58. Bouddha assis, date inconnue,
pagode Shwedagon, Yangon, Birmanie.
Ainsi ai-je entendu, une fois le Bienheureux nouvellement éveillé par lui-même, qui demeurait à Uruvela, sur les rives de la rivière Nerañjara, au pied du Banyan des Pasteurs de chèvres. Alors, pendant qu’il était seul et isolé, cet enchaînement de pensées surgit à sa conscience : « Ce Dharma que j’ai obtenu est profond, difficile à voir, difficile à réaliser, paisible, raffiné, hors des limites de la conjoncture, subtil à être connu par le sage. Mais cette génération se complaît dans l’attachement, est excité par l’attachement et se réjouit de l’attachement. Pour une génération qui se complait dans l’attachement, est excitée par l’attachement et se réjouit de l’attachement, cette conditionnalité et cette production sont difficiles à voir. Cet état, aussi, est dur à voir : la résolution de toutes les constructions mentales, l’abandon de toutes acquisitions, la fin de l’envie insatiable, l’impassibilité, la cessation, la Libération. Et si je devais enseigner le Dharma et si d’autres que moi ne comprenaient pas, cela me serait fatigant et me serait gênant. »
Juste alors ces vers, jamais prononcés par le passé, jamais entendus auparavant, vinrent au Bienheureux :
Assez maintenant avec l’enseignement
de ce que
seulement avec difficulté
j’ai atteint.
Ce Dharma n’est pas aisément réalisable
par ceux qui sont submergés
par l’aversion et la passion.
Ce qui est abstrus, subtil,
profond,
difficile à voir,
qui va à contre-courant —
ceux qui se complaisent dans la passion,
enveloppés dans la masse de l’obscurité,
ne pourront le voir.
Ainsi pensait le Bienheureux, son esprit plus enclin à
rester à l’aise, qu’à enseigner le Dharma.