Le vent s’intensifia. Il abattit trois arbres et souffla sur leurs racines béantes. Dans les villes, il arracha des tuiles aux toits et s’engouffra dans des constructions en cours, les détruisant entièrement. Il détacha les dernières feuilles des frondaisons et les précipita sur le sol. Au hasard, il projeta des branches sur des lignes électriques, privant des foyers d’électricité. Il fit tomber un tilleul sur une voiture dont il écrasa le toit, causant la mort instantanée du chauffeur.
Le long de la côte, des mises en garde furent envoyées aux navires. Beaucoup d’entre eux étaient déjà en détresse. Des vagues remontèrent haut dans les lacs intérieurs à présent marron à cause du limon et de la boue soulevés du fond. Une vingtaine de bateaux que leurs propriétaires n’avaient pas rentrés pour l’hiver se détachèrent de leurs pontons et furent brisés sur le rivage. Le vent creusa si profondément que le fond des lacs fut remué et bougé, de grosses pierres déplacées et la disposition du sable modifiée.
C’était une tempête sauvage et violente, aussi dure que le vent glacial charriant un goût amer de sorbier, et elle sévit des jours et des nuits durant.
Au crépuscule du dernier jour, elle remonta à la surface. Pas du tout à l’endroit où elle avait coulé. Elle avait été emportée par les courants vers une tout autre plage. Elle ou, du moins, ce qu’il restait d’elle.
Il n’était plus possible de déterminer que cela avait été une femme.