement des hommes, le chef de l’exécutif américain devait se limiter à deux mandats. Bien que fervent défenseur du New Deal, y compris contre ses critiques à l’intérieur même du Parti démocrate, Joseph Kennedy était totalement opposé à l’idée d’un troisième mandat. Les raisons étaient facilement identifiables : quand bien même Franklin Roosevelt avait à de nombreuses reprises déclaré qu’il ne préparait pas l’entrée des États-Unis dans la guerre, sa politique d’échange de vieux destroyers contre l’accès des États-Unis à des bases militaires, sa rhétorique et surtout sa proximité immédiate avec Winston Churchill dont l’ambassadeur des États-Unis à Londres avait été un témoin privilégié indiquaient que l’entrée en guerre des États-Unis n’était qu’une question de mois et de préparation militaire.
De plus, pendant ces années 1939-1940 qui voient les ambitions présidentielles personnelles de Joseph Kennedy rapidement décliner avant qu’il ne se rende à l’évidence de ses limites et ne reporte ses rêves sur ses fils, le chef de clan tente de préserver son rôle central à l’intérieur d’un Parti démocrate qu’il finance généreusement, dans lequel il défend des idées qui restent populaires et dont il maîtrise un certain nombre de réseaux importants au niveau fédéral ou local. L’environnement familial, politique et intellectuel de Jack Kennedy dans ce qui sont ses deux dernières années à Harvard est donc caractérisé par une réflexion sur la nature et l’avenir des démocraties libérales, sur le fonctionnement du pouvoir politique américain avec une pratique institutionnelle révolutionnée par Franklin Roosevelt, et enfin sur les responsabilités des hommes politiques européens et américains dans la montée des périls et l’incapacité à empêcher la guerre.
On trouve là l’arrière-plan d’un mémoire de fin d’études qui est sans aucun doute le travail universitaire de ce niveau qui a connu la plus grande diffusion et célébrité possibles ou imaginables. Lorsque Jack Kennedy entame sa quatrième année à Harvard, la guerre vient d’éclater. D’ailleurs, le jeune étudiant est encore à Londres au début du mois de septembre 1939 et assiste à la Chambre des communes aux débats sur l’entrée en guerre. Il choisit comme thème la question de l’apaisement à Munich et lorsque, avec l’aide de son père et de ses contacts dans le milieu de l’édition, le mémoire sera publié à titre commercial, le titre deviendra Why England Slept, une référence explicite à l’ouvrage de Winston Churchill sur le même sujet.
Ce premier travail de recherche d’un étudiant de vingt-trois ans est passionnant pour de nombreuses raisons6. D’abord il interpelle le biographe lui-même qui est nécessairement partagé entre la tentation de lire dans ces cent quarante-huit pages de texte un premier brouillon de la politique étrangère et de la vision du monde du futur président et le recul critique face à une lecture déterministe et mécanique. Ensuite, il étonne par le ton, surtout si on lit ces pages comme ce qu’elles devraient être mais ne sont pas, à savoir un travail universitaire de recherche. En effet, malgré une abondante bibliographie et une tentative évidente de construire un cadre conceptuel de réflexion autour du lien entre les idéologies, les régimes et les formes de l’État, ce mémoire est très peu universitaire et se lit plutôt comme une forme de pamphlet journalistique ou de mémorandum qui se conclut par des recommandations pratiques sur la conduite de la politique étrangère des États-Unis fondées sur l’expérience de la confrontation de la Grande-Bretagne à sa pratique diplomatique à Munich. D’ailleurs, il n’obtient pas pour son mémoire la mention la plus élevée qui aurait été summa cum laude mais doit se contenter d’un magna cum laude qui est accompagné d’un commentaire sibyllin mais explicite : « Mal écrit ; mais une analyse laborieuse, intéressante et intelligente d’une question difficile. » Le « je » pointe souvent dans le texte, puis laisse la place dans la conclusion à un « nous » qui incarne clairement le peuple américain.
Ce texte pourrait aussi être vu comme un exercice d’une extraordinaire prétention intellectuelle. En effet, après que celui qui est depuis mai 1940 le Premier ministre anglais a rassemblé ses discours arguant pour le réarmement dans un ouvrage déjà cité, While England Slept, comment ne pas s’étonner qu’un étudiant de licence, même fils d’ambassadeur, puisse s’attaquer sur un mode autre que strictement historique et analytique — ce que le texte n’est pas — au même sujet et en tire ce que l’on qualifie aujourd’hui d’analyse finalisée7, a fortiori alors qu’il est totalement impossible de connaître l’issue du conflit8 ? Les biographes de Jack Kennedy se régalent évidemment aussi tous de ce texte pour sa valeur œdipale : faut-il y lire une défense et illustration des positions d’un père « munichois » et isolationniste, une subtile prise de distance, un acte d’affranchissement intellectuel ? Une chose est certaine, la thèse de ce mémoire, qui avance que le réarmement anglais a tardé non pas tant à cause des choix politiques des Premiers ministres anglais mais plutôt en raison des désavantages structurels des démocraties libérales face aux systèmes autoritaires qui n’ont pas à tenir compte des aspirations et des exigences du peuple dans la définition de leurs politiques ou de leur diplomatie, détourne délicatement l’attention des positions controversées d’un ambassadeur qui était un fervent soutien de Neville Chamberlain et de l’apaisement. Un autre élément est fort important : la transformation du mémoire en un livre publié par l’éditeur Wilfred Funk, qui sera vendu aux États-Unis et au Royaume-Uni, est une entreprise commune entre père et fils que le premier orchestre savamment, jouant véritablement le rôle d’agent auprès de son fils et le conseillant sur la manière de le publiciser au mieux dans ce qui est à la fois une savante exploitation commerciale de l’intérêt que peut susciter un tel ouvrage dans le contexte de la guerre et une forme d’autojustification d’un père qui voit dans cet essai un avertissement aux Américains sur les dangers de la guerre.
Dans une lettre adressée à son fils depuis Londres le 10 septembre 1940, Joseph Kennedy commence par conseiller à son fils de ne pas publier d’autres textes sur le même sujet sous forme par exemple d’articles dans la presse pour qu’il ne s’expose pas à la critique alors que le jugement sur son ouvrage est généralement très positif, puis il joint des coupures de presse, l’informe qu’il a suscité d’autres articles sur le livre en fournissant aux auteurs des photos de Jack ; il continue en relatant à son fils une conversation de dîner qu’il a eue avec la duchesse de Kent, qui s’étonnait qu’un homme aussi jeune puisse rédiger un tel ouvrage et visiblement jubile en retranscrivant pour Jack sa réponse — ses fils sont très précoces —, pour conclure qu’elle le prendra comme elle voudra. Puis Joseph Kennedy fait à son fils une description de ce qu’est Londres dans les premiers jours du Blitz tout en questionnant ouvertement le désir véritable des Allemands de livrer une guerre totale à l’Angleterre et en s’interrogeant sur les effets de la censure de la presse sur la réalité de la situation militaire. En même temps, il suggère que tous ses enfants s’échangent régulièrement des lettres sur la guerre pour mieux en saisir la complexité. La lettre se termine sur une forme de plaidoyer pro domo dans lequel l’ambassadeur s’emporte contre les « nains intellectuels » aux États-Unis qui critiquent sa volonté d’apaisement : « Que cette guerre peut-elle bien prouver ? Que fera-t-elle à la civilisation ? La réponse à la première question est rien. Et je frémis à la seule pensée de la seconde9. » Si cette lettre est si intéressante, c’est d’abord qu’elle montre à quel point il existe dans l’esprit du père de famille une forme d’entreprise Kennedy qui œuvrerait simultanément pour la promotion du clan et celle du bien public au sens national et international du terme. Elle montre aussi, comme nombre d’autres courriers du père à ses enfants, beaucoup de tendresse, d’affection et d’attention avec toujours l’idée d’observer le monde pour mieux s’éduquer.
1. Son bulletin de notes final ainsi que tout son dossier d’admission à Harvard sont consultables sur le site des archives de la bibliothèque Kennedy : http://www.jfklibrary.org/Asset-Viewer/Archives/JFKPP-002-002.aspx
2. Ibid.
3. Archives de la bibliothèque Kennedy : http://www.jfklibrary.org/Asset-Viewer/Archives/JFKPP-001-012.aspx
4. Robert Dallek, dans son récit du voyage en Europe de Jack Kennedy en 1939, cite deux noms d’importance : d’abord celui de Charles Bohlen, qui est à l’époque en poste à Moscou comme deuxième secrétaire. Il deviendra l’ambassadeur des États-Unis à Moscou entre 1953 et 1957 et plus tard ambassadeur à Paris. Soviétologue de renom, il était l’interprète de Franklin Roosevelt à la conférence de Yalta en 1945. À Prague pendant l’été 1939, Kennedy rencontre aussi George Kennan, qui allait devenir un des architectes de la politique de « l’endiguement » sous Harry Truman, et qui est lui aussi un spécialiste reconnu de l’Union soviétique où il fut ambassadeur brièvement en 1952. Pendant l’administration Kennedy, il servit comme ambassadeur en Yougoslavie.
5. Le texte intégral d’un entretien avec le Boston Sunday Globe et le Saint Louis Post Dispatch le 10 novembre 1940 est disponible sur le site de la radio publique américaine, PBS : http://www.pbs.org/wgbh/americanexperience/features/primary-resources/kennedys-democracy-finished/
6. L’ensemble du texte dactylographié est disponible sur le site de la bibliothèque Kennedy dans plusieurs versions : http://www.jfklibrary.org/Asset-Viewer/Archives/JFKPP-026-004.aspx
7. Il s’agit pour les universitaires qui interviennent auprès de l’État de proposer une analyse des situations politiques, économiques, militaires, géostratégiques en proposant des recommandations pratiques sur les politiques à mener. On articule ici la connaissance d’un milieu avec l’action de l’État.
8. Il y a d’ailleurs dans le texte de Jack Kennedy de nombreuses références à l’éventualité d’une victoire de l’Allemagne nazie et à la situation qui serait celle des États-Unis dans ce scénario, ce qui laisse deviner qu’une intervention directe des Américains dans le conflit n’est pas l’hypothèse que Jack Kennedy privilégie en 1940.
9. La lettre est disponible sur le site de la bibliothèque Kennedy : http://www.jfklibrary.org/Asset-Viewer/Archives/JFKPP-004-030.aspx