Assemblée nationale

La fratrie était prête à accepter la mort des parents. Aidée seulement pas la droiture de l’aîné, par sa noblesse, son habilité à accepter d’être à la fois l’éclaireur et celui qui serait désormais au plus proche de la mort, elle aurait pu survivre. Il aurait dû les protéger, respecter la volonté du père, prolonger la dignité de son sacrifice – comment, sinon, se construire sans nouveau père ? Comment persister dans une famille en ruines où le grand frère refuse sa responsabilité de sang ? Après le décès de Marie cependant, Hamadi ne passe plus au bar de manière anecdotique : il va tous les soirs boire un verre avec des connaissances – puis, les connaissances disparaissent et le nombre de verres augmente. Fati a vu le problème en premier. Elle l’a fait remarquer mais personne ne l’a écoutée. Pendant quelques semaines au début du mois d’avril, elle essaye d’en parler à la famille. À Aïssa d’abord, parce qu’elles sont restées les plus proches, puis à Yero. Ils balayent l’idée d’un revers de la main. Après tout, disent-ils plus ou moins en chœur, chacun gère son deuil comme il l’entend. Cette surdité de la fratrie renforce sa certitude de supériorité presque autant que son désarroi. À défaut de n’avoir pas été celle qui a fait la famille, d’avoir échoué seulement à être l’aînée, elle est celle qui constate l’indignité de son frère. Pourtant, la certitude d’avoir raison n’est pas une victoire. Elle se sent avant tout impuissante, incrédule, sûre de ce qu’elle voit mais encore incapable de croire à la chute de son frère. Cet aîné qu’elle a tant détesté, critiqué et envié se laisser bouffer par le chagrin au point de boire sans se souvenir de qui il est. On le voit au quartier. On le voit partout. Il fait la fermeture des bars, tient des propos incohérents, se perd dans des rues qu’il connaît pourtant par cœur. Une vie de conflits n’a pas effacé l’amour fraternel, dans son envie, il y a toujours eu de l’admiration.

 

Elle attend quelques semaines puis en reparle à Aïssa – la tante d’une de ses filles lui a dit qu’Hamadi avait été interpellé puis relâché pour avoir uriné au fond d’une brasserie. La situation empire, et elle ressent l’urgence de faire quelque chose. Sa sœur secoue la tête et nie de nouveau le problème – T’occupe, te mêle pas de ses affaires. Fati insiste. Elle a juste besoin d’être celle qui prononce le mot : alcoolique. Pour avoir l’impression de faire quelque chose, pour se dédouaner aussi. Et parce qu’elle n’a pas le courage de porter la responsabilité seule. Elle raconte l’épisode du bar, les flics, la honte de sa fille qui a tout appris. Les condés et la pisse, Aïssa s’en fout, mais l’argument des enfants la fait tiquer. Elle décide d’évoquer elle même le sujet avec les garçons. Adama, à qui on en parle pour la première fois, se tend et ne dit rien, le silence de Yero ne surprend personne. Elle attend. D’abord les bruits sont épars. On raconte qu’il boit seul, comme un sans-famille, comme un mec qu’il ne faut plus prendre la peine de fréquenter, précise-t-elle. Yero grogne quand on mentionne la rumeur, il n’aime pas que l’on colporte quoi que ce soit, fût-ce la vérité. Lui aussi a entendu passer ces remarques qui se font chaque jour plus assassines parce qu’elles sont plus précises, parce qu’elles décrivent une réalité qu’il ne peut plus ignorer. Elle nuit à son image, au business, au bien-être de ses sœurs qu’il entend tout de même protéger. Adama et lui vivent l’addiction croissante d’Hamadi au quotidien. Au début du mois d’octobre, il rentre souvent gai, ivre, chantant. Ensuite, il maigrit, se renfrogne et n’est plus que bruit, braillard à partir de minuit, quand il rentre en titubant après avoir fait la fermeture des établissements du quartier. Patiemment, Yero et Adama lui ouvrent la porte à tour de rôle quand il a oublié ses clés, ou oublié qu’il les avait sur lui. Mais la frustration commence à monter. Yero est par principe non-interventionniste, question de tranquillité. Cependant, la situation est en effet trop gênante. Supposons qu’Hamadi fasse dans la rue comme un clebs, ce n’est pas en soit si gênant – mais il suffirait que des gosses voient sont machin ou qu’une femme sérieuse pense qu’on lui fait affront et ses beuveries pourraient lui valoir une nouvelle gueule cassée. Après des discussions croisées, dix appels téléphoniques, des apartés et des réflexions, ils se mettent d’accord avant l’été : il faut intervenir. Un soir où la chaleur refuse de s’éteindre, ils se rallient à Fati et décident qu’ils parleront à Hamadi un peu plus tard. L’aîné, de son côté, ne réalise rien de cette situation. Perdu de soirées en soirées, dans un tourbillon encore joyeux de divertissements, il s’occupe à ne pas penser. Il voit moins Georges qui le trouve trop vulgaire pour ses enfants même s’il l’aime quand même, moins Esteban qu’il a embarrassé devant un client en se pointant complètement fait et parfumé à la vodka. Arthur s’en fout et l’appelle parfois de Suisse – les propos incohérents de son pote le font marrer.

Le premier jour de juin, Yero et Fati convoquent un conseil de famille informel. Ils devaient se retrouver dehors mais Hamadi n’a pas répondu au téléphone. Pour être sûrs de sa venue, ils ont envoyé Aminata le chercher. Aminata est toujours la plus proche d’Hamadi. Ils se voient moins fréquemment, mais dans son cœur elle a la place que personne ne peut prendre : celle de la fille qu’il n’a pas eue, mais qu’il a un peu élevée quand même. Sa petite fille, son puits de lumière. Aminata rentre dans l’appartement des frères ; sur le canapé, Hamadi ne bouge plus vraiment. Il a commencé à boire à midi, seul. Elle essaye de le réveiller, mais, mi-assoupi, il bave et marmonne sans parvenir à relever une paupière. D’abord, elle trouve ça drôle, sa babine qui coule comme celle d’un gros pitbull. Mais quand il reste avachi, elle panique, sort son téléphone et appelle tout le monde. En pleurs à l’idée de devoir perdre un autre père, et celui qu’elle aura bien connu cette fois. Elle téléphone à Fati mais, alors que les frères et sœurs sont déjà réunis au point de rendez-vous, Yero reprend l’appel et lui conseille de baffer Hamadi. Elle s’exécute et parvient à le réveiller. Après lui avoir expliqué qu’elle est venue pour lui, elle parvient à le faire bouger. À l’autre bout du fil, la tension est montée – personne ne pardonne à l’aîné d’avoir volé à la petite son innocence. Aminata a une place spéciale dans le cœur de chacun, même dans la froideur réfléchie de Fati. L’évidence de l’addiction les frappe en pleine figure, plus intense parce qu’ils ont voulu se la cacher pendant de longs mois.

Une heure et demie plus tard, ils se réunissent dans un café de la place de la Chapelle. Cette destination crasseuse n’arrange vraiment personne, mais tous se retrouvent dans l’incommodité de l’itinéraire. Ils se postent à la terrasse d’un café, les seules silhouettes féminines dans toute l’embrasure béante du carrefour sont celles des sœurs. Dans ce monde d’hommes, Fati parle en premier, les autres écoutent, gênés ou stoïques. Plus prudente, plus timorée que d’habitude, elle s’adresse à Hamadi avec précaution. « Depuis quelque temps, tout le monde s’inquiète », commence-t-elle. Hamadi est nerveux, en bout de table, il gigote sur sa chaise. Il croise le regard d’Aminata, inquiet, tendu. Il n’aime pas voir une maturité aussi grave peser sur elle. Pour tenir, il glisse vers Adama – sur le visage de son frère se dessinent une tristesse sourde, une angoisse d’abandon crispée. Alors la honte resurgit, comme on jaillit de l’eau pour retrouver de l’oxygène. Il regarde par terre, s’excuse sans attendre la fin du discours de Fati qui décrit ses différents comportements comme on fait une liste de course. Il sent qu’il commence à rougir. Fati s’arrête, consciente de l’effet de ses propos. Incapable de continuer aussi devant la douleur évidente de son frère – elle s’en veut de ne pas avoir réussi à tout prévoir. Dans une existence de contrôle, elle n’a pas vu venir la chute de son frère, sa solitude, son incapacité à continuer à avancer sans la présence de sa mère. Son frère est devant elle, minable, plein d’excuses, incapable de supporter qu’on lui rappelle ses propres actions, et pourtant, elle ne peut pas savourer de gagner cette ultime dispute. Démunie elle aussi, elle veut juste l’aider. Yero reprend la conversation. Son calme imperturbable permet à la fratrie d’avancer, même s’il est le premier à avoir horreur de parler, surtout de sentiments. Il demande à Hamadi pourquoi, sobrement. Sans réussir à s’expliquer, l’aîné bredouille, cherche, se tait. Adama s’énerve, fait mine de se lever. Un regard d’Aminata le fait se rasseoir.

Petit à petit, la vérité commence à émerger. Aminata pose sa main sur le dos de celle de son frère, le rassure rien qu’au toucher. Yero recommande des cafés, et dans l’après-midi déjà chaud du début d’été, la famille parvient à faire parler Hamadi. Il raconte qu’il est fatigué, que depuis la mort de sa mère, les souvenirs reviennent et apportent avec eux des regrets. Ne pas avoir fait mieux, ne pas avoir gardé Khadijah, être resté avec une femme qu’il n’a pas aimée. Par la suite, avoir perdu ses parents sans qu’ils aient pu connaître ses enfants à lui, ne jamais être sûr qu’il en aurait. L’alcool, dans ce paysage d’impossibles, a des airs de clémence. À table, personne n’ose plus parler. Soudain, les bruits du quartier ne sont plus si importants – tous peuvent comprendre la douleur de leur frère. La présence fantomatique des parents les hantent, cette incapacité à enterrer le passé pour construire l’avenir, ces morts qui prennent trop de place pour qu’on puisse même respirer. Aminata parle en premier, elle dit qu’elle aussi a fait des conneries après le départ de Marie. Avec des mecs, principalement, mais elle n’en dit pas plus. Aïssa esquisse un sourire, admet son péché. Elle, c’est les gâteaux. Elle a pris cinq kilos en un an, peut-être dix. Yero affirme qu’il est moins concentré – et Fati qu’elle s’énerve plus vite avec ses gosses. Seul Adama se tait. Autour de la table, tout le monde avoue ses fautes, tout le monde dit où il a mal. Et Hamadi se sent mieux, endolori encore, mais moins seul. La conversation divague, on se moque de lui, de ses frasques, de ses histoires d’adolescent. Il fait peur à la voisine avec ses conneries, et c’est plutôt une bonne chose, vu la tête de cette conne. Il s’excuse auprès de Yero, il reconnaît que le loyer est toujours en retard, et qu’il manque toujours de l’argent. Son frère disperse l’inquiétude, lui fait remarquer que si son salaire passe en boissons, il pourrait quand même revenir en sentant le bon whisky et pas la caïpirinha. Fati soupire, soulagée. Elle a peut-être réussi à aider. Devant ses pairs, Hamadi promet qu’il va faire un effort. Il dit qu’il va arrêter de sortir, pas même une fois, promet de ne plus boire. Le conseil de famille a été bref, mais beau, intense. Hamadi veut s’en sortir. Aïssa et Fati sont les premières à devoir partir, déjà en retard pour aller chercher les gamins à presque dix-sept heures. Yero s’en va pour une question de travail. Reste l’aîné et les deux cadets. Aminata commence à parler de ses affaires, ce qui lasse Adama qui prétend prendre un coup de fil et devoir s’enfuir en urgence – on le laisse partir avec un sourire.

À la terrasse du café, Aminata et Hamadi se prélassent au soleil. Sans parler, juste dans le bonheur d’être ensemble. Au bout du quatrième café, Aminata est surexcitée. Hamadi n’a plus l’habitude de sourire quand il est sobre. Il croise son reflet dans la vitrine, derrière lui le quartier indien s’éveille pour le service du soir. La cardamome et le cumin commencent à emplir les rues, au-dessus des enseignes en dégradé de vert, les lampes de ville s’allument. Des petits drapeaux orange marquent l’entrée des échoppes où l’on sert à manger dans des plateaux en fer. Il réalise qu’être avec Aminata comble le vide d’avoir perdu Marie, autant que celui de ne pas avoir encore d’enfant. Qu’elle est, en quelque sorte, la solution. Comme si elle l’avait compris, Aminata lui prend la main et le regarde dans les yeux. Elle lui propose un pacte : elle le verra tous les jours, mais il devra récompenser son engagement en promettant que chaque journée en sa présence sera une journée sans alcool. Les reines ne partagent pas, plaisante-t-elle. Et dans son sourire malin, la nostalgie disparaît pour faire place au futur. Hamadi accepte. Ensemble, ils vont manger dans l’un des troquets indiens. Le lassi à la rose est bon, les perspectives aussi.

 

Tous les jours pendant deux semaines après le conseil de famille, Hamadi voit Aminata. Parfois, simplement dans un café, ou alors pour de longues balades qui lui rappellent ces jours, presque vingt ans plus tôt, où il la prenait par la main pour compenser l’absence du Chirurgien qui venait de mourir. La situation s’est inversée. Même si elle ne lui fait jamais sentir, c’est elle qui est là pour lui. En ce sens, Hamadi a le droit à ce que tant de parents ne connaîtrons jamais : la gratitude d’un enfant, exprimée concrètement.

De profil, Aminata ressemble à Marie. Le nez un peu plus épais, la bouche moins parfaitement dessinée. Moins gracieuse, mais plus énergique. Tout chez elle prend de la place : sa grande taille, la gravité de sa voix, son obstination à avoir raison. Elle n’a jamais pensé à être discrète. Elle idolâtre les popstars et les divas télévisées sans se défaire de la certitude d’être plus belle qu’elles, plus bonne aussi, de donner plus envie aux hommes et surtout d’avoir réussi à se plaire à elle-même. Aminata a vingt-deux ans, elle porte ses cheveux différemment tous les jours – parfois naturels, en effusion solaire autour de son crâne, sans hommage à ses ancêtres mais parce qu’elle n’a pas de problème avec son air au réveil. Quand elle a le temps, ou quand elle veut aller à un événement de balthazars qui ont peur du crépu, elle va faire un tissage chez Lola. Marie, elle, ne touchait jamais à la perfection indisciplinée qui cascadait sur ses épaules. À l’occasion, elle calmait le flot brun de ses cheveux en nouant un foulard autour de son crâne, mais souffrir et laisser une autre femme toucher à son crâne, jamais.

Cet après-midi, il se balade avec Aminata autour du lac du bois de Boulogne – des vélos de ville lourds passent et les frôlent en s’indignant. Les pneus crissent. Il regarde sa petite sœur rebondir et la journée est incroyablement douce. À la voir insouciante dans les bois, bavarde comme toujours, il pense aux années après sa naissance, aux après-midi où il la gardait. Alors, il se fendait d’un carnet de billets jaunes pour l’emmener jouer avec les gosses de riches au Jardin d’Acclimatation. Les attractions étaient ridiculement chères, minuscules et bourgeoises, conçues pour que des mères endimanchées prennent de jolies photos et pas pour que les enfants s’amusent. Aminata choquait souvent, les familles en chaussures bateau fronçaient les sourcils devant ses baskets argentées aux semelles disco-lumière. Ces pompes, Hamadi lui avait offertes, pas parce que Marie les trouvait hideuses mais car les bouts de plastique remplissaient la gamine d’une joie intense. Il se souvient de sa main minuscule dans la sienne, de ces instants qui étaient tout. Dans le parc ce jour-là, le sentiment n’a pas changé. L’image de sa petite fille transforme tout, les souvenirs du Bois, aussi associé à sa vie d’avant, ne comprennent plus ni Serge, ni Khadijah, mais Aminata et seulement elle. Elle a toujours des airs de gamine, des bouderies et des caprices qu’elle entretient mais qui ne lui vont pas mal. Ensemble, ils parlent d’avenir et de rien du tout. Tout pour passer le temps et l’empêcher de penser à d’autres manières de se distraire. Avec elle, il est en sécurité.

Elle lui raconte des histoires de mecs. Elle n’aime pas qu’on la prenne pour une michto, mais elle n’éprouve aucun problème à prendre l’argent d’un homme s’il veut bien lui donner. Il faut bien qu’ils le gagnent pour quelque chose, autant que ce soit pour quelqu’un. Pour l’instant, elle n’a pas non plus ressenti la nécessité d’être fidèle – aucune envie de se consacrer à un seul époux. Elle ne dit pas la vérité à ses amants, elle pense que les hommes sont susceptibles et constamment obsédés par les ragots et la comparaison – ils crachent sur leurs rivaux, maudissent leurs ennemis et se chargent d’être encore plus cruels quand ils évoquent leurs amis. Pas la peine de s’immiscer dans tout ça juste pour se cerner et s’écorcher la jeunesse. Cette philosophie de l’amour et du désir lui permet de jouir et d’être indépendante. À bien y réfléchir, elle n’a jamais compris pourquoi les autres gamines ne font pas comme elle. Hamadi grince la première fois qu’elle mentionne avoir fait l’amour, au début de la première semaine de pacte, et à chaque fois qu’elle dit baiser, troncher, niquer. Elle se fout de lui, et bonne pâte, il la laisse tout lui raconter. Devant cette femme si libre, il se pose des questions sur son propre comportement. Il réalise qu’il n’a pas souvent été à la hauteur des femmes dans sa vie. Mais il reste du temps. Il aura l’opportunité de tout corriger. Aminata lui donne envie de le faire.

« Grand frère je fais quoi ? Je prends lequel des deux ? » Elle l’interrompt dans sa rêverie. S’il écoute, Hamadi se refuse encore à avoir un avis sur ces affaires de mœurs qui ont peu à voir avec le cœur. Il ne veut pas avoir à pencher dans la balance des pour et des contre, et s’énerve mollement quand sa sœur lui demande s’il vaut mieux s’en remettre à l’avocat ou au docteur, au frère qui est pingre mais étonnamment doué pour lui donner du plaisir avec sa bouche, ou à celui qui est gentil et l’emmène au restaurant pour l’exhiber comme une toile d’art moderne. Bon alors je fais quoi ? Elle renchérit pour énerver son frère qui fait une grimace et la laisse le provoquer. Elle passe à autre chose, distraite par le flot de ses propres paroles. Hamadi l’observe sans l’écouter. Il lui achète une glace et la regarde la manger en s’en mettant partout. Elle s’en fout, des taches. Il fait chaud et le soleil lui donne envie d’avoir un enfant, une petite femelle capricieuse comme Aminata. Avec elles, il oubliera l’envie de boire. Pour de bon. Il s’arrêtera. Pour Aminata déjà, pour la petite, ensuite. Sa sœur le regarde. Elle décide qu’au final, elle gardera les deux.