Miniera di Mare, 4 avril 1992
Aujourd’hui on a appris que Christophe Colomb a trouvé l’Amérique alors moi aussi je veux le faire. Je veux trouver une Amérique que personne n’a encore vue et puis j’y mets un drapeau comme ça elle est toute à moi. Mais ensuite je veux repartir et trouver d’autres endroits pour devenir l’explorateur le plus connu du monde qui a trouvé plus d’Amériques que tous les autres. Mais j’emmènerai maman avec moi comme ça elle m’aide à trouver parce que quand je perds mes jouets elle les trouve toujours et comme ça on est deux à trouver les Amériques.
Elena referma le journal. Grâce à ces quelques pages elle était entrée dans le cœur du petit Michele, elle avait respiré sa vie, elle avait souri avec lui et était elle-même redevenue enfant. Avant de lui donner la permission de lire, Michele lui avait tout expliqué, à grand-peine : le départ de sa mère quand il n’avait pas encore sept ans, le journal intime qu’elle avait emporté avec elle et la découverte de ce même journal dans le train, la veille au soir. C’était la première fois qu’il parlait de lui, qu’il racontait l’histoire de sa douleur. Il l’avait fait dans un murmure, les yeux baissés, comme s’il admettait une faute. Puis ils étaient retournés à l’intérieur et, tandis qu’Elena lisait le journal, il s’était senti étrangement soulagé, comme si les nœuds de la corde qui emprisonnait sa vie s’étaient un peu desserrés. Parler lui avait fait du bien. Il ne pouvait pas le nier.
Lorsque Elena leva les yeux du journal, Michele l’observait à sa façon étrange, c’est-à-dire en faisant semblant de ne pas la regarder, les yeux ailleurs, dans un refuge imaginaire, mais en réalité attentifs à elle, à sa réaction. Elle le vit comme un enfant dans un corps d’adulte, égaré parmi ses objets trouvés, ramassés dans le train puis rachetés plus tard, comme s’il avait suivi leur parcours, veillé sur leur destin.
Elena pensa que Michele leur avait offert une fin heureuse. Mais qu’il avait cessé d’en espérer autant pour lui-même. À ce moment-là, elle sentit la solitude du jeune homme pénétrer son cœur.
« Maintenant tu me dis comment je peux ne plus penser à toi, Michele ? Tu me dis ce que je fais de cette envie d’être avec toi et de prendre soin de tes blessures ? Tu m’expliques comment ne pas t’offrir des mers et des ciels de baisers et de caresses pour chaque baiser et chaque caresse qui t’a été refusée ? Tu me dis comment je me résigne à l’idée que tu m’as cherchée uniquement en tant qu’amie pour me demander un service ? Tu m’expliques comment je ferai, si tu ne me permets pas d’être à tes côtés, pour ne pas me sentir un objet perdu ? »
Voilà ce qu’aurait voulu déclarer Elena. Pourtant elle se leva et s’approcha de lui, captura ses yeux, les emprisonna dans les siens et l’attrapa par le bras, décidée.
— Michele, tu dois partir à la recherche de ta mère. Tout de suite. Tu ne peux pas rester ici à attendre.
— Mais comment ? Où la chercher ?
Sans répondre, Elena se dirigea vers la photo sur le mur, la décrocha et l’observa avec attention.
— C’est elle ? demanda-t-elle en indiquant la femme dans la pénombre qui tenait l’enfant par la main.
Michele acquiesça, perplexe.
— Quel âge avait-elle sur cette photo ?
Michele lui répondit qu’elle avait vingt-neuf ans et que cette photo datait de 1992. Un peu avant son départ.
— Donc maintenant ta mère a plus de cinquante ans. Cela dit, elle ne doit pas être très différente de la photo. Bien sûr elle a dû vieillir, peut-être grossir, mais elle est sans doute reconnaissable…
Elena observa encore le visage de la femme, ses contours un peu floutés par le temps.
— Je ne pense pas l’avoir déjà vue… en tout cas, elle ne fait pas partie des personnes qui prennent le train tous les jours, sinon je m’en souviendrais.
— Ça ne fait rien, dit Michele en acquiesçant, rassuré.
— Ça ne fait rien ? Qu’est-ce que ça veut dire, « ça ne fait rien » ? Michele ? Moi je n’ai jamais vu ta mère, pourtant ton journal intime était dans le train. Et si le journal y était ça veut dire que ta mère y était. Aucun doute là-dessus. Alors tu sais ce que je ferais, à ta place ? Je prendrais ce train et je descendrais à chaque arrêt pour la chercher. Même au prix de demander à tous les gens que je rencontre de chercher maison après maison. Tu finiras bien par trouver quelqu’un qui l’a vue. Et je vais te dire autre chose, Michele, écoute-moi bien parce que c’est important. Même si tu ne trouves pas ta mère, au moins tu l’auras cherchée. Au moins tu n’auras rien à te reprocher.
Elena s’arrêta, surprise : Michele tremblait. L’idée de monter dans le train et de quitter son monde le terrorisait.
— Michele… Tu ne peux pas rester enfermé ici à attendre qui sait quoi en mangeant des œufs au bouillon. Tu as le droit de savoir pourquoi ta mère est partie et jamais revenue. Tu ne comprends pas ? Tu pourrais aller lui parler, lui demander de tout t’expliquer. Elle a sûrement beaucoup de choses à te dire. Et toi tu dois l’écouter avant qu’il soit trop tard. C’est important pour toi. Et peut-être aussi pour elle. Tu comprends ?
Michele secoua la tête, il ne voulait pas écouter.
— Va-t’en, s’il te plaît, dit-il dans un souffle.
Elena se glaça, ferma les yeux sous le poids de la déception. Michele alla à la fenêtre, pour ne pas la regarder. Il posa son front contre la vitre, sans un mot. Plongée dans le même silence, Elena se serra dans son blouson et se dirigea vers la sortie.
— Excuse-moi, murmura Michele.
Elena s’arrêta, en suspens sur un fil tendu entre l’adieu et le retour.
— C’est juste que… j’ai peur, ajouta-t-il en regardant le train au-delà de la vitre.
— Je sais. Je l’ai compris. C’est-à-dire, excuse-moi mais tu as peur de tout, Michele. Mais là, tu dois choisir ce que tu veux faire de ta vie. C’est tout, murmura Elena, sincère.
Puis elle sursauta : la vitre avait explosé, frappée par le poing de Michele.
Elena courut vers lui, prit sa main blessée et sanguinolente. En silence, avec délicatesse, elle retira les petits éclats de verre des doigts de Michele qui était pâle, immobile comme une statue de glace. Elle tamponna avec du désinfectant, appliqua sur les blessures des pansements qu’elle avait trouvés dans la salle de bains.
— Tu as vu ? demanda-t-elle en souriant. Tu as à nouveau des blessures de guerre…
Michele acquiesça à peine. Un faible sourire fleurit sur ses lèvres. Il regarda ses mains, comme s’il cherchait celles de l’enfant qu’il avait été des années plus tôt.
Elena le fit asseoir dans la cuisine, fouilla dans le placard, trouva au fond une vieille bouteille de cognac non entamée. Elle l’ouvrit, remplit deux verres et vint s’asseoir en face de lui.
— Bois une gorgée, ça va te faire du bien…
— Cette bouteille était à mon père…, dit Michele en observant le verre que lui tendait Elena.
— Bien, il était temps de l’ouvrir. Regarde comme elle est vieille. Un peu plus et elle aurait été imbuvable, répondit-elle avec un sourire.
Michele but une gorgée de cognac et retint son souffle. Le feu de l’alcool lui traversa le thorax avant de se transformer en une tiédeur bénéfique. Alors il comprit ce que son père cherchait, soir après soir, dans ces verres qu’il vidait dans sa gorge, les uns après les autres, assis à la table de la cuisine, devant une assiette creuse pleine de restes de sa douleur silencieuse.
Elena prit son courage à deux mains et décida que le moment était venu de planter des mots dans la petite brèche qui s’était ouverte.
— Michele, si tu veux je peux t’aider. C’est-à-dire, je vais t’expliquer. Je vais essayer. Donc. Toi tous les jours tu vois les gens qui montent et qui descendent du train, c’est bien ça ? Si ta mère était descendue quand tu as trouvé ton journal, tu l’aurais vue, non ? Donc j’exclurais que ta mère se trouve ici, à Miniera di Mare. En plus, si c’était le cas elle serait déjà venue te voir. Sinon, pourquoi revenir si ce n’est pas pour donner des nouvelles ? D’accord ? On continue. Solombra. Moi je vis à Solombra depuis que je suis née, tu le sais, non ? Non, en effet, comment tu pourrais le savoir ? Bon, alors je te le dis. À Solombra, il y a huit cents habitants. On peut dire qu’on se connaît tous, au moins de vue. Si ta mère y était, je le saurais. C’est-à-dire, je ne saurais pas que c’est ta mère, mais je me rappellerais quelqu’un qui lui ressemble. Qui ressemble à la photo, je veux dire. Bref, je n’ai jamais vu personne qui lui ressemble. Voilà. Ensuite… Ensuite on passe à Prosseto. Je travaille à Prosseto depuis deux ans, dans un café. Ça non plus je ne te l’avais pas dit, excuse-moi. Mais tu ne me l’as pas demandé. Si tu me l’avais demandé je te l’aurais dit, mais je ne veux pas te blâmer pour ça. On n’est pas obligé de demander aux gens ce qu’ils font comme travail. Bon, je ne sais plus ce que je suis en train de dire, quoi qu’il en soit à Prosseto il y a au maximum cinq cents habitants plus ceux de passage ou ceux qui y travaillent, le café où je travaille est situé à côté de la place principale du village et du parc. Tout le monde passe par là : la place et le parc. Et à Prosseto non plus je n’ai jamais vu personne qui ressemble à ta mère. Ça ne veut pas dire qu’on peut être certains qu’elle n’y est pas, je sais. Mais je peux demander, je peux m’occuper des recherches à Prosseto, si tu me fais confiance. Tu pourrais me faire une copie de la photo pour que je demande à tout le monde. L’adjudant des carabiniers prend son café chez nous, je pourrais lui en parler. Pourquoi je te dis ça ? Michele, je te le dis parce qu’il te reste deux endroits où aller chercher. Les deux derniers arrêts du train. Ferrosino et Piana Aquilana. Ce n’est pas une recherche impossible. Tu pourras au moins dire que tu as essayé. Et puis, excuse-moi, mais enfant tu voulais être explorateur, découvrir les Amériques, et tu as peur de deux arrêts de train ? Attends, je bois une gorgée de cognac. J’en ai besoin. Je ne sais plus quoi dire pour te convaincre, peut-être que ça va m’aider…
— Si je pars à la recherche de ma mère, il faudra que je prenne des congés, l’interrompit Michele.
Il la regarda dans les yeux, l’espace d’un instant. Puis il fixa le sol, gêné. Mais il était clair qu’Elena avait presque réussi à le convaincre.
Elle sourit. Elle retint un cri de joie et son envie de bondir sur ses pieds pour le serrer dans ses bras. Elle commençait à le comprendre et elle savait que, à ce moment-là, un petit souffle, un geste, un seul mot auraient pu le faire changer d’idée.
« Je te vois, Michele », pensa Elena. « Maintenant je vois la couleur que tu t’obstines à cacher. Tu es rouge. Rouge, comme je l’imaginais. Rouge comme ton journal intime. Rouge comme les plaies que tu avais sur les doigts, enfant. Comme le sang que tu viens de verser. Comme la couleur qui revient sur tes joues. Rouge. »
Ils burent une autre gorgée de cognac, puis ils se rendirent au petit bureau de la gare ferroviaire, à côté de la salle d’attente. Un ordinateur était posé sur une table blanche, un modèle qui datait d’une dizaine d’années ; à côté du bureau, deux chaises, une étagère croulant sous les dossiers et une photocopieuse. Les horaires des trains étaient affichés au mur, à côté de la photo encadrée du président de la République. Michele alluma la photocopieuse, qui se réveilla avec un sursaut mécanique et sembla reprendre son souffle après une longue apnée. Le roulement du moteur et du toner produisit, en quelques secondes, une copie de la photo où figurait la mère de Michele. Il la tendit à Elena, qui la rangea dans son sac à dos. Comme un pacte d’alliance.
— À propos, maintenant tu me donnes ton numéro de portable ? demanda-t-elle en sortant son smartphone.
— Je n’ai pas de portable.
Elena le regarda avec étonnement.
— Qui veux-tu que j’appelle ? Je ne connais personne. Et pour les communications de travail il y a le téléphone fixe de la gare, dit-il en indiquant l’appareil posé sur le bureau. Je l’utilise aussi pour faire les courses. Ils me les apportent ici, ça m’évite de sortir…, ajouta-t-il comme s’il révélait un secret terrible.
— C’est-à-dire… que tu ne sors vraiment jamais ? demanda Elena, perplexe.
Elle laissa échapper un sourire : Michele semblait vraiment hors du temps et de la réalité. Mais son impression était que tout doucement il émergeait de la coquille où il s’était réfugié le jour du départ de sa mère.
Ils décidèrent que, si Elena avait des nouvelles de la mère de Michele, elle les lui communiquerait le lendemain, en personne, à son retour du travail.
— À propos… comment s’appelle ta mère ?
Michele hésita. Cela faisait une éternité qu’il n’avait pas prononcé ce nom. Dans ses pensées cette femme, dont il ne pouvait se rappeler les traits qu’en regardant la photo, n’avait plus ni nom ni prénom. Elle était juste « maman ».
— Laura, dit-il enfin. Laura Puglia.
— Laura Puglia…, répéta Elena comme si ce nom était la formule magique pour dévoiler la mystérieuse histoire de cette femme.
— Tu as déjà essayé de la chercher sur Internet ? demanda Elena. Désormais on peut trouver n’importe qui, si on sait se débrouiller…
Michele acquiesça et avoua avoir cherché maintes fois, sans résultat. Elena tenta de l’encourager, puis ils se donnèrent rendez-vous le lendemain en fin d’après-midi, à l’arrivée du train à Miniera di Mare, et ils prirent congé. Elena lui serra la main, s’efforçant de ne pas lui sauter au cou et l’embrasser comme elle aurait voulu.
Elle se dirigea vers la sortie mais cette fois Michele l’accompagna jusqu’au portail, puis il la suivit du regard tandis qu’elle marchait jusqu’à sa voiture. Quand Elena se retourna, elle fut surprise de le voir, immobile, la fixant. Elle lui adressa un signe de la main avant de monter dans sa voiture. Il lui rendit son geste.
La voiture d’Elena éclaira la place quand elle alluma les phares, puis le moteur démarra et les lumières rouges arrière disparurent lentement dans le noir.
Toujours devant le portail, Michele respira lentement. Il décida de faire quelque chose d’inhabituel : il fit un pas dans la rue. Puis un deuxième. Puis un troisième. Il s’arrêta à nouveau, pour goûter cette petite distance qui à ce moment-là, après de longues années passées dans l’enceinte de la gare ferroviaire, le séparait de son monde. Il sentit un frisson, presque un vertige. Il n’avait pas franchi ce seuil depuis la mort de son père. Puis il rassembla ses forces et s’éloigna un peu plus en direction du monde extérieur. Un autre pas. Un autre. Et un autre encore. Il voulait s’habituer à sortir de son cocon : cela allait être nécessaire, s’il partait bientôt à la recherche de sa mère. Il posa les yeux sur un lampadaire planté dans le trottoir, de l’autre côté de la place de la gare. Il décida de s’y rendre, d’arriver au moins jusqu’à cette source de lumière. Il fit donc encore un pas. Et là, il sentit l’appel désespéré de l’enceinte qui l’implorait de revenir en arrière. Ce fut comme si au centre de son dos se tendait un élastique qui le reliait aux barres du portail. Il fit tout de même un autre pas. La tension de l’élastique augmenta et la force qu’il dut imprimer à ses pas pour avancer vers le lampadaire manqua de lui couper le souffle. Quand il arriva à un mètre de son but, Michele s’arrêta : il eut la sensation que s’il faisait un pas de plus l’élastique se briserait. L’idée d’un arrachement définitif le terrorisait et, en même temps, lui donnait un étrange sentiment d’ébriété. Il choisit d’être prudent, pour cette fois. Il se pencha donc en avant sans bouger les pieds et effleura du bout des doigts le métal frais du lampadaire. Il ferma les yeux et profita de cette petite victoire sur ses peurs. Puis il laissa l’élastique le guider à l’intérieur, vers chez lui.
Après avoir parcouru quelques kilomètres en voiture, Elena vit les lumières de Solombra Scalo. La tête lui tournait un peu et son regard était embué. Juste à l’entrée du village, sur le boulevard qui conduisait chez elle, elle vit Milù qui venait à sa rencontre, à pied. Elena ralentit puis s’arrêta pour que sa sœur monte s’asseoir à côté d’elle.
— Combien tu as bu ?
— Un peu…
— Un peu trop, petit sœur, on dirait.
Elena soupira, comme pour minimiser.
— Ça ne s’est pas passé comme tu voulais, hein ? attaqua Milù.
— Peu importe.
— La déception se lit sur ton visage…
— Ça passera.
Elle fouilla dans son sac à dos et prit la photocopie de la photo de la mère de Michele.
— Maintenant, le plus important, vraiment important, c’est de trouver cette femme, affirma-t-elle, décidée. Le reste ne compte plus.
Puis elle ouvrit la portière, descendit de la voiture et s’appuya à un mur pour vomir. Elle sentit la main fraîche de Milù qui lui tenait les cheveux.
— Heureusement que tu n’as bu qu’un peu…
Elena se releva, toussa puis se nettoya la bouche avec un mouchoir en papier.
— J’en avais besoin… Sur le moment, boire m’a semblé une bonne idée.
— Bien sûr ! commenta Milù, ironique.
— Je ne suis pas parfaite, c’est tout. D’ailleurs je n’ai jamais approché, même de loin, le moindre type de perfection. Tu le sais.
— Ce n’est pas une excuse pour te mettre dans cet état.
— Tu as raison, répondit Elena en se dirigeant vers la voiture. Et puis il faut que je sois en forme demain : je dois commencer à chercher la mère de Michele.
— C’est toi qui le fais ?
— Je donne un coup de main à Michele, dans la mesure du possible.
— Ah, voilà ! Non seulement il te ferme le portail au nez, non seulement il ne t’appelle que pour te demander un service… et en plus tu l’aides ?
— Il a confiance en moi. Et je ne peux pas le décevoir.
La voiture démarra. Elena sentait le regard de Milù rivé sur elle.
— Tu es amoureuse à ce point ?
Les yeux d’Elena se remplirent de larmes.
— Il me plaît terriblement. Je pourrais tomber amoureuse de lui. Le problème, c’est qu’il ne veut pas de moi. C’est ça, la vérité. Pour lui je suis une sorte d’amie. Mais je vais quand même l’aider.
— Au moins tu l’as admis. C’est déjà quelque chose…
— Tu crois que ça va me faire du bien, de l’avoir admis ?
— Ça, ça dépend de toi… C’est toi qui sais si tu es en mesure de tenir le coup ou si continuer à le voir te fera encore plus mal.
Elena ne répondit pas. Elle gara sa voiture, éteignit les phares, ferma les yeux.
— Je sais juste à quel point ça me fait mal de ne pas le voir, répondit-elle enfin.
Les deux sœurs rentrèrent chez elles. Sans un mot.