Le crime en plein jour
Le mot russe est opouskanie. Il est connu de tous, en Russie, pour désigner la sodomisation imposée par les matons du goulag. On nous apprend qu'il s'agit d'une pratique courante dans les camps de « filtration » tchétchènes. Les soldats russes donnent à chacun des détenus un nom de femme et les convoquent ainsi à tour de rôle, en tuant sur place celui qui ne répond pas immédiatement. Un témoin : « Ils savent qu'on peut supporter les bombes, les tirs, la mort, mais ça, cette affaire terrible, on en sort l'âme cassée. » Le même témoin : « Nous vivons dans la merde, le froid, le béton. » Des femmes nues défilent devant les soldats. Le viol des hommes se pratique avec des bâtons plongés dans la neige. Des meurtres ont lieu au hasard, femmes enceintes, bébés flingués dans leurs berceaux. Cassage des os ou de la colonne vertébrale, hurlements, drogue et vodka pour les bourreaux. On lime même les dents, c'est un raffinement de Cosaques. Un témoin : « Cette femme a été battue et violée quatre jours durant, on entendait tout, elle a été libérée à moitié morte, après le passage d'une espèce de commission. »
Car, voyez-vous, il y a des « commissions ». Le camarade Poutine, après avoir encaissé ses dix milliards de dollars, a même nommé un « M. Droits de l'homme ». Nous sommes à un mois et demi de l'élection présidentielle russe, et il s'agit d'habiller un peu les choses pour les conseils d'administration de la Deutsche Bank, du Crédit lyonnais, de la BNP et de la Bank of America. Vous êtes d'ailleurs priés de ne pas exagérer vos sentiments négatifs à propos de la faiblesse ou du cynisme des puissances démocratiques. Car ce pourrait être pire. Nous faisons ce que nous pouvons, nous évitons une aggravation de la situation. Peu importe que le disque ait été passé cent fois, mille fois, il sert encore. Il faut composer avec la Mafia, puisque cela pourrait être beaucoup plus catastrophique. Digestion, digestion.
27/02/2000