Nahum s’absorba dans la kabbale. Il lut :
« Sod ha-zivoug taloui baschlemous. Le secret de l’union réside dans la perfection. Que l’homme et la femme unissent leur énergie, et deviennent un seul corps. L’homme, l’époux prédestiné de cette femme, attend, le regard défaillant, le cœur impatient, le moment où viendra la femme belle et désirée ; il court vers elle, il l’étreint et lui donne le bonheur. Après l’union des âmes, scellée par le baiser, vient celle des corps – les mains, les lèvres, les yeux. Le baiser de ces deux êtres devient un seul souffle. Elle, la ravissante jeune fille aux yeux baissés, auprès de laquelle toutes les autres paraissent ternes et sans beauté, elle qui inspire l’amour de tous les hommes et de toutes les femmes, et qui les unit… »
Il ne parvenait plus à étudier le Talmud. Son professeur, Reb Pesachiah de Zavil, qui était venu s’installer à la cour de Nyesheve spécialement pour lui, souhaitait voir son élève briller dans la Loi. Il lui avait préparé un programme difficile. Mais Nahum fixait les pages sans distinguer les lettres. Il voyait seulement un visage. Il le voyait partout : sur l’étui de bois sculpté de l’Arche sacrée qui renfermait les rouleaux de la Loi, sur le manteau de velours les recouvrant, dans le ciel rougeoyant du crépuscule vers lequel ses yeux se tournaient, et même dans les lettres terribles de l’ineffable nom de Dieu, au-dessus de l’Arche. Il ne pouvait se concentrer que sur les pages de la kabbale, car elles lui parlaient d’elle.
Reb Pesachiah fut troublé, stupéfait par la soudaine transformation de son élève. Il réussissait, au prix d’énormes difficultés, à attirer son attention sur telle interprétation subtile de la Loi et, au moment où il croyait que Nahum avait tout assimilé, il percevait une défaillance. Nahum était distrait. Il regardait une mouche, un rayon de soleil sur le mur, un oiseau dont l’aile avait cogné la vitre.
« Nahum ! disait doucement Reb Pesachiah. Que regardez-vous ?
— Rien ! répondait Nahum, comme tiré d’un profond sommeil. Je me suis oublié. »
Souvent, tel un enfant étourdi le jour de sa première leçon, Nahum perdait sa ligne et ne la retrouvait plus. Son professeur souffrait à un point extrême. Ascète, moraliste, ses pensées étaient tournées vers l’Au-delà et les tourments des damnés en enfer. Il savait que c’était un péché mortel d’interrompre l’étude de la Loi sacrée par des pensées vaines et futiles, de négliger les paroles éternelles pour une réflexion sans valeur sur ce bas monde. Il avait parlé plus d’une fois à Nahum d’Elijah de Vilna, homme de grand savoir, qui avait coutume d’étudier les pieds dans l’eau froide pour garder l’esprit vif. Des hommes pieux, des érudits, s’étaient crevé les yeux pour ne plus jamais être tentés de s’écarter de la parole de Dieu.
Reb Pesachiah n’élevait jamais la voix. Il avait ordonné sa vie selon les enseignements des moralistes, et maîtrisé tous ses mauvais penchants. Il savait que la colère était un mal ; céder à la rage équivalait à s’agenouiller devant une idole. Il savait aussi ce que les sages avaient dit : un homme coléreux ne peut être professeur. Durant toutes ses années de labeur, jamais il n’avait adressé une parole dure à un élève, même sous le coup d’une extrême provocation. À Rachmanivke, il lui était parfois arrivé de lancer un regard sévère à Nahum ; à présent il pouvait encore moins se le permettre, car Nahum était le gendre du Rabbi de Nyesheve ! Il se contentait de lui lire une page ou deux de l’ouvrage d’un sage en guise de sermon.
Ces avertissements transperçaient Nahum comme des coups d’épieu. La voix de Reb Pesachiah était calme, glaciale. Ses lèvres minces, pâles, visibles sous la barbe incolore, s’entrouvraient telle une tombe. Quand, le samedi après-midi, Reb Pesachiah entonnait un chapitre de L’Éthique des Pères, on aurait cru entendre un chant sur la vanité et la futilité de la vie d’un homme.
Il prenait la même voix pour lire, à l’intention de Nahum, des passages d’ouvrages de morale. Chaque fois qu’il le surprenait à rêver sur le Talmud, il murmurait :
« Rabbi Chanina, fils du Rabbi Chachinaï, dit : Si un homme s’éveille au milieu de la nuit, ou s’il part seul sur une route, et s’arrête aux vanités de ce monde, il perd sa vie. Rabbi Jacob dit : Si un homme marche sur une route et interrompt ses méditations sur la Loi sacrée pour s’écrier : Comme cet arbre est beau ! ou : Comme ce champ est beau ! cet homme, est-il écrit, perd sa vie. »
Nahum tremblait. Il s’efforçait encore de rassembler ses esprits et de se concentrer sur ses études. Il couvrait ses yeux de la main, pour chasser le monde. Déjà son regard était attiré par quelque bêtise, et il avait oublié la Loi.
Il n’y avait pas d’arbres dans la cour. Mais au-delà du portail s’étendaient les champs labourés ; il apercevait toujours la silhouette d’un paysan courbé sur la terre, ou suivant son cheval. Parfois une cigogne venait se poser au sol et, perchée sur une patte rouge, elle s’immobilisait pendant de longues minutes, comme une sentinelle qui monte le guet. Nahum pouvait rester des heures à la fenêtre, contemplant la plaine ou les petits nuages qui voletaient sous le soleil brûlant.
De l’autre côté de la maison s’élevaient les prairies, vertes et humides, pleines des bruits de la vie : le cri des oies, la stridulation des grillons, le chant des oiseaux, le coassement des grenouilles. Le bourdonnement sourd des insectes, bruit de fond perpétuel, était intolérable à Nahum. Cela le hérissait et le détournait de ses livres. Quand il regardait dehors, son attention était captivée par les vaches pommelées, la tête attachée à la patte avant, par les chèvres aux grandes cornes, enchaînées à des troncs, par les chevaux qui battaient l’air de leur queue, par les troupeaux de moutons blancs et les oies nageant paisiblement dans la rivière.
Cent fois Nahum décidait de ne plus se laisser distraire par ce spectacle. Qu’y avait-il à voir ? Le paysage était toujours le même. Mais ses yeux retournaient vers la fenêtre et ne la quittaient plus. Ils ne se lassaient pas d’admirer les prés verts, les oies blanches, les renoncules jaunes. Malgré ses tourments, Nahum ressentait la joie indicible qui émanait de la nature. Une joie dépourvue de sens ; un rayon de soleil à travers les feuillages, une tache de lumière sur le front d’un cheval, le clapotis de l’eau, le motif d’un pelage de vache – ces milliers d’images lui parlaient en secret, évoquant mystérieusement la jeune femme assise au même moment dans une autre pièce. Il devinait son nom dans la mélodie des flûtes de bergers, dans le sifflement des fouets de charretiers.
À certains moments les paisibles animaux de prairies étaient gagnés par une agitation intense. Cela arrivait après une grosse pluie, quand le soleil surgissait entre les gros nuages et qu’un immense arc-en-ciel s’élevait au-dessus de l’horizon. Les juments à l’attache, prises de folie, poussaient des hennissements rauques qui s’amplifiaient dans l’air humide. Alors un étalon enfermé s’échappait de l’étable et se jetait sur l’une des juments avec une telle fureur que les bergers, armés de bâtons et de fouets, ne réussissaient pas à le chasser.
Les jeunes boucs, ayant joué jusqu’alors à se poursuivre d’une haie à l’autre, leur petite queue dressée en l’air, étaient animés d’une ardeur nouvelle ; ils attaquaient les brebis qui les avaient nourris à peine quelques mois auparavant. Même de vieux béliers poursuivaient maladroitement les moutons terrifiés, avec des bêlements frustrés.
Nahum savait qu’il était déshonorant de regarder ces choses. Pour ce péché il eût fallu jeûner des jours entiers. Il se rappela qu’il n’était plus un enfant, mais un homme marié. Il luttait contre lui-même, mais la joie multiple des champs était la plus forte. Une puissance irrésistible arrachait la main faible, impuissante qui lui couvrait les yeux. Et il regardait encore.
La même fièvre se manifestait chez les bergers. Ils abandonnaient leurs troupeaux, les laissant paître dans des prés clôturés, et ils poursuivaient les jeunes filles. Nahum voyait les bergères retirer leurs robes et plonger dans la rivière, suivies par les hommes. Une bergère plus âgée, qu’il avait souvent aperçue de loin, une femme terne tout juste bonne à garder les oies, se découvrit entièrement jusqu’à la taille et exposa son corps nu aux regards du monde.
Puis les pensées de Nahum se fixèrent sur Malka. Son corps se raidissait quand il s’imaginait l’embrassant, la serrant contre lui. Il tendait les mains en un geste aveugle, ne revenant à lui que lorsque ses doigts avides se refermaient sur l’air.
Le péché ! Péché mortel, sans pardon ! Dans la cour rabbinique de Nyesheve, il avait succombé. Il savait par les livres que le péché de désir était aussi grave que celui de possession. Aucune flamme de l’enfer ne suffirait à brûler l’homme qui avait convoité la femme d’un autre. Et il ne désirait pas une inconnue, mais la propre femme du Rabbi, son beau-père, la belle-mère de Sourele !
Dans son angoisse il se tourna vers les ouvrages des moralistes.
« Il existe des démons », lut-il à voix haute, chantant les paroles en se balançant d’avant en arrière, « des démons qui possèdent un millier d’yeux et torturent le pécheur simplement en le regardant. Il existe des feux qui s’appellent la Mort, l’Obscurité, la Malédiction et l’Abîme. Le plus petit de ces feux est soixante fois plus chaud que le feu le plus brûlant de la terre. Le hurlement des pécheurs est une plus grande torture encore. La honte est une punition bien pire, car ils doivent payer d’une telle souffrance une minute de plaisir insouciant. Les démons tout autour se moquent de leurs cris. »
Nahum bondit de sa chaise et se mit à trembler. Il regarda ses mains, fines et fragiles, qui ne supportaient pas la douleur. Une égratignure sur cette peau transparente suffisait à le faire tressaillir. Il s’imagina empoignant les charbons ardents. Il sentit la piqûre des fourches incandescentes sous ses ongles.
Couvert de sueur, il se rassit et se força à reprendre sa lecture. La voix rauque, il chanta :
« Il y avait un orfèvre, un artisan, qui voyait beaucoup de femmes, car il fabriquait des bijoux. Négligeant son âme, cet homme touchait leurs mains, il effleurait leurs cous nus en leur essayant des colliers. Aussi le désiraient-elles, car il était agréable à regarder. Alors le démon Lilith jeta son dévolu sur lui, et vint le trouver chaque fois qu’il pensait à elle. Elle venait à lui, nue et pleine de désir, elle se couchait sur un lit en or, il l’attirait contre lui et péchait avec elle. Après sa mort – Dieu nous aide ! – des millions de démons le poursuivirent, l’appelant père, et sa honte fut un plus grand tourment que les feux de l’enfer, qui sont soixante fois plus violents que les plus violents feux de la terre… »
Il ferma les yeux et vit l’orfèvre courant le long des allées enflammées de l’enfer, pourchassé par les démons. Puis l’homme s’effaça et Lilith apparut, mince et vêtue de noir, un foulard de soie recouvrant son front. Elle se transforma, belle et sensuelle, elle l’appela. Nue sur un lit en or, elle l’attira contre son corps voluptueux. Il crut qu’il péchait avec elle, criant : « Malka ! Malka ! »
Ses nuits, plus encore que ses jours, étaient habitées par l’inconnue que le Rabbi de Nyesheve avait introduite à la cour.
Dans ses rêves elle n’était plus la femme du Rabbi, mais sa fille. Il était marié avec elle. Au banquet du mariage, il se levait et proposait aux érudits rassemblés une parabole subtile. Puis il couvrait son visage d’un mouchoir de soie qui lui échappait, et les femmes gémissaient de terreur. Ensuite il se trouvait seul avec elle dans une pièce, ils goûtaient la soupe jaune d’or dans la même assiette. Les deux vieillards venaient, le conduisaient à la chambre nuptiale et claquaient la porte derrière lui. Il voyait Malka, la fille du Rabbi. Sourele était devenue la fille du bègue. Elle était malade, elle mourait. Puis le Rabbi de Nyesheve se métamorphosait en fossoyeur, il creusait la tombe de Sourele avec une grosse bêche. Nahum sanglotait, mais Malka, sa femme, essuyait ses larmes, comme sa mère le faisait toujours, et lui disait qu’un jeune marié n’avait pas le droit de pleurer.
Ces rêves devinrent intolérables. Dans de longues prières il supplia les anges de veiller sur lui et de chasser ces mauvaises pensées. Ce fut peine perdue. Les rêves recommencèrent, leur thème était toujours le même. Le matin il éprouvait un sentiment de culpabilité à l’égard de Sourele, il n’osait pas la regarder en face, comme si elle avait pu connaître ses visions de la nuit.
Il se mit à jeûner, à mortifier sa chair.
Sourele souffrait elle aussi. Elle lui prépara les plats les plus succulents. Elle confectionna des petits pains aux oignons, et les saupoudra de graines de pavot et de cumin. Elle savait qu’il les aimait. Mais il ne les mangeait pas.
« J’ai eu de mauvais rêves, dit-il. Je veux jeûner. »
Il maigrit. Ses yeux s’agrandirent, et des cernes foncés apparurent en haut de ses pommettes. Sourele commença à avoir peur pour son mari. Elle le regardait en silence, ne sachant pas quoi dire. Puis, de désespoir, elle prit une décision téméraire. Elle écrivit à sa belle-mère à Rachmanivke, pour lui parler du jeûne de Nahum. Celle-ci envoya à son fils une longue lettre en hébreu, dans laquelle elle le suppliait de renoncer à ses habitudes ascétiques et, par-dessus tout, de prendre soin de sa santé. Il ne devait jeûner à aucun prix. Elle lui proposa même de venir faire un long séjour chez ses parents, bien qu’il n’eût été marié que quelques mois.
Elle acheva sa lettre par une phrase en yiddish toute simple, comme toujours quand elle voulait s’épancher. « Mon enfant chéri, ta maman t’attend. Elle te rendra le bonheur et la santé. »
Nahum renonça alors à jeûner, car il s’aperçut que la privation, loin de diminuer les sinistres pensées dont il se repentait, les développait à un point extraordinaire. Mais il ne se rendit pas chez sa mère. Pour lui aussi, la vie avait changé à la cour de Nyesheve. Il découvrit que les fenêtres sales, le grincement de la pompe à eau et les murs écaillés lui étaient chers et proches. Tout faisait partie d’elle. Il restait des heures assis à la fenêtre de son petit bureau dans le grenier, attendant de la voir passer en bas, dans la cour. Il avait toujours évité son beau-père. Maintenant il commença à lui rendre visite, sous prétexte de lui emprunter un livre, de l’interroger sur un problème de rituel, un point de la Loi ou… pour rien.
Elle était là, dans la pièce voisine. Il devinait sa présence de l’autre côté du mur, et il frissonnait.
Très vite elle prit l’habitude d’entrer quand Nahum se trouvait là. Prise d’un étrange accès de sollicitude à l’égard de son mari, elle lui apportait un verre de lait, ou son médicament, sans qu’il le lui eût demandé.
Le Rabbi était stupéfait et, à peine conscient de ce qu’il faisait, il lui parlait tendrement devant un tiers : « Ma chère ! De vos propres mains ! »
Nahum n’osait pas lever les yeux. Son cœur s’arrêta de battre. Il sentait son regard. Elle passa si près de lui qu’un pli de sa jupe lui effleura le genou et qu’une légère bouffée d’air rafraîchit son visage en feu. Des jours et des jours le contact de sa robe et le frémissement de l’air restèrent dans sa mémoire.
Une fois elle réussit à lui saisir la main et à l’étreindre quelques minutes. Cela arriva dans la propre chambre du Rabbi, sous ses yeux. Rabbi Melech était surpris et enchanté de la transformation de son gendre. Au lieu de le fuir, le jeune homme venait le voir fréquemment, de son plein gré, pour discuter de la Loi et bavarder. Il ordonna donc à Malka de recevoir son beau-fils avec des attentions spéciales, de lui offrir des gâteaux, du vin et des fruits. En une occasion elle servit elle-même Nahum, et dans son agitation elle se prit le pied dans sa robe. Elle trébucha, Nahum bondit. Au lieu de se rattraper au bras du fauteuil, à côté d’elle, Malka s’empara de la main de Nahum. Il resta pétrifié, incapable de l’aider, la laissant s’appuyer un instant sur lui, avant de retrouver son équilibre.
La bouteille de vin qu’elle tenait s’était brisée sur le sol. Rabbi Melech se leva, très anxieux, et la prit par la main.
« Le vin ! s’écria-t-elle, consternée.
— Peu importe le vin, répondit-il. Tant que vous n’êtes pas blessée. »
Elle s’enfuit de la pièce.
Après cet incident Nahum évita quelque temps l’appartement de Rabbi Melech. Il craignait que sa main ne le trahît. Il la lava et la brossa, pour effacer les traces de son contact. Mais ce fut impossible. Souvent, quand il étudiait le Talmud ou un ouvrage de morale, l’une de ses mains caressait l’autre sous la table, rêveusement. Une fois où il se trouvait seul dans la pièce, il se pencha pour déposer un baiser furtif sur la main qu’elle avait tenue.
Pendant ce temps la peur étreignait le cœur de Sourele. Elle s’inquiétait pour lui. Elle songea à l’envoyer chez un médecin, mais elle n’osa pas le lui suggérer. La nuit, son mari l’évitait. Les livres sur les devoirs de la femme lui avaient appris comment il était censé se comporter. Les soirs où elle revenait des bains rituels, elle disait de nombreuses prières, implorant le ciel de la rendre désirable aux yeux de son mari. Elle essayait, à mots couverts, quand sa période impure était passée, de lui suggérer de l’approcher. Mais ses yeux, ses oreilles et son cœur étaient indifférents ; rien ne l’ébranlait.
Tout d’un coup il se rapprocha d’elle, il se mit à l’embrasser et à la caresser frénétiquement. Pétrifiée de terreur, elle se raidit, ne sachant plus que faire. Les brochures en yiddish énuméraient les règles auxquelles devait se conformer une épouse. Mais elles ne mentionnaient nulle part les élans extravagants de Nahum. Sourele avait besoin de se confier à quelqu’un. Sa mère était morte. Ses sœurs étaient beaucoup plus âgées qu’elle – elle ne les considérait pas vraiment comme des sœurs. Malka seule pouvait la soutenir, c’était son unique espoir. Aussi se cramponna-t-elle à sa belle-mère, avec une affection muette, embarrassante ; elle lui raconta tout, jusqu’aux moindres détails, sur l’étrange comportement de Nahum.
Malka écouta avidement. Elle, l’étrangère de la cour rabbinique, l’intruse haïe par tous, était plus proche que quiconque de sa bru.
« Sourele, chuchotait-elle en l’embrassant, raconte encore… Dis-moi tout, comme si tu étais ma sœur. »