Chapitre 63

Cinq mois plus tard

La brève dans le journal fut publiée le jour où Ariadne célébrait l’ouverture de son hôtel. L’article était sur la gauche, presque au bas de la page, et c’est par pur hasard que Justine le vit.

« Une disparition vieille de sept ans expliquée

 

Les tests ADN ont confirmé que le corps féminin retrouvé en octobre de l’année dernière près des bains de Lövsta à l’ouest de Stockholm est bien celui de Berit Assarsson de Bromma. Assarsson avait disparu sans explication il y a sept ans après avoir rendu une visite à Hässelby. Le corps avait été découvert par une personne promenant son chien. Il avait été rejeté à terre après le violent orage qui s’était abattu sur nos contrées en octobre. Selon la police, aucun crime ne peut être relié à cette découverte, le plus probable étant qu’il s’agit d’une noyade accidentelle. »

Le journal à la main, elle alla à la fenêtre. Une couche de neige d’une dizaine de centimètres recouvrait le sol, et les arbres se détachaient comme des silhouettes figées par le froid. Sur le Mälar flottaient des plaques de glace à demi gelées, mais, cette année, le lac ne serait pas complètement pris par les glaces. Le mois de mars était déjà bien commencé.

Elle parcourut à nouveau le texte, plus lentement cette fois-ci, comme si elle voulait mémoriser chaque mot.

— Sept ans, chuchota-t-elle. Il s’est vraiment écoulé sept ans ?

Même davantage, une éternité, dans cette pièce précisément, où deux êtres avaient perdu la vie. Sa mère quand son anévrisme s’était rompu ; le bruit sourd lorsque sa tête avait heurté le sol. Justine se retourna et s’imagina à l’âge de quatre ans, la pièce telle une arche autour d’elle, une nef dans laquelle les cris résonnaient.

Puis Berit.

Là, les sons avaient été acérés comme des éclats de verre, emplis de colère et de violence.

— Pardonne-moi, murmura-t-elle. Je suis allée trop loin et je le regrette.

Au même instant, juste devant la fenêtre, un éclair de lumière zébra le ciel d’un gris de plomb.

Elle entendit la voix de Hans Peter dans la cage d’escalier.

— Tu as vu ça ? C’était quoi ce truc ?

— Je ne sais pas, chuchota-t-elle.

— Ça ne peut quand même pas être un orage à cette période de l’année ? D’un autre côté, il se passe tant de choses étranges ces temps-ci. On ne peut plus être sûr de rien.

— Non.

— Il faudrait que nous nous mettions en route si nous ne voulons pas être en retard.

Justine consulta l’horloge. Il était midi moins vingt. La réouverture du Tre Rosor était programmée à quinze heures, et Hans Peter et elle s’étaient engagés à prêter main-forte pour les préparatifs.

— Oui, cria-t-elle. J’arrive.