5. Rêves de réincarnation

En avril 1950 mourut de la variole un garçon de dix ans, nommé ) Jain, fils de Bholanath Jain, dans une maison de Kosi Kalan, petite ville de l’Uttar Pradesh, en Inde. Le jour de sa mort, il fit des rêves fébriles. À sa mère, assise à son chevet, il dit par deux fois : «Tu n’es pas ma mère. Je veux aller trouver ma mère!» En prononçant ces mots, il montrait la direction d’un autre ville. En août de l’année suivante, l’épouse de Brijal Vrashnay, à Chhatta, mit au monde un fils qui reçut le nom de Prakash. À l’âge de quatre ans et demi, celui-ci se mit à se lever au milieu de la nuit et à courir vers la rue. Quelqu’un l’arrêta une nuit et lui demanda ce qu’il cherchait si tard dans la rue. Il répondit qu’il s’appelait Nirmal et qu’il voulait rentrer chez lui à Kosi Kalah.

Lorsque Prakash atteignit l’âge de cinq ans, ses souvenirs de l’existence qu’il avait menée sous le nom de Nirmal devinrent étonnamment nets. Sa famille prit diverses mesures pour amener le petit Prakash à ne plus rêver de Nirmal et de Kosi Kalan. Elle l’assit sur un tour de potier et le fit tourner à l’inverse des aiguilles d’une montre, sans doute pour affaiblir sa mémoire. Elle le battit aussi quand il parla de ses rêves. Au bout de quelque temps, Prakash sembla avoir oublié l’existence qu’il avait menée sous le nom de Nirmal ou, du moins, il n’exprima plus ouvertement le désir de retourner à Kosi Kalan.

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Ce rapport est l’un des 600 que le professeur lan Stevenson, chercheur américain de l’université de Charlottes-ville, a réunis et vérifiés sur les phénomènes de réincarnation. Le professeur Stevenson a constaté que les sujets, pour la plupart, oubliaient entre leur cinquième et leur dixième année les souvenirs qu’ils prétendaient avoir d’une vie antérieure. Les rapports qu’il a réunis proviennent de tous les pays du monde.

Le professeur Stevenson a entendu parler de ce cas lors d’un de ses voyages d’étude à travers l’lnde et a fait une enquête. Il a ainsi découvert des concordances étranges entre les cas de Jain à Kosi Kalan et de Prakash à Chhatta.

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Au cours des recherches qu’il a effectuées dans le sud-est de l’Alaska chez les Indiens Tlingit, le professeur Stevenson a étudié le cas du jeune Jimmy Svenson à Sittka. À l’âge de deux ans, Jimmy se mit à parler de John Cisko, le frère de sa mère. Cisko avait vécu dans une petite localité, à Klukwan, qui est éloignée de plusieurs centaines de milles de Sittka. C’était un buveur. On l’avait vu pour la dernière fois deux ans avant la naissance de Jimmy Svenson. Il était monté dans son canot avec deux femmes et avait pris la direction de la haute mer. Quelques heures plus tard, on avait retrouvé le canot sur la côte. L’enquête avait conclu que le canot s’était rempli d’eau avant que ses occupants, vraisemblablement ivres, s’en soient aperçus. Les corps des deux femmes avaient été retrouvés près du canot, mais celui de Cisko n’avait pas été rendu par la mer. Sa soeur avait la conviction que les deux femmes, par jalousie, l’avaient assassiné.

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À sa naissance, Jimmy avait quatre cicatrices de forme ronde sur le bas-ventre. Le professeur Stevenson a examiné Jimmy, qui, dans l’intervalle, avait atteint l’âge de neuf ans. Selon ses résultats : «Les cicatrices ressemblent à des blessures presque guéries qu’auraient causées des projectiles. » à cette époque, Jimmy ne pouvait plus se souvenir d’avoir vécu sous le nom de Cisko.

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«Quand je rêve, je fais des promenades dans de vieilles églises et des châteaux-forts. Dans un monastère, je suis des couloirs dont je sais exactement que je les ai déjà vus dans la vie réelle et que maintenant, je les revois seulement dans mon rêve. Quand je voyage également — cela m’est arrivé par exemple en Italie — , je me trouve soudain devant des villes ou des paysages dont je sais que je les ai déjà vus. je les reconnais tout d’un coup. Il y a quelque temps, je faisais des expériences avec des amis au moyen d’une table astro-alphabétique. j’ai été fort étonné de constater que le résultat, pour moi, a été le nom latin d’un homme qui avait vécu au 15e siècle.»

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Beaucoup de personnes vivent des choses semblables. Il y a deux explications à ce phénomène. L’objectivité commande de les reproduire toutes les deux sans prendre position. Pour certains chercheurs, une seconde naissance (réincarnation) est dans le domaine du possible. Mais il y a aussi une explication physiologique : des faits qui sont enregistrés inconsciemment — peut-être même par le bébé — , des choses vécues ou des noms qui ont laissé une impression particulièrement forte deviennent dans la mémoire des facteurs indélébiles. Il faut aussi tenir compte que les deux yeux de l’homme ne sont pas construits d’une manière rigoureusement identique. L’œil droit, par exemple, peut percevoir une image quelques fractions de seconde plus tôt que le gauche. Il en résulte que le cerveau traite chaque perception séparément. Ainsi, le sujet qui rêve voit effectivement quelque chose qu’il a déjà vu, et croit, non sans étonnement, le vivre une seconde fois. Mais en réalité, il ne l’a vu que quelques fractions de seconde plus tôt, et non au cours d’une vie antérieure. Il est difficile de classer dans l’une ou l’autre de ces catégories les rêves de Paul S., 43 ans.