Président
Il y a quelques petites choses intéressantes dans le livre de Yasmina Reza, mais enfin elle n'a pas su prendre Nicolas Sarkozy de l'intérieur, elle le regarde, elle le suit, elle n'entre pas dans son speed profond qui est en train d'ahurir l'Hexagone et le monde. Je l'imagine très bien, moi, le Président, je le capte sur sa longueur d'ondes courtes, ça vibre, ça grésille, ça vibrionne, c'est incessant, épuisant, captivant. Ça y est, je deviens le Président lui-même, et je trouve que tout est trop lent, trop lourd, lamentablement humain, trop humain, et pour tout dire réactionnaire et retardataire. Je n'ai pas été élu pour faire la sieste, et, comme le dit superbement Louis XIII dans Les Trois Mousquetaires, « je ne dors pas, Monsieur, je rêve tout au plus ». Me voici à la télévision, devant deux professionnels : je les largue en cinq minutes, ils ont à peine le temps de balbutier une question que j'en suis déjà à la quatrième question suivante. Ils dorment, voilà la vérité, ils n'en finissent pas d'occuper leurs fauteuils, ils sont comme mes ministres. Ah, ceux-là ! Disons-le calmement : je devrais changer de gouvernement tous les mois, et peut-être même toutes les semaines. Je suis en avion, moi, j'en ai assez de traîner derrière moi ces rampants, ces terriens, qui ne comprennent pas que, désormais, il faut aller plus vite que la musique. Le Spectacle l'exige, et le Spectacle est roi.
Que voulez-vous que je fasse de ce Kouchner qui, tout à coup, parle de « guerre » ? Il est fou ou quoi ? Et l'autre qui lâche le mot « faillite » ? Faut-il le mettre sous antidépresseurs ? La France ne va pas bien, soit, mais moi je vais très bien, et croyez-moi, ce n'est pas si simple. Il y a des moments où je sens pourquoi les chiens, mal surveillés par Alliot-Marie, deviennent enragés et bouffent des petites filles. La guerre ! La faillite ! Le trou de la Sécu ! Les retraites ! Le bouclier fiscal ! Les syndicats ! Et la grosse Merkel qui me fait maintenant la tête, soi-disant parce que je la touche trop ! Elle semblait aimer ça au début, l'hypocrite ! Décidément, ces protestants de l'Est m'échappent, ils me glacent, ce sont des tanks. Quoi encore ? L'ADN ? La barbe.
30/09/2007