Préservatif

Pauvre pape ! Il va à Barcelone pour consacrer l'impressionnante basilique du génial Gaudí (mort en 1926), mais, sur son chemin, sa papamobile est obligée de passer à travers des couples d'homosexuels et de lesbiennes s'embrassant à pleine bouche pour défier Sa Sainteté. Le contraste est d'un surréalisme parfait, et on peut ainsi constater que l'Église catholique, avec ses prêtres pédophiles et ses multiples secrets, aimante encore tous les fantasmes érotiques. Par ailleurs, le chrétien est devenu une cible privilégiée pour les tueurs d'Al-Qaida, lesquels ne semblent pas avoir de problèmes sexuels.

Enfin, bon, voici la grande nouvelle : le pape autorise le préservatif en cas de transmission mortelle du sida, notamment en Afrique. On se souvient peut-être qu'ici même j'avais préconisé la distribution par le Vatican de préservatifs préalablement exorcisés. Ce sont les plus sûrs, les plus résistants, les plus performants. Ai-je été écouté ? Je le pense. Tout cela n'est qu'un mince début (le pape n'en fera jamais assez), mais il est quand même extraordinaire d'attendre du clergé ou du pape des prescriptions ou des conseils sur l'usage libidinal de son propre corps.

Mieux vaut relire, malgré Michel Onfray, quelques textes de Freud, par exemple La Morale sexuelle civilisée et la Maladie nerveuse des temps modernes, datant de 1908. Exemple : « Un artiste abstinent ce n'est guère possible ; un jeune savant abstinent ce n'est certainement pas rare. Le dernier peut par sa continence libérer des forces pour ses études, le premier verra probablement son efficience créatrice fortement stimulée par son expérience sexuelle. D'une façon générale, je n'ai pas acquis l'impression que l'abstinence sexuelle aide à former des hommes d'action énergiques et indépendants ou des penseurs originaux ou des libérateurs ou des réformateurs avisés… » Sacré Freud : on dirait qu'il annonce Picasso et sa liberté débordante.

28/11/2010