«En rêve, j’étais médecin de campagne dans une contrée peu habitée. Pour mes déplacements, je disposais d’un étalon noir. Pendant la nuit, l’étalon se mit à faire un bruit d’enfer, à hennir et à ruer contre son box. J’essayai de le calmer, mais il me poussa vers sa selle. Je le sellai et j’allai chercher ma sacoche. L’étalon partit à fond de train. Nous nous sommes arrêtés à une maison isolée. Les parents d’une femme avec laquelle j’avais été lié autrefois sont sortis et m’ont dit qu’ils avaient été sur le point de m’appeler. Ils m’ont conduit au chevet de cette femme, qui était gravement malade. J’ai pu lui porter secours immédiatement. J’ai déjà rêvé à plusieurs reprises que j’étais médecin et que je portais secours à des gens dont la vie était en danger. Mais en réalité je suis plombier.»
Vraisemblablement, M. H., 37 ans, a appris quelque chose concernant l’état de santé de cette femme qui lui avait été chère. Visiblement, cette femme l’a un jour repoussé. En montant son étalon noir, il espère que son désir de plaire malgré tout à cette femme sera satisfait. L’étalon noir est un symbole des désirs sexuels de l’homme qui rêve. M. H. pense qu’il a été repoussé quelques années plus tôt par cette femme qu’il adorait parce qu’elle trouvait son salaire insuffisant. Dans l’intervalle, il s’est établi à son compte et, au prix de beaucoup d’efforts, il a réussi à améliorer sa situation financière, ce qui, en rêve, se traduit symboliquement par le fait qu’il se voit médecin. En tout cas, il a le sentiment qu’il pourrait désormais combler tous les désirs de cette femme et comprendre aussi ses peines. D’une manière générale, il éprouve le désir de prouver qu’il est tout prêt à aider ses semblables, pour s’attirer de cette ma-nière
Rêves de paradis
En rêve, il arrive aussi de voir le paradis sous un aspect d’une nostalgie romantique, comme en témoigne ce tableau de Böcklin.
l’estime, les louanges et l’attention de ceux qui l’entourent sur sa personne.
«Un rêve étrange me préoccupe depuis quelques jours. J’avais convenu avec une camarade de classe que nous nous rencontrerions devant notre église pour entreprendre une excursion. Ma fillette devait nous accompagner. Soudain, mon amie et ma fillette ont apporté un cercueil et dit que le fond en était pourri. J’ai répondu : «On peut aussi porter le cercueil de telle façon qu’un côté serve de fond!» Mais je ne sais ce qui devait être placé dans ce cercueil vide. Ma fille, qui est aujourd’hui adulte depuis longtemps, m’est apparue dans ce rêve sous les traits d’une enfant. De ma camarade de classe, je ne sais plus rien depuis cette nuit terrible de bombardement que j’ai vécu jadis en Allemagne. »
Un cercueil vide que l’on voit en rêve signifie, symboliquement, que l’on se préoccupe inutilement de son avenir. La vision d’Alice A., 49 ans, est rendue encore plus nette par le fait que le cercueil est pourri. Son subconscient la met en demeure d’enterrer définitivement un passé qui l’agite encore. Dans ce rêve, elle voit sa fille sous les traits d’une enfant. Le cercueil pourri est en rapport avec le fait que la réalité se situe dans un passé déjà lointain. Mais, d’une manière quelconque, cette réalité (peut-être par suite d’une rencontre fortuite avec quelqu’un qu’elle n’avait pas vu depuis longtemps) l’agite encore maintenant ou quelque chose a ravivé le souvenir de ce passé. L’église comme point de rendez-vous avec la camarade de classe est, en rêve, le symbole que l’on doit être mis en garde contre un comportement injustifié. Visiblement, Mme A. estime — la révolte du subconscient le montre bien — que le temps est venu de bannir à jamais ce passé de sa conscience, même si elle doit recourir à des moyens injustes ou injustifiés pour cela.
«J’étais assis dans mon bureau et je poursuivais mon travail. Tout le monde était parti depuis longtemps et je croyais être seul. Cela m’arrive souvent dans la réalité. Alors, j’ai entendu — en rêve, naturellement, un bruit étrange à côté, dans le bureau de mon patron. l’y ai couru pour voir ce qui venait de se passer. Mon patron était étendu sur le sol, attaché par les mains et les pieds à une chaise. Il ne pouvait pas crier, il était bâillonné. Avant que j’aie pu faire quoi que ce soit, deux mains puissantes m’ont saisi. Je ne pouvais pas reconnaître la personne à laquelle elles appartenaient. On m’a ligoté moi aussi et jeté par terre à côté de mon patron. Maintenant, nous étions seuls. Je ne pouvais pas me libérer et restais étendu silencieux, tandis que mon patron essayait de se libérer. Ce faisant, il me donnait sans cesse des coups de pied, ce qui m’était très désagréable. Finalement, je me suis mis en colère, et j’ai alors réussi à le libérer. Mais mon patron continuait à me donner des coups de pied, ou, du moins, essayait de m’en donner. Ma colère a augmenté encore, j’ai pris le téléphone qui se trouvait sur la table et j’en ai frappé la tête de mon patron. Il n’a plus bougé. Lorsque j’ai vu du sang couler de sa tête, j’ai pris la fuite épouvanté. Finalement, sur ces entrefaites, je me suis réveillé.»
Wolfgang P., 42 ans, est fondé de pouvoirs dans une entreprise moyenne. C’est un homme silencieux, mais très ambitieux et qui doit sans cesse s’affirmer dans sa position. Il s’entend bien avec son patron, dont il est le proche collaborateur, et celui-ci sait apprécier les mérites de cet employé zélé. Mais, dans son subconscient, M. P. se sent constamment menacé par son patron qui se décharge sur lui de ses responsabilités. M. P. a constamment peur de commettre des erreurs. Voilà pourquoi il voit son patron ligoté et bâillonné. Dans son propre bureau, il n’a pas grand-chose à craindre, mais quand il entre dans le bureau de son patron, il se sent en danger. Il est pressé par son patron de faire ceci ou cela. Ce qu’il ne ferait jamais en réalité, il le fait en rêve : il s’affranchit du stress et de la contrainte en se saisissant du téléphone (dans sa profession un moyen important de communication) et en assommant son patron (voir aussi les rêves d’agression).