De la « Belle Époque » aux « Trente Glorieuses », la France semble se moderniser au pas de course, trébuchant sur les deux guerres mondiales et leur cortège de catastrophes. En 1907, l’époque paraît si « belle » a posteriori. Croissance économique, paix internationale, élévation du niveau de vie égaient les classes populaires qui s’informent dans Le Petit Journal et se divertissent au music-hall. La France devient le siège d’une puissante industrie du divertissement (littérature sérielle, théâtre de boulevard, puis cinéma) qui inspire les modes à l’étranger. « Paris – selon la poétesse Gertrude Stein – était là où se trouvait le XXe siècle » : la capitale demeure le berceau des avant-gardes, où s’invente l’art moderne. la capitale demeure le berceau des avant-gardes, où s’invente l’art moderne, à l’image des Demoiselles d’Avignon, peintes à Montmartre en 1907, puis exposées à New York à partir de 1939.

La Grande Guerre bouleverse l’ensemble de la société française qui compte près de 1,5 million de « morts pour la France », plus de 4 millions de blessés, et 1 million d’orphelins. Sous l’influence du courant pacifiste animé notamment par Léon Bourgeois et Albert Thomas, la France entend jouer un rôle décisif dans la régulation des relations internationales et la fondation de la Société des Nations. Parallèlement, Paris, centre de l’Empire, se mue en capitale de l’anti-impérialisme où se croisent le futur Hô Chi Minh, Messali Hadj, Lamine Senghor, ou encore Zhou Enlai. Le monde de la culture, à l’instar du mouvement surréaliste et de l’Art déco, se renouvelle en s’inscrivant dans les innombrables circulations transnationales des « années folles ». La France, encore considérée comme la patrie des droits de l’homme, attire à elle des étrangers, réfugiés, exilés en nombre croissant. Ils sont 2,7 millions en 1931, dont Jolán Földes, étudiante et ouvrière, qui devient l’écrivain hongrois le plus connu dans le monde grâce à La Rue du Chat-qui-pêche qui relate l’expérience d’une famille d’immigrés.

Ensuite, l’immigration est brutalement arrêtée avec la crise, et en quelques mois près d’un demi-million d’étrangers retournent chez eux. Dans les années 1930, l’essor du communisme, la tentation fasciste et l’expérimentation du Front populaire, faisant écho aux tensions géopolitiques mondiales, agitent la vie politique, troublée par la « Grande Dépression », cette phase de contraction brutale du commerce international, d’exacerbation du chômage et de la pauvreté. La démocratisation s’effectue alors au prix de l’exclusion des femmes en métropole et des « indigènes » dans les colonies, où les mouvements de contestation s’intensifient en Indochine, au Maroc, en Syrie et en Tunisie.

À la suite de la débâcle de 1940, le gouvernement de Vichy instaure un régime autoritaire qui prône la collaboration avec Hitler et persécute les juifs et les étrangers, alors que d’autres, rassemblés dans la France libre et la Résistance, trouvent outre-mer, dans les colonies, au Royaume-Uni et aux États-Unis, les ressources pour lutter contre l’occupation nazie. Après guerre s’ouvre une difficile période de reconstruction. Les grandes réformes de la Libération (nationalisations, planification et Sécurité sociale), l’aide extérieure états-unienne, la reprise rapide de l’immigration et le baby-boom préparent le développement d’une nouvelle société industrielle de consommation, tandis que les contradictions du système colonial se révèlent insurmontables. L’Empire s’effondre et l’Hexagone se tourne vers l’Europe.