Chapitre 21

Les choses vont très bien pour Sylvie en ce qui a trait à son spectacle ; les résultats dépassent même ses espérances. Xavier vient de lui confirmer qu’elle donnera trois spectacles à Longueuil dans la même salle. Du même coup, il lui annonce qu’il a reçu des demandes pour qu’elle se produise à Montréal et à Québec à la fin du mois d’avril. Sylvie est folle de joie. Mais soudain, elle s’inquiète.

— C’est bien beau tout ça, mais comment les gens peuvent-ils vouloir que je donne mon spectacle chez eux alors qu’ils ne m’ont même pas encore entendue ?

— Pour deux raisons. D’abord, ils sont déjà sûrement venus t’entendre chanter. Tu sais, c’est comme au hockey : il y a des gens qui sont payés pour trouver de nouveaux talents. Ensuite, ceux qui me connaissent dans le milieu savent parfaitement que je n’aurais jamais associé mon nom à quelqu’un qui ne serait pas exceptionnel.

— Je te remercie pour tout. Une chose est certaine : sans toi, je me contenterais de chanter dans l’ensemble lyrique.

— Crois-moi, ce serait du gaspillage.

Sylvie n’en revient pas de la chance qu’elle a. Alors qu’il n’y a pas si longtemps, elle se contentait de chanter des airs d’opéra en faisant la vaisselle, voilà qu’elle est sur le point d’entrer dans la cour des grands. Elle est morte de peur à l’idée de se lancer dans ce domaine, mais elle se raccroche désespérément à ses quelques expériences comme soliste dans l’ensemble lyrique. Celles-ci lui rappellent qu’elle est douée et, surtout, qu’elle a sa place dans le monde de l’opéra.

— On va s’arrêter ici pour aujourd’hui, dit Xavier. Interdiction de chanter jusqu’à ce qu’on se revoie demain, à la même heure.

— Mais je…

De nature très poli, cette fois Xavier ne laisse pas sa belle-sœur finir sa phrase.

— Je suis très sérieux, réplique-t-il sur un ton autoritaire. Tu maîtrises très bien tes pièces. Fais autre chose. Aussi bien t’habituer maintenant parce qu’il en sera ainsi jusqu’au jour du spectacle. Il faut que tu te changes les idées. Profites-en pour aller voir des autos, par exemple, ou va voir Chantal.

— Au fait, comment va-t-elle ma sœur ?

— Je ne suis pas médecin, mais je pense qu’aussi longtemps que Chantal s’entêtera à nourrir Félix, elle ne reprendra pas le dessus. Tu la connais : elle ne veut rien entendre. Comme tu le sais sûrement, notre fils ne fait pas encore ses nuits. Je fais mon possible pour aider Chantal, mais cela ne change rien.

— Je vais passer la voir.

Chemin faisant, Sylvie décide de s’arrêter saluer Marguerite. Depuis le jour où Denise et elle ont raccompagné la vieille dame après qu’elle soit tombée sur le trottoir, Sylvie lui a rendu visite chaque semaine. Les deux femmes se sont découvert plusieurs points communs ; ainsi, Marguerite est une mélomane avertie en matière d’opéra. Lorsque son mari vivait, tous deux assistaient à des concerts aussi souvent que leur budget le leur permettait. Sylvie adore discuter opéra avec sa nouvelle amie ; Marguerite l’impressionne vraiment avec toutes ses connaissances sur le sujet. Évidemment, quand la vieille femme a su que Sylvie donnerait un spectacle en solo, elle est allée s’acheter un billet. Comme le premier spectacle affichait complet, Marguerite s’est procuré un billet pour le deuxième spectacle. Celui-ci aura lieu le samedi suivant Pâques.

Ces petites visites à Marguerite sont bénéfiques pour Sylvie. Avec sa nouvelle amie, elle se sent aussi bien qu’avec sa mère, Alice, Irma ou Marie-Paule. Avec ces femmes, Sylvie peut – ou pouvait – parler de tout, et même leur confier ses plus grands secrets. À première vue, elle paraît chanceuse de pouvoir encore compter sur deux d’entre elles ; cependant, en réalité, les apparences sont trompeuses. Bien que Marie-Paule habite à proximité, elle est moins disponible qu’avant. Jusqu’à tout récemment, Sylvie essayait de se convaincre qu’elle se faisait des idées, mais elle sait parfaitement que ce n’est pas le cas. Depuis son mariage avec René, Marie-Paule n’est plus tout à fait la même… du moins, avec Sylvie. Elle est toujours aussi gentille lors de leurs rencontres, mais elle est moins accessible qu’avant.

Récemment, Sylvie en a d’ailleurs glissé un mot à Michel en revenant de chez sa belle-mère. Évidemment, il l’a regardée d’un drôle d’air.

— Je ne voudrais pas que tu te méprennes sur ce que je viens de dire, a poursuivi Sylvie. Ta mère est toujours aussi gentille, mais notre relation a changé. La vérité, c’est que j’ai l’impression d’être moins importante pour elle qu’avant.

Pour sa part, Irma est très occupée avec sa maisonnée. Sylvie ne se permet donc pas d’arriver chez elle à l’improviste.

Chaque fois que Marguerite voit Sylvie à sa porte, un large sourire illumine son visage instantanément. Si elle avait eu une fille, la femme aurait voulu qu’elle ressemble à Sylvie. Elle aime tout de celle-ci : son sourire, son amour pour la vie et ses petits plaisirs, ses valeurs, sa façon de parler de sa famille, son ambition…

— Quelle belle surprise ! Entre, Sylvie. Je voulais justement t’appeler pour te dire que je t’avais fait des millefeuilles.

— C’est vrai ? s’écrie Sylvie. Il ne fallait pas vous donner autant de mal pour moi.

— Comme tu sais, j’ai énormément de temps à tuer dans une journée. Et pour être honnête, je ne pense pas avoir trop mal réussi mes millefeuilles. J’espère que tu vas au moins en prendre un.

— Vous n’avez aucune crainte à avoir là-dessus. Comme on dit, je vendrais père et mère pour un millefeuille. Je vous avertis, par exemple : je ne pourrai pas rester très longtemps. Je dois passer chez ma petite sœur.

— Même si tu ne restes pas longtemps, te voir me réjouit toujours. Viens !

Les deux femmes sont maintenant assises à table ; chacune a une large portion de millefeuille devant elle. Dès sa première bouchée, Sylvie est conquise. Les millefeuilles de Marguerite sont encore meilleurs que ceux de Suzanne.

Marguerite, qui s’apprête à porter sa cuillère à sa bouche, interrompt son mouvement afin d’observer Sylvie. Voir celle-ci manger un millefeuille est unique : elle ferme les yeux, se passe doucement la langue sur les lèvres, inspire doucement. Marguerite est fascinée.

C’est seulement lorsque Sylvie ouvre enfin les yeux pour prendre une autre bouchée que Marguerite porte sa cuillère à sa bouche.

— Sérieusement, je n’ai jamais mangé un aussi bon millefeuille, affirme Sylvie.

Ce commentaire ravit Marguerite. Elle propose :

— Si tu veux, je pourrais te donner ma recette.

Sylvie se retient de rire. Il n’est pas question qu’elle se risque un jour à faire des millefeuilles.

— Si vous saviez à quel point je suis nulle en cuisine, jamais vous ne me feriez une telle offre. Figurez-vous que je réussis à manquer la majorité des recettes que j’essaie. Vous devriez voir l’air de mes enfants et de mon mari quand je leur annonce que j’ai essayé une nouvelle recette. S’ils le pouvaient, ils s’arrangeraient pour être toujours absents à l’heure des repas afin de ne pas subir ma cuisine. Les pauvres, ils ont dû se contenter bien souvent de sandwiches au beurre d’arachide et à la confiture les soirs où je m’étais lancée dans une nouvelle recette.

— Tu exagères sûrement ! s’exclame Marguerite.

— Malheureusement, je n’exagère absolument pas. J’ai de nombreux autres talents, mais pour ce qui est de la cuisine, j’ai fini par accepter mes limites. Je réussis quelques plats, et je m’en tiens à ceux-là.

Marguerite s’interroge. Pourquoi Sylvie est-elle une si mauvaise cuisinière alors qu’elle-même excelle en cuisine ?

— Si tu veux, je pourrais t’apprendre, suggère-t-elle.

— Moi, je veux bien. Mais je vous préviens : vous êtes mieux de vous armer de patience parce que j’ai la tête très dure !

* * *

— On aura tout vu ! s’écrie François. Notre grand-mère n’a même plus de tiroir rempli de bonbons. Je me demande bien dans quel monde on vit !

— Tu ne trouves pas que tu exagères un peu ? demande Michel. Ce n’est quand même pas la fin du monde ! Et puis, Dominic et toi, vous êtes trop vieux pour ça ! Vous allez avoir quatorze ans…

— Mais on ne sera jamais assez vieux pour ne pas aimer les peppermints roses ou les pipes de réglisse noire, réagit Dominic. Et puis, toi, papa, dès que tu arrives chez ta mère, tu vas voir dans l’armoire si elle a pensé à acheter tes petits gâteaux préférés.

— Oui, mais ça, c’était avant qu’elle se marie avec René, réplique François. Tu n’as pas remarqué que papa ne le fait plus ? Moi, je n’aime plus aller chez elle, je ne me sens pas le bienvenu.

Michel doit admettre que depuis que sa mère s’est remariée, bien des choses ont changé. C’est vrai qu’il n’ose plus ouvrir les armoires chez elle parce qu’il ne s’y sent plus chez lui. Et il n’arrive plus là-bas sans crier gare, non plus. Maintenant, il appelle avant d’aller la visiter. Les garçons ont raison : plus rien n’est comme avant.

Luc, qui vient d’entrer dans la cuisine, n’a entendu que la dernière phrase de François. Pourtant, il commente :

— Je suis d’accord avec toi, même que j’ai décidé de ne plus aller chez grand-maman.

— Mais vous ne pouvez pas faire ça ! proteste Michel. C’est quand même votre grand-mère.

— Tu as raison, répond Dominic. Mais rien ne nous oblige à aller la voir si on n’en a pas envie.

— Je ne suis pas d’accord, objecte Michel. Ça va lui faire beaucoup trop de peine. Vous savez comme moi à quel point elle vous aime. Je ne peux pas croire, mes garçons, que vous ayez oublié tout ce qu’elle a fait pour vous toutes les fois que vous êtes allés à Jonquière.

— C’est justement pour ça qu’on ne veut plus y aller, explique Luc. Nous autres, c’est cette grand-mère qu’on aimait, pas celle qu’on a depuis qu’elle s’est mariée avec René.

Michel n’aurait jamais cru que ses fils pouvaient se montrer aussi sévères à l’égard de leur grand-mère, eux qui ne tarissaient pas d’éloges envers elle jusqu’à ce qu’elle se remarie. Leur père pourrait les forcer à aller la voir, mais il veut éviter qu’ils se montrent froids et distants avec Marie-Paule. Michel sait que leur attitude blesserait alors davantage sa mère que leur absence.

— Une chance qu’on a grand-maman Suzanne, commente Dominic en soupirant. Chez elle, au moins, on est les bienvenus.

— Au nombre de fois qu’on la voit dans une année depuis que grand-papa Camil et elle vivent à L’Avenir, dit François, elle aurait toutes les excuses de ne pas se rappeler ce qu’on aime, mais elle s’en souvient toujours.

— C’est parce qu’on est importants pour elle, tranche Luc.

Il est de plus en plus douloureux pour Michel d’entendre ses fils parler ainsi de sa propre mère. Il est temps qu’ils se taisent. Il se frotte le menton pendant quelques secondes avant de prendre la parole.

— Je ne peux rien vous promettre, dit-il, mais je vais parler à ma mère.

— Si tu veux… lâche Luc sur un ton résigné. Mais pour ma part, je ne pense pas que ça va changer grand-chose.

Michel espère le contraire. Il veut croire que ses enfants, et les enfants de ses frères et sœurs, sont encore importants pour sa mère.

Sur un ton plus joyeux, Luc s’adresse aux jumeaux :

— Ça vous dirait de venir avec moi à la bibliothèque ?

Comme Luc s’y attendait, la réaction de ses frères ne se fait pas attendre.

— Tu es malade ou quoi ? s’offusque Dominic.

— Tu as vraiment du temps à perdre ! s’exclame François. La vie est bien trop courte pour la passer à la bibliothèque… J’espère que tu ne pensais pas qu’on accepterait d’y aller !

Le sourire aux lèvres, Luc sort de la cuisine. Il y a des jours où il ne comprend pas ses frères. On dirait qu’ils ont peur d’entrer dans une bibliothèque. Pourtant, ils aiment lire. Pas autant que lui, peut-être, et pas le même genre de lectures, mais ils dévorent toutes les bandes dessinées de Tintin et de Martin le malin.

— Bon, François et moi, on a des choses à faire, déclare Dominic. Salut, papa !

Une fois seul, Michel regarde l’heure. Il aurait le temps d’aller voir sa mère, à la condition bien sûr qu’elle soit disponible. Il décide de s’y rendre à pied, ce qui lui donnera un peu de temps pour réfléchir. « Je vais commencer par lui parler des enfants. Pour le reste, on verra. »

Marie-Paule l’accueille chaleureusement.

— Entre vite ! J’ai gelé toute la journée ! Même à l’âge que j’ai, je ne me suis pas encore habituée à l’hiver.

Avant même que Michel enlève son manteau, Marie-Paule embrasse son fils sur les joues.

— Prendrais-tu une bière ? lui propose-t-elle ensuite.

— Vous savez bien que je ne refuse jamais une telle offre, répond Michel en déposant son manteau sur un crochet près de la porte.

Marie-Paule va chercher une bière. Puis, elle tend l’ouvre-bouteille à Michel et s’assoit près de son fils à la table de la cuisine.

— Je suis contente que tu sois venu me voir, dit-elle en posant sa main sur celle de son fils. Je disais justement à René tout à l’heure que je ne te voyais pas assez souvent. Je ne sais pas si c’est moi qui me fais des accroires, mais j’ai l’impression d’avoir moins de visite depuis que je me suis remariée. Je ne vois pratiquement plus les jumeaux ni Luc. Même Sylvie ne vient presque plus me voir.

Michel se frotte les mains et plisse le nez, ce qui, évidemment, n’échappe pas à Marie-Paule.

— Est-ce qu’il y a quelque chose qui ne va pas, mon garçon ? demande-t-elle d’un air inquiet.

Michel voudrait se retrouver à des milles d’ici. Il déteste par-dessus tout faire de la peine à sa mère.

— Je ne sais pas trop comment vous le dire, mais…

Marie-Paule profite de la pause de Michel pour déclarer :

— Comme ça vient, mon garçon. Je t’écoute.

Lorsque Michel termine ses explications, même s’il a choisi avec soin tous ses mots, Marie-Paule a les yeux pleins de larmes.

— Pauvres enfants ! s’exclame-t-elle. Je savais bien qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. C’est drôle parce que le jour où on a emménagé ici, René m’a justement demandé pourquoi je n’avais plus de tiroir rempli de bonbons. Je lui ai tout de suite répondu que mes petits-enfants étaient maintenant trop grands. Je l’entends encore me dire qu’il n’y a pas d’âge pour ça, que chaque fois qu’il rendait visite à sa mère il n’avait jamais manqué une occasion d’aller fouiller dans le fameux tiroir pour se choisir quelques bonbons, qu’il mangeait en retournant chez lui. Je suis loin d’être fière de moi. J’aurais dû l’écouter. Tu peux dire à tes enfants que dès demain je vais remédier à la situation.

Une fois de plus, Michel préférerait être ailleurs.

— Je ne veux pas vous décourager, mais je ne crois pas que ce soit aussi simple. Vous savez comme moi que ce n’est pas facile de les faire changer d’idée. Aussi bien tout vous dire : François, Dominic et Luc croient dur comme fer qu’ils ne sont plus importants pour vous.

— Voyons donc ! Ils se trompent royalement. Si j’étais du genre à avoir des préférés, les jumeaux et Luc figureraient en haut de ma liste. Il n’est pas question que je les laisse me rayer de leur vie. Je les aime beaucoup trop pour ça.

Pendant qu’elle essuie ses larmes du revers de la main, Marie-Paule réfléchit à des solutions pour que ses petits-enfants recommencent à venir la voir.

— Je sais ce que je vais faire. Je vais les inviter tous les trois à manger et je vais leur parler.

La gorge nouée par l’émotion, Marie-Paule ajoute :

— Il n’est pas question que je ne les voie plus.

— Je peux leur transmettre un message, si vous voulez.

— Non ! s’empresse de répondre Marie-Paule. Je vais leur envoyer une invitation officielle. Mais, dis-moi, est-ce qu’il y a d’autres personnes que j’ai négligées chez vous ?

Michel se dit qu’il vaut mieux tout déballer aujourd’hui. Il parle d’abord de ses propres besoins. La réaction de sa mère ne se fait pas attendre :

— Un instant ! Ce n’est pas parce que je n’achète plus tes gâteaux préférés que j’ai tout oublié. J’essayais simplement de t’aider à contrôler ton diabète.

Si ces paroles sortaient de la bouche d’une autre personne que sa mère, Michel s’emporterait sûrement. Mais il se contente de répondre :

— C’est très gentil de votre part, mais je suis assez vieux pour m’occuper de ma santé. Et ce que je vais vous dire là peut passer pour de l’immaturité, mais je suis un peu comme mes enfants : je veux me sentir important quand je viens vous voir. J’ai besoin de savoir que vous pensez à moi.

Marie-Paule se demande comment elle a pu faire autant d’erreurs depuis qu’elle vit avec René. A-t-elle renié la « caverne d’Ali Baba », comme les jumeaux et Luc appellent le tiroir à bonbons, par peur d’incommoder son mari avec les rituels familiaux ? Était-ce par crainte de se faire critiquer qu’elle a cessé d’acheter les gâteaux préférés de Michel et les friandises favorites de ses autres enfants ? Certes, elle s’est débarrassée de tous ses meubles avant de se remarier, mais jamais elle n’a songé un seul instant à exclure les siens de sa nouvelle existence. Ce n’est d’ailleurs pas ce que souhaiterait René. De nature réservée, ce dernier peut paraître froid, mais il dit souvent à Marie-Paule à quel point il aime ses enfants et ses petits-enfants. « Je te remercie du fond du cœur de me permettre de vivre ça. Crois-moi, jamais je ne ferai quoi que ce soit pour éloigner ta famille de toi. Je veux que tes enfants et tes petits-enfants se sentent chez eux quand ils viennent ici. »

— Je comprends, murmure Marie-Paule. Est-ce que c’est tout ?

Michel aurait aimé parler de ce que Sylvie lui a dit, mais il voit bien que c’est suffisant pour cette fois.

— C’est bien assez, vous ne trouvez pas ? Je vous ai fait assez de peine pour aujourd’hui.

Malgré sa tristesse, Marie-Paule tient mordicus à aller au fond des choses.

— Je t’écoute, dit-elle en faisant un effort pour contrôler ses émotions.

— Sylvie s’ennuie de vous, révèle Michel.

Des larmes coulent sur les joues de Marie-Paule. Michel sort un mouchoir de sa poche de pantalon et le tend à sa mère.

— Je suis désolé, dit-il en caressant le bras de sa mère.

— C’est moi qui dois me sentir désolée, pas toi.