Mendès France au Panthéon
Cette réunion étrange, un matin, au Sénat : il s'agit de demander au président de la République le transfert des cendres de Pierre Mendès France au Panthéon. Les témoignages de Jean-Denis Bredin (ému) et de Pierre Joxe (nostalgique) sont remarquables. Bredin rappelle que Mendès, en 1936, a été le seul député à réclamer le boycott des jeux Olympiques de Berlin. Si seul, déjà ? Eh oui. Et, un peu plus tard, un des premiers aviateurs français courageux de la Royal Air Force. Mendès France a été, sans aucun doute, l'homme politique le plus ignoblement insulté dans son pays. Mauriac, dans son Bloc-Notes, le défend inlassablement. Ainsi, en 1957, jugeant le personnel politique qui fait front contre Mendès : « Si la coloration idéologique diffère, si certains intérêts en jeu s'opposent d'un parti à l'autre, ce qui les fait persévérer dans l'être est de même nature et les réconcilie dans la haine des grandes individualités. »
La haine des grandes individualités, une passion française. Alors, Mendès au Panthéon ? Oui, ce serait bien. Je note que, ce matin-là, le nom de Mitterrand n'a pas été une seule fois prononcé par les différents orateurs. On peut en conclure qu'ils étaient en position d'inventaire.
30/01/2000