CHAPITRE 7

Myriam n’est pas sortie depuis deux semaines. Madame Desmarets ne relâche pas la pression qu’elle exerce autour de notre appartement. Elle reste persuadée que nous hébergeons notre voisine. Et elle s’est mis un point d’honneur à la livrer personnellement aux barbares qui ont déporté sa mère.

Un matin où mon père est parti tôt répéter un nouveau tour sur scène et où j’ai laissé mon amie seule pour faire la queue chez l’épicier, elle s’est introduite chez nous avec son passe-partout. Elle a guetté patiemment cette occasion, attendant que nous soyons sortis tous les deux. Le magicien Maxo a plutôt tendance à faire la grasse matinée quand il termine son spectacle très tard la veille. Mais, ce jour-là, la voie est enfin libre.

Myriam est envahie d’une peur terrible quand elle entend la brosse cogner sur les portes palières. Aujourd’hui, la concierge balaie avec un zèle inhabituel. Et la respiration de la jeune fille s’arrête quand elle comprend qu’une clé joue dans la serrure. Elle a la présence d’esprit de se réfugier dans le double fond de la malle en osier. Madame Desmarets passe l’appartement au peigne fin, ouvrant chaque coffre, chaque boîte, chaque caisse que recèle la pièce où mon père entrepose son matériel professionnel. La sorcière haineuse sent confusément la présence de sa proie près d’elle, mais elle ne parvient pas à découvrir dans quelle malle sa victime est dissimulée. Furieuse, elle se met à donner des coups hargneux dans les coffres, ce qui ne fait qu’accroître la panique de mon amie. Heureusement, le bruit de mes pas dans l’escalier la fait déguerpir. Myriam vient de passer un sale moment.

Mon père installe un verrou sur la porte d’entrée, mais il est convenu qu’à l’avenir, nous ne laisserons plus jamais ma camarade toute seule.