«Des planètes filaient d’un trait à côté du soleil. Elles étaient reliées au soleil par de minces rubans et décrivaient des cercles autour du soleil, sur lequel j’étais assis. Ce soleil était entouré d’un gaz brûlant. Mais soudain, ce gaz s’est solidifié. Le soleil et les planètes sont devenus des corps que je pouvais toucher. Alors, je me suis réveillé.»
Le professeur Niels Bohr, que ses recherches atomiques ont rendu célèbre, a fait ce rêve à l’époque où il étudiait la structure de l’atome. Il ne parvenait pas à résoudre le problème à l’état éveillé. Finalement, la structure des atomes lui est apparue en rêve. La description qu’il a donnée de leur structure se trouve aujourd’hui encore dans chaque manuel de physique. Le professeur Bohr a commenté son rêve dans les termes suivants : «Lorsque j’ai exposé aux savants du monde entier ma découverte relative à la structure de l’atome, il m’a suffi de raconter chaque fois mon rêve. Le soleil et les planètes étaient le noyau et les électrons de l’atome. La conception est aujourd’hui courante. Mais à cette époque, je n’ai su tout cela qu’après l’avoir rêvé.»
Le rêve authentique de l’inventeur se distingue de la chimère d’un esprit extravagant par ceci qu’il révèle le dernier détail, la finesse technique qui avaient jusqu’alors échappé à la conscience de l’inventeur. Le mathématicien grec Archimède (vers 250 avant notre ère) a rêvé en plein jour, vers midi, cette fameuse loi d’équilibre du levier qui a rendu son nom célèbre pendant des millénaires. On raconte qu’après avoir fait ce rêve, il s’est levé et a dit : «Donnez-moi un point d’appui et je soulèverai le monde.»
Lorsque James Watt travaillait à sa machine à vapeur sans trouver la solution, il fit en 1764 un rêve qui lui indiqua comment il devait s’y prendre. Gauss, le calculateur le plus remarquable de tous les temps, a trouvé en rêve ses solutions avec la même perfection que Rutherford, en 1919, la première désintégration de l’atome; c’est à partir des visions de ses rêves qu’il a réalisé la première fission de l’atome.
Lorsque le père G. Mendel, il y a maintenant près de cent ans, a développé sa théorie, encore valable aujourd’ hui, sur l’hérédité, l’idée décisive lui est venue après avoir vu en rêve un champ de trèfle fleurissant dans de multiples couleurs et avoir classé en groupes les diverses fleurs. Il avait réfléchi pendant des années sans trouver la solution, tout comme le professeur Sauerbruch, qui, lui aussi, a trouvé en rêve la solution du pneumothorax et de la chambre à pression. Subitement, hors de la conscience claire, le cerveau a tiré la conclusion décisive.