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Le « Mâle sain »

 

Freddy, un surnom à l’américaine, pantalons en cuir moulant, chaîne en or autour des poils du torse et l’incontournable Harley Davidson. L’archétype du rebelle sans foi ni loi doté d’un magnétisme inexplicable, mélange savant de mystère et de sensualité et, attrait supplémentaire, mais non négligeable, sa popularité auprès des autres femmes.

Après un début enthousiaste entre les griffes de ce pervers narcissique et manipulateur, glissade dans la perversion et ses différents stades.

Tout d’abord la passion, brûlante, fulgurante et irrationnelle. Des ailes dans le dos, les chansons de Céline Dion fredonnées sous la douche, la relecture de L’Amant de Lady Chatterley et l’abandon définitif de mes culottes Petit Bateau pour de la lingerie fine. Freddy par ci, Freddy par là. Antonio Banderas ? Un rigolo à côté de Freddy. Les Suzuki des 24 heures du Mans ? De la gnognotte, comparées au Chopper de Freddy. Ses goûts en musique, en films, en gastronomie, en fringues, en décoration intérieure… ? Les meilleurs. Les pets, les rots de Freddy, trop mignons ! Quant à son haleine le matin, mélange peu ragoûtant de mauvais whisky et de cigares, un vrai délice !

Au début, tout nouveau tout beau jusqu’à…

La soumission. En peu de temps, me voilà dépendante affectivement d’un homme sans scrupules et de ses plaisirs pervers et égoïstes. Le début d’une descente aux enfers à tous les niveaux. Des problèmes de santé à cause de nuits entières sans sommeil. La perte de mon boulot suite à de nombreux retards, mais pire que tout, une chute indécente dans des déviances sexuelles jusqu’alors inconcevables.

Après quelques mois de mainmise, un cœur en désordre en proie à la plus grande confusion.

À présent, quoi ? Freddy, synonyme d’amour ou de haine ?

Perdue et isolée après l’éloignement progressif de mes amis et de mon entourage, passage obligé vers la prochaine étape.

La résignation. Un jour, compliments, flatteries et caresses ; le lendemain, mépris et cruauté sans aucune réaction de ma part. Trop tard. Culpabilité et auto-destruction déjà en marche…

Rupture difficile, mais obligatoire avant le naufrage inévitable dans…

La dépression. Journées léthargiques en pyjama devant Les Feux de l’Amour. Des gens beaux, riches et… malheureux, quel réconfort ! Absorption massive de pilules colorées aux effets secondaires en parfaite inadéquation avec leur prescription d’origine. Apparition de boutons purulents sur le visage, peau terne et prise de poids. D’où la fuite éperdue et lâche de Freddy, en recherche de nouvelles proies plus fraîches et moins abîmées !

Au bout de trois mois d’isolement dans ma chambre avec le dernier « best of des slows les plus tristes », me revoici enfin prête pour de nouvelles aventures, mais toutefois, avec des réserves, d’où mon adhésion dans une agence matrimoniale. De vrais professionnels, la preuve…