7. Bouddha assis, date inconnue,
grotte de Mogao 254, Dunhuang, Chine.
Comme pour tout homme célèbre dans sa vie d’adulte, de nombreuses histoires furent racontées sur la naissance miraculeuse, la sagesse et les pouvoirs précoces de Gautama. Ces dernières illustrent l’esprit de l’époque dans laquelle il vivait et grandit. Il est probable que les circonstances de sa naissance ; son statut d’enfant unique né prématurément, suivi par la mort de sa mère ; aient ajouté à cette sensation instinctive d’une naissance différente de celle des hommes ordinaires.
Selon la légende, le nom de Siddhârta, qui lui aurait été donné lorsqu’il était enfant, n’est certainement qu’une invention postérieure, puisqu’il signifie « celui qui a atteint son objectif ». Cependant, les parents du rang de Suddhodana n’ont jamais montré une aversion particulière pour les grands noms, et d’autres Siddhârta sont mentionnés dans de nombreuses histoires de l’époque. Ceci étant dit, son nom de famille devait certainement être Gautama et comme il s’agit du nom couramment utilisé pour faire référence à lui après sa mort, c’est ce nom qui sera utilisé tout au long de ce livre.
Tous les autres noms donnés au fondateur du bouddhisme ne sont pas des noms, mais plutôt des titres. Pour les pieux bouddhistes, il semble irrévérencieux de parler de Gautama en utilisant son nom d’humain, par conséquent, ces nombreux épithètes sont utilisés pour faire référence au Bouddha, l’éveillé. En voici quelques exemples, Sakya-sinha, « le lion de la tribu Sakya », Sakya-muni, « le sage des Sakyas », Sugata, « l’heureux », Sattha, « le professeur », Jina, « le conquérant », Bhagava, « le béni », Loka-natha, « le seigneur du monde », Sarvajna, « l’omniscient », Dharma-raja, « le roi de la vertu », et bien d’autres encore. Ces expressions avaient une réelle signification dans des moments de feu poétique, mais leur utilisation constante parmi les bouddhistes ne sert pas à apporter une vision plus claire mais plutôt à voiler la personnalité de Gautama et à maintenir son aura mystérieuse.
Gautama lui-même fut très tôt considéré comme une personne omnisciente et absolument pure. Sa parfaite sagesse est incarnée dans le titre de Samma-sambouddha, « le Bouddha pur et parfait » trouvé à chaque début de texte pali. À partir de sa parfaite sagesse, selon les croyances bouddhistes, sa pureté ne serait qu’une évidence. De cette supposition, se répandit rapidement l’idée qu’il ne puisse pas être le fruit des hommes ordinaires, qu’il n’avait pas de père terrestre, qu’en réalité il serait descendu lui-même de son trône du ciel directement dans l’utérus de sa mère et qu’il aurait donné, immédiatement après sa naissance, des signes incontestables de son grand caractère et de sa future grandeur. La terre et le ciel s’unirent à sa naissance pour lui rendre hommage, les arbres se penchant au-dessus de sa mère et les anges et les archanges présents pour lui venir en aide. Sa mère était la meilleure et la plus pure des filles nées sur cette terre et son père descendait d’une lignée royale, un prince d’une grande richesse et d’une grande puissance. Ce fut une tâche difficile pour les conteurs de rendre plus grande la renonciation de Gautama et son dédain à enseigner le dharma en comparaison à la splendeur de la position qu’il abandonna et la pauvreté dans laquelle il vécut par la suite.