Obamama
Quand je l'ai vu s'avancer, à Washington, pour la grande cérémonie à deux millions, ou plus, de figurants enthousiastes (sans compter la présence de toutes les télés mondiales), j'ai eu peur un instant pour lui. Cet élégant garçon, croyez-moi, est fragile. Il avait l'air perdu, sonné, sous tranquillisants, comme écrasé par l'amoncellement des emmerdements qui l'attendent. Il s'est repris par la suite, il s'est forcé à son rôle viril, il a un peu trébuché, comme à l'école, en prêtant serment, mais enfin c'est un bon professionnel, il est vite redevenu sérieux, appliqué, authentique. Il n'y croit pas beaucoup, mais il récite bien.
Et puis, Dieu merci, il y a God. « God bless America » : tout ce que fait l'Amérique est béni par God, quoi qu'il arrive. Et pour bien servir God, vous avez le gros et ahurissant pasteur Rick Warren, un vrai cinglé celui-là, qui vous met interminablement God à toutes les sauces, pureté, responsabilité, liberté, égalité, fraternité. Il prie en public, il parle très fort, il me donne immédiatement envie d'aller me réfugier chez le pape. Mais entre son gros pasteur et sa femme, Michelle, qui le regarde d'ailleurs avec indulgence comme un débutant à encourager, Obama ne va pas s'amuser tous les jours. God le surveille, et Godomama aussi. Comme on est loin du désinvolte Bill Clinton, le seul président des États-Unis qui a su jouer du cigare à la Maison-Blanche avec la fabuleuse Monica Lewinsky ! God fermait les yeux (pas longtemps) à l'époque ! Le voici revenu en pleine forme, car la question est sérieuse, c'est-à-dire l'économie elle-même. Si cette affaire vous intéresse, vous en avez pour un certain temps, le grand bavardage des experts vous attend dans Godorama, la plus grande superproduction du début du XXIe siècle.
25/01/2009