[1]Ces
deux vers, qui devaient être gravés en 1924 sur la tombe de
l’auteur, sont extraits de The Faerie Queen (La Reine des Fées,
1589, livre I, chant LX, strophe 40) d’Edmund Spenser
(1552-1599).
[2]G.
Jean-Aubry était l’ami intime et fut le principal traducteur de
Conrad. Cette dédicace est l’un des éléments qui ont déterminé le
choix du titre français.
[3]Le
câble d’ancre, évidemment. Au début du XVIIIe siècle, le câble
était normalement en chanvre ; les câbles-chaines en métal
furent progressivement substitués aux cordages pour cet usage. Dans
la première version imprimée de ce passage, le texte anglais
contenait le mot chain au lieu de cable. G. Jean-Aubry (voir son
édition des Lettres françaises de Conrad, Gallimard, 1929, p.
198-199) a retrouvé un brouillon de lettre au lieutenant de
vaisseau Blanchenay sur ce sujet. Conrad lui écrivait : « Merci
bien de votre bonne lettre à propos du Rover. Elle prouve surtout
l’humanité de votre caractère, car le premier paragraphe de ce
livre contient un anachronisme atroce pour lequel vous auriez pu me
faire passer au conseil. Je veux dire le bruit de chaîne quand
Peyrol jette l’ancre dans l’avant port. Une chaîne en 1796 !
C’est inouï ! Je n’avais pas pu lire les épreuves moi-même.
Quinze jours après l’arrivée du premier exemplaire, je l’ouvris
d’une main distraite. Vous pouvez imaginer la secousse que ce bruit
de chaîne m’a donné [sic]. J’ai commencé par le geste de m’arracher
les cheveux ; puis je me suis dit qu’à mon âge ça ne se
faisait pas ; qu’il fallait me résigner à porter cette chaîne
à mon cou jusqu’à la fin de ma vie. »
[4]Peyrol
est l’un des rares héros ou protagonistes de Conrad qui ne soient
pas jeunes ; et surtout il approche de l’âge qu’avait l’auteur
au moment d’écrire ce roman.
[5]Relever (une voile carrée) pli par pli et la fixer le
long d’une vergue.
[6]Le
texte contient ici le mot rover qui constitue le titre anglais du
roman. Il est indispensable de lui donner dans le présent contexte
son sens habituel.
[7]Dans
la ville du Cap, fondée en 1652 par les Hollandais à la pointe sud
de l’Afrique, non loin du cap de Bonne-Espérance.
[8]Les
îles du Cap-Vert sont un archipel portugais situé dans
l’Atlantique, à l’ouest du Sénégal, et le cap Spartel se trouve sur
la côte du Maroc à l’entrée de la Méditerranée, près de
Tanger.
[10]L’Almanarre est une petite localité côtière située en
bordure des Salins des Pesquiers, à l’ouest de la presqu’île de
Giens.
[11]Petit bâtiment ayant un grand mât, un mât de tapecul
et un beaupré.
[12]Bras
de mer de l’océan Indien, entre l’Afrique et
Madagascar.
[13]Le
cap de Bonne-Espérance avait été nommé « cap des Tempêtes » par son
découvreur portugais, Bartolomeu Dias, en 1487. C’est le roi Jean
II qui préféra le rebaptiser.
[14]La
presqu’île se compose d’une étroite bande de terre orientée du nord
au sud sur 4 km, et à son extrémité d’une bande plus large et très
découpée, orientée d’ouest en est sur 6 km.
[15]Le
cap de l’Esterel est la pointe est de la presqu’île de
Giens.
[16]Cette expression, d’allure un peu solennelle en
anglais, est peut-être une allusion biblique (voir Ex., 11,
22).
[17]Le
mohur était une monnaie d’or de l’Inde britannique, valant 15
roupies. La « pièce » ou « pièce de huit » espagnole valait huit
réals ; quant à la guinée anglaise, créée en 1684, elle a valu
entre 30 et 21 shillings, et a cessé depuis 1817 d’être représentée
par une pièce de monnaie.
[18]Les
salines qui longent l’ouest de la presqu’île de Giens (Salins des
Pesquiers) sont parmi les plus étendues de la région
[19]La
lagune des Pesquiers comprend, au sud des Salins, un grand
étang.
[20]G.
Jean-Aubry, dans son introduction au Frère-de-la-Côte, pensait que
Conrad avait adapté le nom de la pointe Escampobarine, à
l’extrémité sud-ouest de la presqu’île. Mais Claudine
Lesage-Holuigue (voir « Topographie d’un roman : Le
Frère-de-la-Côte », L’Univers conradien, Limoges, 1988, p. 117-127)
a démontré qu’il existe un domaine situé au sud de l’ancien château
et portant le nom de L’Escampobar.
[21]Ce
nom, donné pendant la Révolution aux personnes rattachées par leur
naissance ou leur fortune à l’Ancien Régime, est invariable en
français. En anglais, Conrad le met au pluriel sous la forme
ci-devants.
[22]En
faisant dire à Peyrol « You other sans-culottes », Conrad lui
attribue un gallicisme ; mais c’est de façon délibérée, comme
ce sera souvent le cas dans la suite du roman. La traduction
littérale d’expressions françaises contribue à créer la couleur
locale.
[23]Ce
prénom du personnage, par allusion à Mucius Scaevola, l’héroïque
jeune Romain, est plus approprié à un républicain fanatique que
n’importe quel saint du calendrier. Cependant Scevola Bron a reçu
son prénom de ses parents, longtemps avant la Révolution ; le
texte ne dit pas qu’il ait changé de prénom récemment.
[24]La
forme anglaise postured on the very doorstep est insolite quoique
intelligible.
[25]Le
cap Cépet forme la pointe sud-est de la presqu’île de
Saint-Mandrier, qui ferme la rade de Toulon. L’église
Notre-Dame-du-Mai, qui s’appelait naguère Notre-Dame-de-la-Garde,
se trouve sur le cap Cicié et non sur le cap Cépet plus à
l’ouest.
[26]Au
cours d’une longue carrière sur des mers lointaines, Peyrol a vu
bien des bateaux divers, dont les catamarans (pirogues à flotteurs
latéraux), les ballahous (connus aux Bermudes et aux Antilles), les
praos (bateaux malais caractérisés par deux gouvernails latéraux)
et les lorchas (bâtiments dont la coque est de forme européenne
mais le gréement chinois).
[27]Le
Cap Cicié se trouve au sud-est de Toulon, à peu près à la latitude
de Giens.
[28]Au
sud-est des Pesquiers, sur la côte nord de la presqu’île de
Giens.
[29]Le
texte donne un exemple pittoresque de gallicisme délibéré quand
Peyrol parle de all my little affairs.
[31]Il
n’est pas étonnant qu’un marin français ait noué des relations dans
ce comptoir français du sud-est de l’Inde.
[32]D’après les recherches menées par Gerald Morgan et
dont les résultats nous ont été obligeamment communiqués par Pierre
Lefranc, ce corsaire français correspondrait à l’Émilie, dont
l’existence est attestée en 1797.
[33]Port-Louis est la plus grande ville de l’île Maurice,
où Conrad avait séjourné en 1888 et où la population comprend une
forte proportion d’Indiens.
[34]On
voit mal comment Peyrol pouvait disposer de dollars avant l’époque
de la Révolution française, cette devise ayant été répandue aux
États-Unis en 1794, en Orient à partir de 1873.
[35]Faubourg de la ville de Narasapur (État de Madras en
Inde) ; il a donné son nom (mais en français seulement) au
tissu de coton qu’on y fabriquait dans les débuts de la Compagnie
des Indes orientales.
[36]C’est encore le mot rover qu’on trouve ici ; le
contexte invitait cette fois à le traduire par « forban
».
[37]Dans
la France révolutionnaire, le jour de repos est le dixième et
dernier jour de la décade.
[38]Dans
le texte : a leaf does not pose itself lighter ; c’est un
gallicisme flagrant, introduit probablement à dessein, puisque la
conversation est censée se dérouler en français.
[40]L’expression anglaise as if she had two voices nithin
her semble évoquer l’un des plus célèbres poèmes d’Alfred Tennyson
(1809-1892), « The Two Voices » (« Les Deux Voix »,
1833).
[41]Partie extrême du pont supérieur, à
l’arrière.
[42]C’est en 1805 que Horatio Nelson fut nommé au
commandement de la flotte britannique en Méditerranée, choisit le
Victory comme navire-amiral et tenta d’instaurer le blocus de
Toulon.
[43]C’est-à-dire : « ramez en longeant la terre », « en
passant tout près de la terre ».
[44]Erreur historique. Richard, premier comte de Howe
(1726-1799), amiral anglais, connu pour sa victoire du 1er juin
1794 sur les Français au large d’Ouessant, ne prit aucune part aux
actions qui se déroulèrent en Méditerranée en 1793. C’est à
l’amiral Hood que Toulon se rendit.
[45]Traité conclu entre la France et l’Angleterre en 1802
et mettant fin à la seconde coalition.
[46]Nelson avait été fait « Baron Nelson du Nil » en 1798
en récompense de sa victoire sur la flotte française en baie
d’Aboukir, et en 1801 était devenu vicomte Nelson après l’attaque
de Copenhague.
[47]Jack
est le diminutif usuel du prénom John (forme anglaise de
Jean) ; le prénom James (équivalent de Jacques) a pour
principal diminutif Jim.
[48]Le
titre de patron de chaloupe ou de canot (en anglais coxswain,
cockswain) est donné à l’officier ou au matelot de confiance qui
tient le gouvernail, veille à l’armement et commande les marins
d’une embarcation.
[52]Ali
Kassim (appelé aussi Kasim Ali Khan et Mir Kasim) était un
dirigeant du Bengale, renommé pour sa collection de joyaux et la
férocité avec laquelle il massacra 150 Anglais. Il fut vaincu en
1764 et mourut en 1777.
[53]Bâtiment de commerce de 150 à 200 tonneaux, à gréement
latin sur un seul mât, rencontré dans la mer Rouge, le golfe
Persique et l’océan Indien.
[54]En
anglais, a horrible subject of conversation constitue encore un
gallicisme probablement volontaire.
[55]Combat naval qui se déroula le 1er août 1798 et au
cours duquel Nelson détruisit la flotte française commandée par
Brueys. Aboukir est une ville de la basse Égypte, au nord-est
d’Alexandrie.
[56]L’anglais a single cover est un gallicisme surprenant,
puisqu’il intervient en dehors d’une conversation.
[57]Expression biblique fréquente (voir par exemple Esth.,
IV, 1) ; la coutume d’exprimer par la cendre la tristesse et
le deuil est répandue dans tout l’Orient.
[58]Le
narrateur donne à ces îles leur nom français de Baléares ; en
anglais on les appelle Balearies.
[59]Barbarie, ou États barbaresques ; nom donné
autrefois aux régions de l’Afrique du Nord situées à l’ouest de
l’Égypte.
[60]Sorte de panneau vitré sur une écoutille du pont
supérieur, donnant du jour à un logement.
[61]Échelle ou escalier permettant de descendre dans
l’intérieur d’un navire.
[62]Toulon étant un port militaire, l’Arsenal y occupe une
place importante ; il est situé au fond de la Petite Rade, à
l’ouest du centre de la ville.
[63]Dans
le texte, the son Bron est une forme calquée – sans doute à dessein
– sur le français.
[64]Conrad semble penser que le couteau de cuisine est
l’arme naturelle de la femme (voir par exemple la fin du chapitre
XI de L’Agent secret).
[65]De
l’île de Zanzibar, au large de la côte orientale de l’Afrique
(Tanzanie) jusqu’au cap Guardafui, à la pointe nord-est de la
Somalie et à l’entrée du golfe d’Aden, il y a plus de 2 000
km.
[66]Conrad appelle en anglais les Malgaches
Malagashes ; on dit aussi Malagasy.
[67]Le
texte dit mortal envelopes. Selon J.H. Stape, annotateur de The
Rover pour l’Oxford University Press, cet emploi de envelope est un
gallicisme de l’auteur.
[68]Cordages composés de trois à quatre torons tordus
ensemble, atteignant de huit à trente-deux centimètres de diamètre
et servant à remorquer ou à amarrer un navire.
[69]Peyrol n’est pas sans ressemblance avec Dieu qui,
ayant créé la lumière, la trouva bonne (voir Gen., I,
4).
[70]L’emplanture est l’encaissement où se loge et repose
le pied d’un mât.
[71]Robert Surcouf (1773-1827) fit la course contre les
Anglais dans l’océan Indien.
[79]J.H.
Stape signale que Conrad emprunta cet incident aux Mémoires de
Louis Garneray (Voyages, aventures et combats, 1853) : celui-ci
raconte que Kernau, un de ses anciens compagnons, avait reconnu un
Frère-de-la-Côte dans la capitale des Philippines, sous la robe
d’un moine franciscain.
[80]«
Marin », en espagnol. En italien, on dirait marinaro.
[81]Dans
le texte, Peyrol dit : She makes a pied de nez what you call thumb
to the nose (« elle fait un pied de nez, ce que vous appelez pouce
au nez »). En fait, l’anglais n’emploie pas du tout cette
expression, mais seulement le mot snook(s) pour désigner le même
geste de défi.
[82]Brasser les vergues, c’est les orienter, ce qu’on fait
généralement en fonction du vent ; elles sont brassées carré
quand elles sont perpendiculaires à l’axe du navire.
[83]L’emploi de surge ou surge up au sens du français «
surgir » est un gallicisme fréquent chez Conrad.
[84]Faire une abattée, ou abattre, c’est pivoter sous
l’effet de la lame.
[85]Comme souvent, le sens du mot candid chez Conrad peut
être, soit le sens habituel en anglais (« sincère »), soit le sens
français (« naïf »).
[86]Allusion à un dicton : Out of sight out of mind
(analogue à notre « Loin des yeux loin du coeur ») popularisé par
le poème « That Out of Sight » dans Songs in Absence (Chants de
l’absence) d’Arthur Hugh Clough (1819-1861).
[87]La
formule anglaise presiding genius (« génie qui préside ») semble
assez courante ; elle l’est peut-être devenue sous l’influence
d’une lettre du poète John Keats à son ami B.H. Haydon, où il
parlait de « a good genius presiding over you » (« un bon génie qui
préside au-dessus de vous », c’est-à-dire qui vous dirige et vous
protège).
[88]Catherine dit en anglais a grey-haired man,
serious ; la place du deuxième adjectif est tout à fait
contraire à l’usage anglais ; bien entendu, le gallicisme est
ici délibéré.
[89]Le
narrateur emploie ici le mot chieftainess, féminin archaïque de
chieftain, terme lui-même assez rare.
[90]Dans les temples indiens, les figures ayant plus de
deux bras (par exemple quatre, ou six, ou dix) ne sont pas
rares ; les trois têtes sont fréquentes ; cependant un
brahma de Kuruwatti (près de Madras) a quatre têtes et quatre bras,
et une statue d’Aripacan-Maiijuru, au Bengale, trois têtes et six
bras. Un nombre impair de bras serait plus insolite.
[91]Le
mot retracted employé ici est rare en anglais, surtout en ce sens,
mais il se rencontre plusieurs fois dans Victoire quand l’auteur
décrit Ricardo.
[92]En
anglais : dropped an anchor under foot. L’intention est de
s’amarrer momentanément, sur une seule ancre et de façon
précaire.
[93]Les
cargues sont les cordages servant à retrousser les voiles sur
elles-mêmes.
[95]Le
texte dit near six bells in the first watch (« près de six coups de
cloche du premier quart ») ; à bord d’un navire, on sonne
l’heure en frappant la cloche avec son battant d’autant de coups
qu’il s’est écoulé de demi-heures depuis le début du quart (période
de service pour une équipe).
[96]Dans la marine de guerre, sous-officier chargé
particulièrement de faire exécuter les ordres relatifs à la police
du bord et de veiller sur les armes portatives.
[97]Levier en bois de chêne dont l’extrémité peut être
garnie d’une armature de fer.
[98]Instrument en fer pour harponner les poissons. Il
s’appelle en anglais fish-gig ou fishing spear. Conrad emploie en
fait fish-grains, qui ne semble pas exister.
[99]Ouverture à peu près carrée pratiquée dans les ponts
pour établir la communication entre eux.
[100]Agir avec les avirons d’une embarcation de manière à
la faire marcher par l’arrière.
[101]Placer ou tenir debout, en situation à peu près
verticale.
[102]À
plusieurs reprises, Conrad décrit Réal comme un pédant. Dans une
lettre à son ami Garnett écrite le 24 décembre 1923, il parlait
encore de ce personnage comme « l’enfant de la Révolution […] avec
son tour d’esprit et de conscience austère et pédant » (Letters
from Conrad. 1895-1924, Londres, 1928, p. 298-299). Réal n’est
pourtant pas enclin à faire étalage de son savoir. On est tenté de
se demander si Conrad n’a pas confondu pédant et pointilleux, ou
pédantisme et puritanisme.
[103]La tentation suicidaire se rencontre souvent dans les
romans de Conrad, qui avait lui-même attenté à ses jours à
Marseille en février 1878.
[104]Allusion évidente à Pygmalion, dont le nom était
particulièrement familier en Angleterre depuis que Bernard Shaw
avait fait représenter et publier une brillante pièce sous ce titre
en 1912.
[105]Les disposer pour ramer ou nager, de manière que les
hommes n’aient qu’à agir dessus, quand ils en recevront
l’ordre.
[106]Dans le texte, on trouve ici un deuxième emploi de
l’adverbe pedantically (voir note n. 103).
[107]Un navire dont les vergues sont brassées c’est-à-dire
orientées n’importe comment est désemparé.
[108]La ralingue étant un cordage cousu en renfort sur le
côté d’une voile, une voile est en ralingue quand elle est disposée
de manière que le vent la frappe dans la direction de sa ralingue
de chute qui est au vent, c’est-à-dire de manière que la voile ne
soit ni pleine ni coiffée et n’ait aucune influence sur la marche
du navire.
[109]L’idée que la vie est un songe a été exprimée à
maintes reprises par des poètes comme Shelley, Poe, Longfellow,
Browning, sans parler de Shakespeare, tous plus conscients et
cultivés que Peyrol.
[110]La Petite Passe sépare la presqu’île de Giens de l’île
de Porquerolles. Le cap Blanc, au sud du cap Bénat, se trouve à
l’extrême est de la rade d’Hyères.
[111]Étance grossière et forte ; une étance est une
sorte d’épontille en bois sommairement équarri qu’on place sous le
pont pour le soutenir à des endroits où il risquerait de
fléchir.
[112]Cordage destiné à tendre le bord inférieur d’une
voile.
[113]Bien que l’anglais emploie pour désigner cette
manoeuvre l’expression to masthead the yards, il est évident que
les vergues ne sont pas toutes en tête de mât.
[114]Carguer une voile, c’est en retrousser les angles
inférieurs (en agissant sur les cordages nommés cargue-joints) pour
la soustraire en partie à l’action du vent.
[115]Lieu où étaient les bureaux du major de la Marine,
officier qui présidait à l’établissement de la garde dans
l’Arsenal.
[116]Déhaler, c’est haler en dehors (généralement, tirer
d’une position fâcheuse). Se déhaler, c’est se sortir d’une
situation d’immobilité, telle qu’un échouement.
[117]Embraquer (ou abraquer) un cordage, c’est haler dessus
pour le tendre ou en faire disparaître le mou.
[118]Éviter (sur son ancre), c’est pour un navire au
mouillage changer de direction sous l’action du vent ou d’un
courant.
[119]Changea de direction pour gonfler ses voiles et
prendre de la vitesse.
[120]Un hunier est une voile carrée fixée à la vergue d’un
mât de hune (surmontant un bas mât).
[121]Un chouquet est un billot quadrangulaire en bois,
cerclé de fer et solidement fixé au tenon du sommet d’un
mât.
[122]Gradé choisi parmi les matelots de 1re classe et
exerçant, sous les ordres des officiers, une autorité directe sur
les hommes de l’équipage.
[123]Avait arrêté le navire en orientant les voiles de
façon qu’elles ne prennent plus le vent.
[125]Éventer, ou faire servir, c’est manoeuvrer un navire
pour lui faire quitter la panne, en sorte qu’il fasse
route.
[126]La hanche est la partie d’un navire comprise entre les
porte-haubans d’artimon et la poupe.
[127]Le texte dit : under all plain sail, ce qui désigne
toutes les voiles établies normalement par temps ordinaire, sans
prendre de dispositions particulières pour forcer
l’allure.
[128]Longues manoeuvres dormantes (cordages fixes) servant
à assujettir, par le travers et vers l’arrière, les mâts
supérieurs.
[129]Adopter l’allure du plus près, c’est-à-dire la
direction de sa route approchant de celle du vent.
[130]Le mot anglais malicious employé dans le texte
signifie généralement « méchant » ou « hostile ». Conrad semble lui
donner ici plutôt le sens du français « malicieux » (malin, taquin,
railleur).
[131]Choquer, c’est relâcher progressivement la tension
d’un cordage ou d’un câble.
[133]Morceau de bois dur ou de métal portant deux cornes et
fixé en divers endroits du navire pour y tourner des
cordages.
[134]Placer la barre du gouvernail du côté sous le
vent.
[135]Partie comprise entre les gaillards d’avant et
d’arrière ; milieu d’un navire.
[136]Solide montant vertical destiné à supporter l’effort
des câbles d’amarrage ou de mouillage.
[137]Nom donné par abréviation au bout-dehors de foc (un
foc est une sorte de voile triangulaire ou latine établie sur une
draille (cordage) tendue entre les mâts de beaupré et de
misaine).
[138]En anglais, de façon expressive, seatop (« haut de mer
») ; cette crête est arrachée par le vent.
[139]Le mot, laissé en anglais à cause du contexte,
pourrait se traduire par « Droit(e) la barre ! », ordre visant
à obtenir que la barre ne se trouve ni d’un côté ni de l’autre du
navire, mais au milieu, dans le sens de la quille du
bâtiment.
[140]Fermez l’angle que forme cette voile par rapport à
l’axe longitudinal du navire.
[141]Un navire de ce nom faisait effectivement partie de la
flotte britannique au large de Toulon.
[142]Le commandant du Superb s’appelait Sir Richard Goodwin
Keats (1751-1834) ; il s’était distingué pendant la guerre
contre la France de 1793 à 1801 et fut nommé amiral en
1825.
[143]Les amures sont des cordages destinés à fixer le point
inférieur (d’une basse voile) qui se trouve au vent. Changer
d’amures, c’est virer de bord pour recevoir le vent du côté du
navire qui, auparavant, était sous le vent.
[144]Nom historique du célèbre navire amiral de Nelson,
cinquième et dernier du nom dans la marine britannique, lancé en
1765, achevé en 1778. C’est à bord du Victory que Nelson mourut à
Trafalgar, en 1805, et c’est le Victory qui rapporta sa dépouille à
Londres.
[150]Une voile d’étai est enverguée (fixée) à un étai (gros
cordage tendu entre la tête d’un mât et un point du pont situé en
avant pour consolider ce mât contre les efforts de l’avant vers
l’arrière).
[151]Agir sur les bras qui étaient du côté du vent pour
orienter ces vergues de façon à ralentir l’allure.
[152]Lisse située au-dessus du niveau du garde-corps
principal.
[153]Selon J. H. Stape, ce fort se trouve sur la côte
sud-est de l’île de Port-Cros (une des îles d’Hyères), mais,
construit en 1810-1811, ne s’y trouvait pas encore au moment de
l’action décrite dans ce passage (c’est-à-dire en
1804).
[154]La cathédrale de Toulon, construite au XIIe siècle et
appelée parfois Sainte-Marie-Majeure, a retrouvé son nom de
Sainte-Marie-de-la-Seds (c’est-à-dire du siège). D’après les
historiens de Toulon, la ville cessa à plusieurs reprises d’être le
siège d’un évêché, au bénéfice d’Hyères en 1381 et de nouveau au
XVe siècle, au bénéfice de Fréjus en 1790, d’Aix en 1802. C’est
seulement en 1958 que Sainte-Marie-de-la-Seds est redevenue
cathédrale à part entière. (Renseignements dus à Gufflemette
Coulomb, conservateur au Musée du Vieux Toulon.)
[155]Cette désignation surprend, Le cap de l’Esterel ne
porte aucune chaîne de montagnes ; la seule « chaîne » qu’on
puisse apercevoir dans la situation décrite en ce passage est le
massif des Maures.