L'objectif de ce dossier consiste à donner à la fois des pistes et un matériau pour une lecture approfondie et documentée du roman de Maupassant. Aussi, à la mise en évidence de thèmes abordés isolément, nous avons préféré la présentation de textes utiles à une mise en perspective de ce roman qui s'inscrit dans une actualité historique et autobiographique précise, et qui gagne également à être lu en regard d'autres réalisations contemporaines.
Les documents proposés se situent soit en amont de Bel-Ami – c'est le cas des lettres à Flaubert, des chroniques publiées par Maupassant dans les journaux, de la préface composée par Maupassant pour un roman de Paul Ginisty –, soit en aval du roman : il s'agit de la réponse aux critiques, et du texte extrait de L'Argent d'Émile Zola, qui aborde en 1891, soit six ans après Maupassant, le même univers que Bel-Ami.
La comparaison entre ces différents textes permettra tout d'abord de mesurer le travail de transposition effectué par le romancier à partir d'expériences individuelles. Elle donnera aussi les outils nécessaires à l'évaluation des armes de la satire romanesque : la condamnation, dans Bel-Ami, des pratiques coloniales françaises, substitue l'ironie à la dénonciation directe, qui est réservée aux tribunes journalistiques. La nature des critiques adressées à Maupassant dans le milieu journalistique renvoie, elle aussi, à la question de l'ironie et de ses cibles. Un certain malentendu semble avoir brouillé les relations entre certains journalistes – qui se sont considérés comme les victimes du roman – et l'auteur – qui entendait faire le portrait d'un ambitieux et non d'un homme de presse.