Retour à la vie normale et reprise du sport, excellent anxiolytique naturel contre le stress. Inscription à la piscine municipale sans arrière-pensée de drague. Pas de risques en effet. Quoi de plus anti-sexy que la natation avec la charlotte en plastique sur la tête, « l’épingle à linge » sur le nez et le maillot « bourrelets en folie ». Et « plouf », un plongeon dans l’eau tiède pour un kilomètre de longueurs en nage libre. Cent mètres et… la mauvaise crampe. Rien d’étonnant pour un corps plus coutumier des sorties nocturnes et des repas-télé. Heureusement, me voilà rapidement sauvée des eaux par Julien.
Après la tasse de chlore, une revigorante tasse de café avec mon sauveteur en remerciement de ses bras héroïques sous mes soixante kilos. Un télescopage inattendu avec un homme au visage agréable, mais au corps efflanqué, maigre et voûté sur une démarche crapoussine. Attention, Mesdames (et vous aussi, Messieurs), méfiance sur les rencontres aquatiques et sur le camouflage sournois des défauts par l’eau ! Pas du tout le David Hasselhoff espéré d’Alerte à Malibu. Et le comble, un patronyme en accord parfait avec sa posture pliée en deux de courbaturé chronique : Julien Courbette. Véridique ! Bien que souffreteux de la carcasse, éclopé de la charpente à l’instar d’autres « blessés pour compte », une montée de tendresse envers cet homme particulièrement gentil, compréhensif et… fidèle. Pas de femme, pas de maîtresse ni de petit copain dans le placard. Aucune perversion ou proposition indécente comme un mauvais plan à trois. Un cœur généreux, une tête bien remplie et pleine d’imagination. Pas de cigarettes ni d’alcool. Le nec plus ultra en gros !
Une découverte enrichissante de la beauté intérieure et… par là même de ses dégâts extérieurs. Stupéfaction de mon entourage, condamnation à l’exil par mes amies, six semaines de torture soumises aux quolibets et autres persiflages. La tyrannie de la beauté et de la santé physique, un concept bien triste pour ceux, tel Julien, victimes d’une faible constitution dès la naissance. Cependant, résistance active devant cette incompréhension générale. Jusqu’à un certain point toutefois. Plus de randonnées à cause de ses ongles incarnés. Finies les soirées dansantes avec son lumbago. Oubliées les invitations chez les potes à l’exception d’Halloween ! (Moi, déguisée en infirmière et lui en… bossu !)
Ras-le-bol de ses amis kinés, rhumatologues et pharmaciens. Saturée de la montée de ses sacs de courses jusqu’à son deuxième étage sans ascenseur. Après l’hypocondriaque et les fins de semaine dans les hôpitaux, refus total d’un nouveau rôle d’infirmière ou de nounou.
Retour à la case départ et inscription dans un club de gym !