[1] Ces deux vers, qui devaient être gravés en 1924 sur la tombe de l’auteur, sont extraits de The Faerie Queen (La Reine des Fées, 1589, livre I, chant LX, strophe 40) d’Edmund Spenser (1552-1599).
[2] G. Jean-Aubry était l’ami intime et fut le principal traducteur de Conrad. Cette dédicace est l’un des éléments qui ont déterminé le choix du titre français.
[3] Le câble d’ancre, évidemment. Au début du XVIIIe siècle, le câble était normalement en chanvre ; les câbles-chaines en métal furent progressivement substitués aux cordages pour cet usage. Dans la première version imprimée de ce passage, le texte anglais contenait le mot chain au lieu de cable. G. Jean-Aubry (voir son édition des Lettres françaises de Conrad, Gallimard, 1929, p. 198-199) a retrouvé un brouillon de lettre au lieutenant de vaisseau Blanchenay sur ce sujet. Conrad lui écrivait : « Merci bien de votre bonne lettre à propos du Rover. Elle prouve surtout l’humanité de votre caractère, car le premier paragraphe de ce livre contient un anachronisme atroce pour lequel vous auriez pu me faire passer au conseil. Je veux dire le bruit de chaîne quand Peyrol jette l’ancre dans l’avant port. Une chaîne en 1796 ! C’est inouï ! Je n’avais pas pu lire les épreuves moi-même. Quinze jours après l’arrivée du premier exemplaire, je l’ouvris d’une main distraite. Vous pouvez imaginer la secousse que ce bruit de chaîne m’a donné [sic]. J’ai commencé par le geste de m’arracher les cheveux ; puis je me suis dit qu’à mon âge ça ne se faisait pas ; qu’il fallait me résigner à porter cette chaîne à mon cou jusqu’à la fin de ma vie. »
[4] Peyrol est l’un des rares héros ou protagonistes de Conrad qui ne soient pas jeunes ; et surtout il approche de l’âge qu’avait l’auteur au moment d’écrire ce roman.
[5] Relever (une voile carrée) pli par pli et la fixer le long d’une vergue.
[6] Le texte contient ici le mot rover qui constitue le titre anglais du roman. Il est indispensable de lui donner dans le présent contexte son sens habituel.
[7] Dans la ville du Cap, fondée en 1652 par les Hollandais à la pointe sud de l’Afrique, non loin du cap de Bonne-Espérance.
[8] Les îles du Cap-Vert sont un archipel portugais situé dans l’Atlantique, à l’ouest du Sénégal, et le cap Spartel se trouve sur la côte du Maroc à l’entrée de la Méditerranée, près de Tanger.
[9] Située au sud de la presqu’île de Giens.
[10] L’Almanarre est une petite localité côtière située en bordure des Salins des Pesquiers, à l’ouest de la presqu’île de Giens.
[11] Petit bâtiment ayant un grand mât, un mât de tapecul et un beaupré.
[12] Bras de mer de l’océan Indien, entre l’Afrique et Madagascar.
[13] Le cap de Bonne-Espérance avait été nommé « cap des Tempêtes » par son découvreur portugais, Bartolomeu Dias, en 1487. C’est le roi Jean II qui préféra le rebaptiser.
[14] La presqu’île se compose d’une étroite bande de terre orientée du nord au sud sur 4 km, et à son extrémité d’une bande plus large et très découpée, orientée d’ouest en est sur 6 km.
[15] Le cap de l’Esterel est la pointe est de la presqu’île de Giens.
[16] Cette expression, d’allure un peu solennelle en anglais, est peut-être une allusion biblique (voir Ex., 11, 22).
[17] Le mohur était une monnaie d’or de l’Inde britannique, valant 15 roupies. La « pièce » ou « pièce de huit » espagnole valait huit réals ; quant à la guinée anglaise, créée en 1684, elle a valu entre 30 et 21 shillings, et a cessé depuis 1817 d’être représentée par une pièce de monnaie.
[18] Les salines qui longent l’ouest de la presqu’île de Giens (Salins des Pesquiers) sont parmi les plus étendues de la région
[19] La lagune des Pesquiers comprend, au sud des Salins, un grand étang.
[20] G. Jean-Aubry, dans son introduction au Frère-de-la-Côte, pensait que Conrad avait adapté le nom de la pointe Escampobarine, à l’extrémité sud-ouest de la presqu’île. Mais Claudine Lesage-Holuigue (voir « Topographie d’un roman : Le Frère-de-la-Côte », L’Univers conradien, Limoges, 1988, p. 117-127) a démontré qu’il existe un domaine situé au sud de l’ancien château et portant le nom de L’Escampobar.
[21] Ce nom, donné pendant la Révolution aux personnes rattachées par leur naissance ou leur fortune à l’Ancien Régime, est invariable en français. En anglais, Conrad le met au pluriel sous la forme ci-devants.
[22] En faisant dire à Peyrol « You other sans-culottes », Conrad lui attribue un gallicisme ; mais c’est de façon délibérée, comme ce sera souvent le cas dans la suite du roman. La traduction littérale d’expressions françaises contribue à créer la couleur locale.
[23] Ce prénom du personnage, par allusion à Mucius Scaevola, l’héroïque jeune Romain, est plus approprié à un républicain fanatique que n’importe quel saint du calendrier. Cependant Scevola Bron a reçu son prénom de ses parents, longtemps avant la Révolution ; le texte ne dit pas qu’il ait changé de prénom récemment.
[24] La forme anglaise postured on the very doorstep est insolite quoique intelligible.
[25] Le cap Cépet forme la pointe sud-est de la presqu’île de Saint-Mandrier, qui ferme la rade de Toulon. L’église Notre-Dame-du-Mai, qui s’appelait naguère Notre-Dame-de-la-Garde, se trouve sur le cap Cicié et non sur le cap Cépet plus à l’ouest.
[26] Au cours d’une longue carrière sur des mers lointaines, Peyrol a vu bien des bateaux divers, dont les catamarans (pirogues à flotteurs latéraux), les ballahous (connus aux Bermudes et aux Antilles), les praos (bateaux malais caractérisés par deux gouvernails latéraux) et les lorchas (bâtiments dont la coque est de forme européenne mais le gréement chinois).
[27] Le Cap Cicié se trouve au sud-est de Toulon, à peu près à la latitude de Giens.
[28] Au sud-est des Pesquiers, sur la côte nord de la presqu’île de Giens.
[29] Le texte donne un exemple pittoresque de gallicisme délibéré quand Peyrol parle de all my little affairs.
[30] Peut-être Pakhoi, ou Hoppo, ou Tchan Kiung.
[31] Il n’est pas étonnant qu’un marin français ait noué des relations dans ce comptoir français du sud-est de l’Inde.
[32] D’après les recherches menées par Gerald Morgan et dont les résultats nous ont été obligeamment communiqués par Pierre Lefranc, ce corsaire français correspondrait à l’Émilie, dont l’existence est attestée en 1797.
[33] Port-Louis est la plus grande ville de l’île Maurice, où Conrad avait séjourné en 1888 et où la population comprend une forte proportion d’Indiens.
[34] On voit mal comment Peyrol pouvait disposer de dollars avant l’époque de la Révolution française, cette devise ayant été répandue aux États-Unis en 1794, en Orient à partir de 1873.
[35] Faubourg de la ville de Narasapur (État de Madras en Inde) ; il a donné son nom (mais en français seulement) au tissu de coton qu’on y fabriquait dans les débuts de la Compagnie des Indes orientales.
[36] C’est encore le mot rover qu’on trouve ici ; le contexte invitait cette fois à le traduire par « forban ».
[37] Dans la France révolutionnaire, le jour de repos est le dixième et dernier jour de la décade.
[38] Dans le texte : a leaf does not pose itself lighter ; c’est un gallicisme flagrant, introduit probablement à dessein, puisque la conversation est censée se dérouler en français.
[39] Pièce tirant un projectile de douze livres.
[40] L’expression anglaise as if she had two voices nithin her semble évoquer l’un des plus célèbres poèmes d’Alfred Tennyson (1809-1892), « The Two Voices » (« Les Deux Voix », 1833).
[41] Partie extrême du pont supérieur, à l’arrière.
[42] C’est en 1805 que Horatio Nelson fut nommé au commandement de la flotte britannique en Méditerranée, choisit le Victory comme navire-amiral et tenta d’instaurer le blocus de Toulon.
[43] C’est-à-dire : « ramez en longeant la terre », « en passant tout près de la terre ».
[44] Erreur historique. Richard, premier comte de Howe (1726-1799), amiral anglais, connu pour sa victoire du 1er juin 1794 sur les Français au large d’Ouessant, ne prit aucune part aux actions qui se déroulèrent en Méditerranée en 1793. C’est à l’amiral Hood que Toulon se rendit.
[45] Traité conclu entre la France et l’Angleterre en 1802 et mettant fin à la seconde coalition.
[46] Nelson avait été fait « Baron Nelson du Nil » en 1798 en récompense de sa victoire sur la flotte française en baie d’Aboukir, et en 1801 était devenu vicomte Nelson après l’attaque de Copenhague.
[47] Jack est le diminutif usuel du prénom John (forme anglaise de Jean) ; le prénom James (équivalent de Jacques) a pour principal diminutif Jim.
[48] Le titre de patron de chaloupe ou de canot (en anglais coxswain, cockswain) est donné à l’officier ou au matelot de confiance qui tient le gouvernail, veille à l’armement et commande les marins d’une embarcation.
[49] Câble servant à remorquer.
[50] Vergue ou mât qu’on pousse en dehors d’un bâtiment pour y établir une voile supplémentaire.
[51] L’erre est la vitesse acquise par un navire.
[52] Ali Kassim (appelé aussi Kasim Ali Khan et Mir Kasim) était un dirigeant du Bengale, renommé pour sa collection de joyaux et la férocité avec laquelle il massacra 150 Anglais. Il fut vaincu en 1764 et mourut en 1777.
[53] Bâtiment de commerce de 150 à 200 tonneaux, à gréement latin sur un seul mât, rencontré dans la mer Rouge, le golfe Persique et l’océan Indien.
[54] En anglais, a horrible subject of conversation constitue encore un gallicisme probablement volontaire.
[55] Combat naval qui se déroula le 1er août 1798 et au cours duquel Nelson détruisit la flotte française commandée par Brueys. Aboukir est une ville de la basse Égypte, au nord-est d’Alexandrie.
[56] L’anglais a single cover est un gallicisme surprenant, puisqu’il intervient en dehors d’une conversation.
[57] Expression biblique fréquente (voir par exemple Esth., IV, 1) ; la coutume d’exprimer par la cendre la tristesse et le deuil est répandue dans tout l’Orient.
[58] Le narrateur donne à ces îles leur nom français de Baléares ; en anglais on les appelle Balearies.
[59] Barbarie, ou États barbaresques ; nom donné autrefois aux régions de l’Afrique du Nord situées à l’ouest de l’Égypte.
[60] Sorte de panneau vitré sur une écoutille du pont supérieur, donnant du jour à un logement.
[61] Échelle ou escalier permettant de descendre dans l’intérieur d’un navire.
[62] Toulon étant un port militaire, l’Arsenal y occupe une place importante ; il est situé au fond de la Petite Rade, à l’ouest du centre de la ville.
[63] Dans le texte, the son Bron est une forme calquée – sans doute à dessein – sur le français.
[64] Conrad semble penser que le couteau de cuisine est l’arme naturelle de la femme (voir par exemple la fin du chapitre XI de L’Agent secret).
[65] De l’île de Zanzibar, au large de la côte orientale de l’Afrique (Tanzanie) jusqu’au cap Guardafui, à la pointe nord-est de la Somalie et à l’entrée du golfe d’Aden, il y a plus de 2 000 km.
[66] Conrad appelle en anglais les Malgaches Malagashes ; on dit aussi Malagasy.
[67] Le texte dit mortal envelopes. Selon J.H. Stape, annotateur de The Rover pour l’Oxford University Press, cet emploi de envelope est un gallicisme de l’auteur.
[68] Cordages composés de trois à quatre torons tordus ensemble, atteignant de huit à trente-deux centimètres de diamètre et servant à remorquer ou à amarrer un navire.
[69] Peyrol n’est pas sans ressemblance avec Dieu qui, ayant créé la lumière, la trouva bonne (voir Gen., I, 4).
[70] L’emplanture est l’encaissement où se loge et repose le pied d’un mât.
[71] Robert Surcouf (1773-1827) fit la course contre les Anglais dans l’océan Indien.
[72] Rambarde de la muraille d’un navire.
[73] La carlingue, qui recouvre le dessus de la contre-quille, se trouve au fond de la cale.
[74] Petite écoutille ; ouverture pratiquée dans un panneau.
[75] Dans son anglais approximatif, Peyrol dit à son prisonnier : « Doucement là-dedans ! Il est temps d’en finir avec ce bruit ! »
[76] Ce mot anglais signifie en effet « malade », en particulier « écoeuré ».
[77] Fixées sur les vergues. L’anglais emploie en ce sens le verbe bend, qui signifie habituellement « courber », « incliner », « nouer ».
[78] En italien : « Tête dure ».
[79] J.H. Stape signale que Conrad emprunta cet incident aux Mémoires de Louis Garneray (Voyages, aventures et combats, 1853) : celui-ci raconte que Kernau, un de ses anciens compagnons, avait reconnu un Frère-de-la-Côte dans la capitale des Philippines, sous la robe d’un moine franciscain.
[80] « Marin », en espagnol. En italien, on dirait marinaro.
[81] Dans le texte, Peyrol dit : She makes a pied de nez what you call thumb to the nose (« elle fait un pied de nez, ce que vous appelez pouce au nez »). En fait, l’anglais n’emploie pas du tout cette expression, mais seulement le mot snook(s) pour désigner le même geste de défi.
[82] Brasser les vergues, c’est les orienter, ce qu’on fait généralement en fonction du vent ; elles sont brassées carré quand elles sont perpendiculaires à l’axe du navire.
[83] L’emploi de surge ou surge up au sens du français « surgir » est un gallicisme fréquent chez Conrad.
[84] Faire une abattée, ou abattre, c’est pivoter sous l’effet de la lame.
[85] Comme souvent, le sens du mot candid chez Conrad peut être, soit le sens habituel en anglais (« sincère »), soit le sens français (« naïf »).
[86] Allusion à un dicton : Out of sight out of mind (analogue à notre « Loin des yeux loin du coeur ») popularisé par le poème « That Out of Sight » dans Songs in Absence (Chants de l’absence) d’Arthur Hugh Clough (1819-1861).
[87] La formule anglaise presiding genius (« génie qui préside ») semble assez courante ; elle l’est peut-être devenue sous l’influence d’une lettre du poète John Keats à son ami B.H. Haydon, où il parlait de « a good genius presiding over you » (« un bon génie qui préside au-dessus de vous », c’est-à-dire qui vous dirige et vous protège).
[88] Catherine dit en anglais a grey-haired man, serious ; la place du deuxième adjectif est tout à fait contraire à l’usage anglais ; bien entendu, le gallicisme est ici délibéré.
[89] Le narrateur emploie ici le mot chieftainess, féminin archaïque de chieftain, terme lui-même assez rare.
[90] Dans les temples indiens, les figures ayant plus de deux bras (par exemple quatre, ou six, ou dix) ne sont pas rares ; les trois têtes sont fréquentes ; cependant un brahma de Kuruwatti (près de Madras) a quatre têtes et quatre bras, et une statue d’Aripacan-Maiijuru, au Bengale, trois têtes et six bras. Un nombre impair de bras serait plus insolite.
[91] Le mot retracted employé ici est rare en anglais, surtout en ce sens, mais il se rencontre plusieurs fois dans Victoire quand l’auteur décrit Ricardo.
[92] En anglais : dropped an anchor under foot. L’intention est de s’amarrer momentanément, sur une seule ancre et de façon précaire.
[93] Les cargues sont les cordages servant à retrousser les voiles sur elles-mêmes.
[94] Déborder : s’éloigner du flanc du navire.
[95] Le texte dit near six bells in the first watch (« près de six coups de cloche du premier quart ») ; à bord d’un navire, on sonne l’heure en frappant la cloche avec son battant d’autant de coups qu’il s’est écoulé de demi-heures depuis le début du quart (période de service pour une équipe).
[96] Dans la marine de guerre, sous-officier chargé particulièrement de faire exécuter les ordres relatifs à la police du bord et de veiller sur les armes portatives.
[97] Levier en bois de chêne dont l’extrémité peut être garnie d’une armature de fer.
[98] Instrument en fer pour harponner les poissons. Il s’appelle en anglais fish-gig ou fishing spear. Conrad emploie en fait fish-grains, qui ne semble pas exister.
[99] Ouverture à peu près carrée pratiquée dans les ponts pour établir la communication entre eux.
[100] Agir avec les avirons d’une embarcation de manière à la faire marcher par l’arrière.
[101] Placer ou tenir debout, en situation à peu près verticale.
[102] À plusieurs reprises, Conrad décrit Réal comme un pédant. Dans une lettre à son ami Garnett écrite le 24 décembre 1923, il parlait encore de ce personnage comme « l’enfant de la Révolution […] avec son tour d’esprit et de conscience austère et pédant » (Letters from Conrad. 1895-1924, Londres, 1928, p. 298-299). Réal n’est pourtant pas enclin à faire étalage de son savoir. On est tenté de se demander si Conrad n’a pas confondu pédant et pointilleux, ou pédantisme et puritanisme.
[103] La tentation suicidaire se rencontre souvent dans les romans de Conrad, qui avait lui-même attenté à ses jours à Marseille en février 1878.
[104] Allusion évidente à Pygmalion, dont le nom était particulièrement familier en Angleterre depuis que Bernard Shaw avait fait représenter et publier une brillante pièce sous ce titre en 1912.
[105] Les disposer pour ramer ou nager, de manière que les hommes n’aient qu’à agir dessus, quand ils en recevront l’ordre.
[106] Dans le texte, on trouve ici un deuxième emploi de l’adverbe pedantically (voir note n. 103).
[107] Un navire dont les vergues sont brassées c’est-à-dire orientées n’importe comment est désemparé.
[108] La ralingue étant un cordage cousu en renfort sur le côté d’une voile, une voile est en ralingue quand elle est disposée de manière que le vent la frappe dans la direction de sa ralingue de chute qui est au vent, c’est-à-dire de manière que la voile ne soit ni pleine ni coiffée et n’ait aucune influence sur la marche du navire.
[109] L’idée que la vie est un songe a été exprimée à maintes reprises par des poètes comme Shelley, Poe, Longfellow, Browning, sans parler de Shakespeare, tous plus conscients et cultivés que Peyrol.
[110] La Petite Passe sépare la presqu’île de Giens de l’île de Porquerolles. Le cap Blanc, au sud du cap Bénat, se trouve à l’extrême est de la rade d’Hyères.
[111] Étance grossière et forte ; une étance est une sorte d’épontille en bois sommairement équarri qu’on place sous le pont pour le soutenir à des endroits où il risquerait de fléchir.
[112] Cordage destiné à tendre le bord inférieur d’une voile.
[113] Bien que l’anglais emploie pour désigner cette manoeuvre l’expression to masthead the yards, il est évident que les vergues ne sont pas toutes en tête de mât.
[114] Carguer une voile, c’est en retrousser les angles inférieurs (en agissant sur les cordages nommés cargue-joints) pour la soustraire en partie à l’action du vent.
[115] Lieu où étaient les bureaux du major de la Marine, officier qui présidait à l’établissement de la garde dans l’Arsenal.
[116] Déhaler, c’est haler en dehors (généralement, tirer d’une position fâcheuse). Se déhaler, c’est se sortir d’une situation d’immobilité, telle qu’un échouement.
[117] Embraquer (ou abraquer) un cordage, c’est haler dessus pour le tendre ou en faire disparaître le mou.
[118] Éviter (sur son ancre), c’est pour un navire au mouillage changer de direction sous l’action du vent ou d’un courant.
[119] Changea de direction pour gonfler ses voiles et prendre de la vitesse.
[120] Un hunier est une voile carrée fixée à la vergue d’un mât de hune (surmontant un bas mât).
[121] Un chouquet est un billot quadrangulaire en bois, cerclé de fer et solidement fixé au tenon du sommet d’un mât.
[122] Gradé choisi parmi les matelots de 1re classe et exerçant, sous les ordres des officiers, une autorité directe sur les hommes de l’équipage.
[123] Avait arrêté le navire en orientant les voiles de façon qu’elles ne prennent plus le vent.
[124] Voiles triangulaires.
[125] Éventer, ou faire servir, c’est manoeuvrer un navire pour lui faire quitter la panne, en sorte qu’il fasse route.
[126] La hanche est la partie d’un navire comprise entre les porte-haubans d’artimon et la poupe.
[127] Le texte dit : under all plain sail, ce qui désigne toutes les voiles établies normalement par temps ordinaire, sans prendre de dispositions particulières pour forcer l’allure.
[128] Longues manoeuvres dormantes (cordages fixes) servant à assujettir, par le travers et vers l’arrière, les mâts supérieurs.
[129] Adopter l’allure du plus près, c’est-à-dire la direction de sa route approchant de celle du vent.
[130] Le mot anglais malicious employé dans le texte signifie généralement « méchant » ou « hostile ». Conrad semble lui donner ici plutôt le sens du français « malicieux » (malin, taquin, railleur).
[131] Choquer, c’est relâcher progressivement la tension d’un cordage ou d’un câble.
[132] Gouvernait près du vent.
[133] Morceau de bois dur ou de métal portant deux cornes et fixé en divers endroits du navire pour y tourner des cordages.
[134] Placer la barre du gouvernail du côté sous le vent.
[135] Partie comprise entre les gaillards d’avant et d’arrière ; milieu d’un navire.
[136] Solide montant vertical destiné à supporter l’effort des câbles d’amarrage ou de mouillage.
[137] Nom donné par abréviation au bout-dehors de foc (un foc est une sorte de voile triangulaire ou latine établie sur une draille (cordage) tendue entre les mâts de beaupré et de misaine).
[138] En anglais, de façon expressive, seatop (« haut de mer ») ; cette crête est arrachée par le vent.
[139] Le mot, laissé en anglais à cause du contexte, pourrait se traduire par « Droit(e) la barre ! », ordre visant à obtenir que la barre ne se trouve ni d’un côté ni de l’autre du navire, mais au milieu, dans le sens de la quille du bâtiment.
[140] Fermez l’angle que forme cette voile par rapport à l’axe longitudinal du navire.
[141] Un navire de ce nom faisait effectivement partie de la flotte britannique au large de Toulon.
[142] Le commandant du Superb s’appelait Sir Richard Goodwin Keats (1751-1834) ; il s’était distingué pendant la guerre contre la France de 1793 à 1801 et fut nommé amiral en 1825.
[143] Les amures sont des cordages destinés à fixer le point inférieur (d’une basse voile) qui se trouve au vent. Changer d’amures, c’est virer de bord pour recevoir le vent du côté du navire qui, auparavant, était sous le vent.
[144] Nom historique du célèbre navire amiral de Nelson, cinquième et dernier du nom dans la marine britannique, lancé en 1765, achevé en 1778. C’est à bord du Victory que Nelson mourut à Trafalgar, en 1805, et c’est le Victory qui rapporta sa dépouille à Londres.
[145] Le Superb portait 74 canons.
[146] Ralinguer, ou faseyer, pour une voile, c’est se mettre en ralingue.
[147] Rappelons que c’est en 1801 que Nelson avait été élevé à la pairie.
[148] Nelson avait perdu le bras droit en 1797.
[149] Nelson avait perdu un oeil à Calvi en 1793.
[150] Une voile d’étai est enverguée (fixée) à un étai (gros cordage tendu entre la tête d’un mât et un point du pont situé en avant pour consolider ce mât contre les efforts de l’avant vers l’arrière).
[151] Agir sur les bras qui étaient du côté du vent pour orienter ces vergues de façon à ralentir l’allure.
[152] Lisse située au-dessus du niveau du garde-corps principal.
[153] Selon J. H. Stape, ce fort se trouve sur la côte sud-est de l’île de Port-Cros (une des îles d’Hyères), mais, construit en 1810-1811, ne s’y trouvait pas encore au moment de l’action décrite dans ce passage (c’est-à-dire en 1804).
[154] La cathédrale de Toulon, construite au XIIe siècle et appelée parfois Sainte-Marie-Majeure, a retrouvé son nom de Sainte-Marie-de-la-Seds (c’est-à-dire du siège). D’après les historiens de Toulon, la ville cessa à plusieurs reprises d’être le siège d’un évêché, au bénéfice d’Hyères en 1381 et de nouveau au XVe siècle, au bénéfice de Fréjus en 1790, d’Aix en 1802. C’est seulement en 1958 que Sainte-Marie-de-la-Seds est redevenue cathédrale à part entière. (Renseignements dus à Gufflemette Coulomb, conservateur au Musée du Vieux Toulon.)
[155] Cette désignation surprend, Le cap de l’Esterel ne porte aucune chaîne de montagnes ; la seule « chaîne » qu’on puisse apercevoir dans la situation décrite en ce passage est le massif des Maures.