DSK

Quel rapport y a-t-il entre DSK et un libertin des Lumières ? Aucun. Prenons le prince de Conti, décrit ainsi dans les Mémoires de Saint-Simon : « Galant avec toutes les femmes, amoureux de plusieurs, bien traité de beaucoup. » On ne voit pas ce grand seigneur, saisi par une pulsion irrésistible, se jetant sur une pauvre femme de chambre dans ses appartements ni coincer une romancière de l'époque dans un escalier.

Je note que les féministes, qui ont bien raison de protester contre une certaine propagande machiste, ont choisi comme slogan : « les hommes se lâchent, les femmes trinquent », et non pas, ce qui aurait été plus courageux, « nous sommes toutes des femmes de ménage noires et musulmanes ». De toute façon, au point où nous en sommes, le film à très grand spectacle ne fait que commencer, il s'obscurcira de jour en jour sur fond de millions de dollars. En attendant, DSK est devenu le mari le plus coûteux du monde. Sa femme est héroïque, saluons son système nerveux.

La raison profonde de ce tsunami ? L'ennui. Un ennui angoissant, suffocant, irrépressible, qui a envahi, de plus en plus, ce roi du monde financier, déjà virtuel président de la République française. Si vous croyez que c'est drôle d'aller de réunion en réunion, de voir défiler sans arrêt des milliards de dollars pénalisant les Grecs, les Espagnols, les Portugais, les Irlandais, d'être assuré du pire tout en disant le contraire, de respirer au cœur d'une catastrophe, c'est le stress assuré.

Dominique Strauss-Kahn n'en pouvait plus, il a voulu une sensation neuve, du risque, de la prédation, une revanche sinistre, sans doute, sur une mère castratrice. Tragédie, descente aux enfers, soit, mais aussi repos, grand repos. Comme il aura maintenant le temps de lire et d'écouter de la musique, je vais lui envoyer mon roman Femmes, qui lui apprendra beaucoup de choses, et un bon enregistrement du Don Giovanni de Mozart (lequel devrait être interdit aux États-Unis, puisqu'il comporte au moins deux scènes de viol). Où dois-je envoyer des fleurs à la malheureuse « Ophelia » ? Je ne sais pas.

29/05/2011