«J’étais au zoo, il neigeait. Tout était blanc. Même les ours blancs avaient froid. Alors, une grosse bête est arrivée, je ne l’avais jamais vue auparavant. Elle avait un aspect effrayant, avec une queue très longue et un couteau d’une longueur gigantesque dans la patte. J’ai eu très peur, mais j’étais seul et personne ne pouvait entendre mes cris. La méchante bête s’est approchée de moi, il m’était impossible de m’échapper. Maintenant, je n’ai plus peur parce que je me réveille toujours avant que la méchante bête puisse me couper quelque chose.»
Ce sont surtout les garçons de cinq à sept ans qui ont des rêves dans lesquels on coupe. Ces rêves sont l’expression de la peur d’être châtré. On remarque, à cet âge, un phénomène parallèle à l’état éveillé : les enfants n’aiment pas qu’on leur coupe les cheveux, les ongles des doigts et des orteils. Visiblement, Norbert W., sept ans, a rapidement surmonté cette phase, et cela par ses propres moyens. Il s’est rendu compte que dans ce rêve, qui revenait toujours, il était menacé par le monstre, mais que, comme il se réveillait au bon moment, il n’était jamais blessé par lui. Un an plus tôt, les choses se passaient d’une manière bien différente : pendant la nuit, sa mère l’entendit pousser des cris et accourut à son chevet. Quand elle alluma la lumière, elle découvrit le garçonnet terrifié dans un coin de sa chambre. Il criait : «Ne coupe pas! Ne coupe pas !» En même temps, il secouait la tête et de grosses larmes coulaient sur ses joues. Il fallut un bon quart d’heure à la mère pour le calmer et obtenir qu’il se rendorme.
Il n’a pas été difficile de déterminer ce qui suscitait chez Norbert la peur d’être châtré. Ses parents ne s’entendaient pas. Son père avait une amie; souvent, il passait la nuit hors de chez lui. Sa mère se refusait au divorce. À diverses reprises, il y eut des discussions violentes en présence du garçonnet. Inconsciemment, la mère de Norbert, insatisfaite et blessée dans ses sentiments féminins, se vengeait en jouant devant son mari une entente affectueuse
Quand le bois du lit se transforme en guillotine
Cette représentation du Français Alfred Maury est celle d’un rêve terrifiant. Maury a rêvé qu’il était une des victimes de la Révolution et qu’on l’envoyait à la guillotine. Il a même senti le couperet tomber sur sa nuque. Réveillé, il a constaté qu’un élément du bois de lit s’était détaché et lui était tombé sur la nuque. Du coup sur la nuque à la vision, il n’a pu se passer que quelques fractions de seconde. Cette vision, répétée diversement, a servi à mesurer la durée dans les rêves.
avec son fils, qu’elle serrait dans ses bras, et qu’elle couvrait de baisers. Quand son mari était à la maison, elle trouvait une occasion de sortir nue de la salle de bains et de traverser ainsi la salle de séjour, tandis que Norbert, étonné, restait assis auprès de son père qui avait l’air de s’ennuyer. Grâce à sa nature robuste, Norbert s’est libéré lui-même de son rêve. Mais il pourrait en résulter une névrose, si sa situation familiale n’était pas éclaircie bientôt.
«Il y avait une fois un prince merveilleusement beau. Il habitait un grand château et avait beaucoup d’argent. Mais le jeune prince était très malheureux, parce qu’il n’avait pas de princesse. Alors, il a fait venir une sorcière qu’il a chargée de lui procurer une belle princesse. Seulement, la méchante sorcière s’est transformée en une grenouille parce qu’elle enviait la beauté du prince. La grenouille a pris une paire de grands ciseaux et a coupé le prince à la jambe. Le prince a perdu beaucoup de sang. Le prince a été métamorphosé ainsi en un vieux soulier. je l’ai beaucoup regretté parce qu’il était si beau et que désormais, il ne pourrait plus chercher de princesse. Ensuite, je me suis réveillée, j’étais très triste.»
Le rêve de Barbara K., cinq ans, montre que les fillettes aussi peuvent faire des rêves dans lesquels on coupe. Son rêve se situe entièrement dans l’univers enfantin des contes et rappelle le conte du roi qui avait été changé en grenouille. L’enfant sait que l’homme et la femme forment un couple, comme ses parents qui, visiblement, s’entendent bien. Il est logique que le jeune prince se mette en quête d’une belle princesse pour former un couple; Barbara aime elle aussi son ours en peluche. Le désir de cet élément féminin chez le prince est une source de danger du fait de la méchante sorcière. La virilité du prince s’en trouve menacée. La sorcière se métamorphose en une grenouille (symbole féminin) et blesse le prince à la jambe avec ses ciseaux. Le prince tombe ainsi sous l’effet d’un charme et se change en un soulier. La blessure lui a fait perdre ses qualités masculines, car le soulier, depuis Freud, est considéré dans l’interprétation des rêves comme un symbole du sexe féminin.