7.

Le vendredi, Bruce se présenta à la boutique alors que Sorrel s’occupait d’une maman et de ses deux enfants.

Elle vit Poppy l’accueillir avec son dynamisme habituel et entendit Bruce mentionner un cadeau d’anniversaire pour une filleule. Ce jour-là, Poppy portait un large nœud à pois dans les cheveux, un petit haut couleur fuchsia qui découvrait son nombril et une minijupe en taffetas bleu électrique à volants. Tout en expliquant ses desiderata, Bruce contemplait la jeune assistante d’un air à la fois intrigué et amusé.

Quand Sorrel revint après avoir raccompagné sa cliente, Bruce la salua.

— Bonjour, Sorrel…

Poppy s’étonna :

— Oh, vous vous connaissez ?

Elle afficha un sourire ravi et reprit :

— Dans ce cas, je laisse Sorrel s’occuper de vous. Je vais aller déballer les arrivages dans la réserve.

Avant que Sorrel ait pu l’arrêter, la jeune fille avait disparu dans un frou-frou de taffetas bleu. Le rideau de la réserve se referma sur elle. Elle devait se féliciter de son tact, fulmina intérieurement Sorrel en se tournant vers Bruce.

— Donc, tu cherchais un cadeau ? Pour quel âge ? Fille ou garçon ?

— Fille. Huit ans. Dis-moi, continua Bruce en baissant la voix, où avez-vous trouvé cet oiseau rare ? On la croirait sortie d’un dessin animé…

— Elle sort des petites annonces, comme la plupart des gens qu’on emploie, rétorqua Sorrel. Et elle fait merveille auprès des enfants.

— Je suis peut-être trop vieux pour apprécier, commenta Bruce en riant. La prochaine fois, j’amènerai ma filleule.

— Que voulais-tu lui offrir ?

— Une jolie tenue. Elle est très coquette pour son âge et apparemment, elle aime ce qui provient de cette boutique. Que portent les enfants de huit ans de nos jours ?

Sorrel lui montra quelques articles. Avec son aide, il choisit un ensemble en toile de jean brodée de fleurs, une robe chasuble et bob assorti.

— Ce serait joli avec un T-shirt et des chaussettes jaunes, proposa Sorrel.

Bruce acquiesça et prit le tout. Pendant que Sorrel confectionnait un paquet-cadeau, il sortit une carte de crédit qu’il posa sur le comptoir.

— Tu te plais toujours ici ? demanda-t-il.

— Beaucoup.

Elle prit la carte et la passa dans la machine avant de la lui rendre. Leurs doigts se touchèrent et Sorrel recula comme sous l’effet d’une décharge électrique. Elle avait lâché la carte que Bruce rattrapa juste à temps.

— Je croyais que tu la tenais, fit-elle pour s’excuser.

Il referma son portefeuille avant de demander :

— Tu fermes bientôt la boutique, non ?

Sorrel regarda la pendule qui ornait le mur.

— D’ici un quart d’heure.

Bruce sembla hésiter.

— Viendrais-tu prendre un verre après la fermeture ? fit-il enfin.

— Un verre ?

— Un verre : liquide généralement alcoolisé qu’on verse dans un récipient de forme allongée, expliqua-t-il en exagérant l’inflexion patiente de sa voix. Maintenant que tu vois de quoi je veux parler, c’est oui ? J’ai repéré un bar sympathique, juste en face. On pourrait s’asseoir en terrasse.

— Pourquoi ?

— Parce qu’il y fait moins chaud qu’à l’intérieur…

— Pourquoi veux-tu prendre un verre avec moi ? reprit Sorrel, nullement découragée.

Il se saisit du paquet qu’elle venait de terminer.

— Parce que tu m’as aidé à faire le bon choix pour ce cadeau, ce que je n’aurais jamais réussi tout seul. Et parce que ce serait une façon agréable de clore une semaine frustrante.

— Que s’est-il passé ?

Il haussa les épaules.

— Un contrat qui est en train de capoter, entre autres. J’ai besoin de décompresser et je n’ai pas envie de boire ma bière seul.

Il ne semblait pas plus ennuyé que cela et quelque chose dans son regard mettait Sorrel vaguement mal à l’aise. Mais la tentation était forte…

Après tout, peut-être lui tendait-il un rameau d’olivier, après le désagréable affrontement de l’autre jour.

— Très bien. Je te retrouve là-bas dans un quart d’heure.

*  *  *

Du temps qu’elle le rejoigne, Bruce s’était installé à une jolie table en fer forgé sur la terrasse et lui avait commandé un verre de son cidre favori.

Elle s’installa en face de lui. Le soleil déclinant réchauffait agréablement son dos et elle prit le verre que Bruce lui tendait. Il la dévisageait d’un regard intense. Soudain, elle regretta presque d’avoir accepté. Nourrissait-il des arrière-pensées en l’invitant ainsi ?

Bruce se rejeta contre le dossier de son siège, comme s’il cherchait volontairement à se détendre, et prit une gorgée de bière.

— Tu as vu Craig récemment ? attaqua-t-il sans préambule.

— Pas depuis la soirée de Marta, mais nous allons à un concert de jazz dimanche.

L’invitation avait d’ailleurs étonné Sorrel, qui ne s’attendait plus à revoir Craig après la conclusion de leur précédente soirée. Quand elle lui avait affirmé qu’aucun homme n’aurait à évincer Bruce pour la conquérir, il avait souri avec un scepticisme affiché et s’était contenté d’un baiser sur la joue en la quittant.

Bruce fronça les sourcils et son regard plongea au fond du verre qu’il tenait.

— Heureux Craig…

— Je prends ton commentaire comme un compliment.

Bruce releva les yeux vers elle avec un rire bref.

— Ce brave garçon sait-il que tu en embrasses d’autres ?

— Je n’en embrasse pas d’autres, se défendit Sorrel, et d’ailleurs, il n’a aucun titre de propriété sur moi.

Une flamme embrasa soudain le regard de Bruce, qu’il dissimula en abaissant les paupières.

— Pas d’autres… sauf moi. Je suis donc le seul bénéficiaire de tes égarements ?

— Tu as employé le mot juste, acquiesça-t-elle en se mordant les lèvres. C’était un moment d’égarement.

Une folie, aussi amère que douce, et qui ne pouvait se répéter. Elle en avait été trop bouleversée.

— Sans conséquence pour toi, ma chère Sorrel, vu l’endroit où nous nous trouvions… Tes parents et les miens à portée de voix…

— J’étais loin de penser à eux à ce moment-là. Mais comme tu me l’as fait remarquer, il faut être deux pour déraper ainsi.

Il prit une gorgée du liquide ambré et Sorrel, fascinée, suivit le mouvement de sa pomme d’Adam.

— Serais-tu prête à reprendre l’expérience où nous l’avions abandonnée ? interrogea Bruce en reposant son verre.

Sorrel sentit une vague de chaleur lui monter aux joues, et s’étendre dans tout son corps.

— Je ne comprends pas…

Sa dérobade lui valut un regard moqueur.

— Tu sais très bien de quoi je parle, Sorrel. De sexe. Brûlant, moite et sans contrainte. Ce dont nous avions tous deux envie l’autre soir dans le jardin, quand ton sein palpitait sous ma main. C’est toi qui a commencé alors ne joue pas les effarouchées à présent.

Sorrel eut un mouvement de recul. La brutale franchise de Bruce la perturbait et l’excitait tout à la fois. Il n’y avait pas l’ombre d’un sentiment dans sa voix, ni tendresse ni amour. Et son regard dur, qui la défiait de le contredire, ne contenait pas la moindre trace de respect.

Sur le qui-vive, la bouche sèche, elle humecta ses lèvres.

— Que devient Cherie dans tout cela ?

La bouche de Bruce se plissa en un rictus amer.

— Cherie ? Il est bien temps d’y penser… Son sort te préoccupe ?

Ce n’était pas la première fois que la conscience de Sorrel se troublait à ce sujet mais elle n’aima pas le reproche implicite qu’il lui adressait.

— C’est plutôt à toi de t’en préoccuper, non ?

— Je ne tiens pas à parler d’elle avec toi.

Avait-il peur qu’elle la salisse rien qu’en prononçant son prénom ? C’était humiliant. La colère monta chez Sorrel.

— Ce serait pratique de m’avoir sous la main pour les jours où Cherie n’est pas disponible mais si tu crois que je vais accepter les seconds rôles, tu te trompes grandement !

Elle se leva dans l’intention de le planter là mais d’une main de fer, il la retint sur place.

— Assieds-toi.

Elle ne put que s’incliner mais son regard parlait pour elle.

— Crois-tu que je sois le genre d’homme qui couche avec d’autres alors qu’il s’est engagé ? reprit Bruce.

Sorrel ne savait plus. Le Bruce qu’elle connaissait, celui d’avant, n’aurait jamais fait preuve d’une telle duplicité. Mais aujourd’hui, l’homme qu’elle avait devant elle parlait de sexe avec une telle facilité… Avant qu’elle ait pu trouver la réponse adéquate, Bruce continua :

— Je ne reverrai plus Cherie.

Le cœur de Sorrel se déchaîna dans sa poitrine. Le choc était presque douloureux.

— Désolée, fit-elle platement.

— Pas tant que moi.

Il avait parlé d’une voix lugubre qui transforma l’avenir de Sorrel en un désert de désolation. La regrettait-il tant que cela ?

— Tu lui as demandé de t’épouser ?

— Non…

— Qu’est-il arrivé, alors ?

Il eut un rire dur et relâcha la main de Sorrel, se rejetant en arrière pour l’observer.

— Toi. C’est toi qui es arrivée. Comme tu le sais fort bien, d’ailleurs.

Sorrel faillit en perdre la respiration.

— Imagines-tu un seul instant, continua Bruce, que je puisse continuer à fréquenter une autre femme après notre baiser de l’autre soir ? La première fois que je t’ai embrassée, je pouvais encore me trouver des excuses, prétendre que je m’étais laissé surprendre ou submerger par ma rancœur. Mais l’autre soir… Comment aurais-je pu me cacher la vérité ? Je peux tenter cent fois de rationaliser les choses, j’en reviens toujours au même point : je veux coucher avec toi, c’est aussi simple que cela. Cherie est une femme adorable : je ne tiens pas abuser de ses sentiments en continuant à la voir alors que par ailleurs, je brûle de te mettre dans mon lit. Je me serais bien passé de ce problème mais c’est ainsi : tu es revenue, il faut que je m’y fasse.

Le décor alentour parut se dissoudre sous le regard brouillé de Sorrel. Les rires, les bruits de verres et les conversations disparurent, jusqu’au soleil qui sembla s’effacer, la laissant inerte et glacée. Elle aurait dû se réjouir d’être devenue une obsession pour Bruce mais elle voyait la sombre fureur de son regard, elle entendait le mépris dans sa voix… L’aveu qu’il venait de faire ne ressemblait en rien à une déclaration d’amour, pas plus qu’il ne présageait d’un quelconque engagement. Bruce admettait simplement qu’il était dévoré d’un désir rageur, et que cela dérangeait ses plans. Soudain, pleine de dégoût, elle se vit comme il la voyait, une briseuse de couple, une de ces intrigantes que rien ne faisait reculer.

— Quelle sorte de femme crois-tu donc que je sois ? fit-elle sombrement.

Bruce abaissa les yeux sur son verre.

— Certainement pas la pure jeune fille que j’ai connue avant que tu ne partes. Et ne prétends pas que j’exagère. Ce n’est pas moi qui ai lancé le jeu de la tentation l’autre soir… En tout cas, poursuivit-il en la dévisageant d’un œil impitoyable et brûlant, ne crois pas que je m’en tiendrai aux préliminaires, la prochaine fois.

En dépit de tout, Sorrel sentait le désir monter en elle. Même si son esprit rejetait les propositions de Bruce, son corps réagissait à l’éclat prédateur de son regard.

C’était plus fort qu’elle… Et pourtant, rien ne se déroulait comme elle l’aurait voulu : Bruce la désirait malgré lui, et il ne tenait aucun compte de ce qu’elle pouvait ressentir.

— Qui te dit qu’il y aurait une prochaine fois ? lança-t-elle d’un air de défi. Tu as l’air de considérer qu’il te suffit de claquer des doigts pour me mettre dans ton lit.

Elle vit la colère s’allumer dans son regard. Puis ses épaules se détendirent.

— L’avenir nous le dira, dit-il avec un sourire dédaigneux. Je ne laisserai pas longtemps cette question en suspens, en tout cas. Au fait… Je n’ai pas l’habitude de partager, fit-il d’une voix dure. Débarrasse-toi de Craig.

— Ne me donne pas d’ordres ! protesta Sorrel, ulcérée.

— Tu ne crois quand même pas que je vais te supplier de lui signifier son congé ? Nous sommes très au-delà des formules de politesse, Sorrel. Vire-le.

Son arrogance lui coupa la respiration.

— Je ne vais pas modifier le cours de ma vie pour obéir à tes ukases, l’informa-t-elle quand elle parvint à retrouver sa voix. Sur ce, bonsoir.

Cette fois, il ne la retint pas quand elle repoussa sa chaise, mais se contenta de l’observer entre ses paupières mi-closes.

— Et merci pour le verre, reprit Sorrel d’une voix pleine de fureur.

Elle fit demi-tour aussi vite qu’elle put et retrouva la rue avec soulagement. Il était trop tard pour le train qui la ramenait habituellement chez elle mais elle pouvait attraper un taxi. Elle avait fait quelques pas sur le trottoir quand une main l’agrippa.

— Je te raccompagne, décréta Bruce.

— Certainement pas ! s’écria Sorrel, luttant pour se dégager.

— Si tu crains pour ta vertu, elle ne risque rien tant que je conduirai. Et au bout du chemin, il y a tes parents pour te protéger du grand méchant loup que tu as si imprudemment invoqué l’autre soir…

Il l’entraînait à sa suite, la tenant si fermement qu’elle n’aurait pu lui échapper sauf à faire un scandale en pleine rue.

— Au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, je suis une adulte, fulmina-t-elle. Je suis parfaitement capable de rentrer par moi-même. Cesse de diriger ma vie !

— Lorsque tu seras capable de la mener toute seule, rétorqua-t-il calmement. Quant à savoir que tu es adulte, ça, je l’ai remarqué. C’est d’ailleurs le problème.

Sa voiture était garée non loin de là et Bruce poussa Sorrel à l’intérieur.

Aussi dignement que possible, la jeune femme attacha sa ceinture, se faisant un devoir de regarder droit devant elle, sans prononcer un mot de tout le trajet.

Bruce aussi restait silencieux, sourcils froncés, apparemment absorbé par le trafic. Mais à cette heure de peu d’affluence, une telle concentration n’était pas nécessaire à un conducteur aussi habile que lui.

Quand il se gara devant la maison des parents de Sorrel, ils croisèrent Ian qui rentrait du travail. Après avoir conduit son véhicule au garage, il vint à leur rencontre :

— Bonjour, vous deux. Je ne savais pas que vous deviez ramener Sorrel, Bruce. Vous entrez, bien sûr ?

— Merci, répondit Bruce au moment où Sorrel esquissait un vif mouvement de dénégation.

Ian lança à sa fille un regard surpris et Bruce reprit comme si de rien n’était :

— Juste une minute pour saluer Rhoda.

Que pouvait-elle trouver à y redire ? Sorrel entra, suivie des deux hommes.

Une fois à l’intérieur, elle monta à sa chambre et y resta aussi longtemps qu’il était décemment possible de le faire sans impolitesse. Pourtant, quand elle se rendit finalement dans le salon, Bruce s’y trouvait toujours, sirotant confortablement un whisky.

Rhoda, un verre de vin blanc à la main, leva un regard contrarié sur sa fille.

— Te voilà enfin ! Nous t’attendions. Bruce reste dîner.

Le regard étincelant que Sorrel jeta à Bruce se heurta à un mur d’indifférence.

— Rhoda m’a aimablement invité et comme ton père m’avait persuadé d’accepter cet excellent whisky, il m’a semblé prudent de manger avant de reprendre le volant.

Ses paupières laissèrent filtrer une étincelle de satisfaction. Le whisky n’était qu’un prétexte, comprit Sorrel.

— Que prendras-tu ? demanda son père en se dirigeant vers le bar.

— Rien, merci. Bruce m’a déjà offert un apéritif. Restez tranquillement à bavarder pendant que je prépare le dîner.

— J’allais m’y mettre, protesta sa mère.

— Reste assise, insista Sorrel. D’ailleurs, c’est toi que Bruce est venu voir et je tiens à ce qu’il profite de sa visite.

Après l’hospitalisation de sa mère, elle s’était occupée de tous les repas, mais depuis quelques jours, Rhoda montrait le désir de reprendre ses activités et Sorrel se contentait de l’aider.

Mais pour échapper à Bruce, elle avait tout intérêt à reprendre du service ! Elle s’éclipsa donc. Une fois dans la cuisine, elle ferma soigneusement la porte et s’y appuya, le temps de souffler un peu. Puis elle se dirigea vers le réfrigérateur.

Vingt minutes après, Sorrel s’était lancée dans la préparation d’un bœuf Strogonoff. Une casserole de riz bouillonnait doucement au coin du feu. Elle était de nouveau penchée dans le réfrigérateur à la recherche de légumes pour l’entrée quand elle entendit s’ouvrir la porte de la cuisine. Sa mère venait sans doute lui donner un coup de main.

— Tout est en route, ne t’inquiète pas, dit-elle sans lever les yeux. Tu peux retourner auprès de ton invité, je sais que tu adores sa conversation.

— Merci du compliment…, répondit une voix amusée.

Sorrel faillit lâcher les carottes qu’elle venait de sortir.

— Que veux-tu ? fit-elle d’un ton bien moins amène, prenant un gros chou blanc pour compléter les crudités.

— Je croyais avoir été assez clair sur ce point, murmura Bruce avant d’éclater de rire devant le regard furieux de Sorrel. Ta mère s’inquiète pour toi, elle craignait que tu ne t’en sortes pas, alors j’ai proposé mon aide.

— Il ne fallait pas, rétorqua Sorrel.

Quand sa mère cesserait-elle de leur ménager des tête-à-tête ? Elle maudit intérieurement les efforts de Rhoda et se mit à détailler le chou en lamelles d’un mouvement rageur. Mais la présence de Bruce la distrayait de sa tâche et son couteau manqua déraper.

— Il y a sûrement quelque chose que je puisse faire pour t’aider, offrit-il en la voyant reprendre sa découpe d’un air furibond.

— Oui, t’en aller, suggéra-t-elle d’un ton pincé. Je ne peux pas travailler tranquille, ta présence me trouble.

— C’est un aveu ?

Bruce afficha une mine satisfaite mais n’amorça aucunement sa retraite.

Sorrel reprit son travail avec rage.

— Doucement, je pars ! Pas la peine d’agiter ton arme sous mon nez !

Sorrel refusa de sourire.

— Je n’en faisais rien et tu le sais très bien.

Il rebroussa chemin. Elle s’était déjà remise au travail quand il lança, depuis le seuil :

— Tu sais que d’après les dernières études, les choux souffrent horriblement quand on les coupe ?

Au son de sa voix, elle leva la tête… La lame de son couteau lui retomba sur le pouce, entamant la chair.