Tina était aux prises avec une nervosité extrême, comme elle n’en avait pas ressenti depuis qu’elle avait rencontré Nico à Venise. Cette nuit-là, dans la gondole qui l’emmenait avec son mystérieux inconnu, même sans vouloir se l’avouer, elle savait qu’elle allait se donner à lui.
Ce soir, en plus de le savoir, elle s’en réjouissait, et ressentait de délicieux picotements d’impatience. Elle avait oublié sa colère et son ressentiment. Rien ne comptait que cette cérémonie qui avait eu lieu dans la petite chapelle et où elle avait promis d’aimer, d’honorer et de chérir jusqu’à la mort l’homme aux yeux gris argent qui se tenait à ses côtés.
Désormais, ils étaient unis officiellement et formaient un couple. Elle allait connaître une vraie nuit de noces avec lui. Elle était mariée, marquesa di Casari, et sa famille l’ignorait… Une vague de culpabilité la submergea. Renzo sortirait de ses gonds, quand il l’apprendrait. Par chance, il ne rentrerait pas avant une quinzaine de jours, peut-être davantage. D’ici là, elle avait le temps de réfléchir à la meilleure façon de lui annoncer la nouvelle.
Peut-être aurait-elle enfin découvert les raisons de la brouille qui l’opposait à Nico ? Si elle comprenait le fond du problème, qui sait si elle ne réussirait pas à les réconcilier ? Sans doute ne redeviendraient-ils jamais les amis qu’ils avaient été, mais s’ils arrivaient à se tenir ensemble dans la même pièce sans avoir envie de se sauter à la gorge, ce serait au moins un début.
L’avion atterrit à Rome, où Nico possédait un immense appartement, au dernier étage d’un immeuble, avec une magnifique vue sur les toits et les ruines du forum antique.
Ils étaient seuls, sans domestiques pour les servir. Debout dans la pénombre du salon, Tina se sentit soudain embarrassée. Toujours vêtu de ce smoking qui le rendait encore plus imposant, Nico avait défait son nœud papillon et déboutonné le col de sa chemise. Quand il s’approcha, elle garda les yeux fixés sur ce petit triangle de peau nue, à la base de son cou.
Parvenu à sa hauteur, il lui prit une main et la plaça sur son épaule. Puis, il fit de même avec l’autre main. Redressant la tête, elle plongea les yeux dans les siens, le cœur battant.
— Enfin seuls, dit-il avec un sourire malicieux.
— Oui, murmura-t-elle, la gorge nouée.
— J’ai envie de toi, Tina.
Il se pencha pour déposer un baiser sur sa joue, et elle ferma les paupières en se penchant en arrière tandis que la bouche de Nico descendait lentement le long de son cou.
— Trop, ajouta-t-il.
Les vibrations de sa voix grave résonnèrent dans le corps de Tina, provoquant une décharge d’adrénaline.
— Depuis ce matin, je ne pense qu’à cet instant, reprit-il.
Elle frissonna quand les lèvres de Nico trouvèrent le point sensible, derrière son oreille.
— Je devrais dire non, chuchota-t-elle.
— Pourquoi ? C’est inévitable, bella. Tu éprouves autant de désir que moi.
— Peut-être, admit-elle. Mais je ne suis pas vraiment ravie de la manière dont tu m’as traitée.
Il se redressa à demi.
— Il était nécessaire d’établir un contrat de mariage, tu le sais.
Elle haussa les épaules, mais sans s’écarter.
— Oui. Tu aurais tout de même pu choisir un meilleur moment.
Il soupira.
— Avant, le document n’était pas prêt. Cela prend un certain temps de rédiger un contrat.
— J’en ai conscience, Nico. Malgré tout, tu aurais dû aborder le sujet plus tôt.
— Excuse-moi, dit-il contre sa gorge, avec des petits baisers qui lui arrachèrent un gémissement étouffé. J’ai eu tort de ne pas t’en parler, c’est vrai.
Elle aussi avait des excuses à lui présenter…
— Je te remercie pour les robes. C’était très gentil.
Il posa les mains sur ses hanches et l’attira plus près.
— Cela t’a pourtant mise en colère, non ?
Une douce chaleur envahit Tina.
— Oui, mais je le regrette. Tu étais animé des meilleures intentions, j’imagine, même si tu t’y es pris d’une manière typiquement masculine.
Il releva la tête en haussant les sourcils.
— C’est-à-dire ?
— Très autoritaire. Tu as décrété que cela me ferait plaisir sans me demander mon avis.
— Tu préférerais être consultée, à l’avenir ?
— Pour des sujets qui me concernent, oui. Absolument.
Il promena la bouche tout au bord de son décolleté.
— Et là, Tina ? Tu veux que je continue ? Ou tu préfères me dire bonsoir et te coucher toute seule ?
— Nico…
— Tu as le pouvoir de dire non. Je veux une femme consentante dans mon lit. Sinon, cela ne m’intéresse pas.
— Je crois que oui, chuchota-t-elle tandis qu’un frisson courait le long de sa colonne vertébrale.
Il lui demandait son avis… Vraiment.
— Tu n’en as pas la certitude ? Je ne veux pas d’ambiguïté, cara. A toi de choisir.
— Je suis sûre. Oui…
Elle passa les bras autour de son cou. Alors, aussitôt, il prit sa bouche, dans un baiser ardent, passionné, qui l’embrasa. Elle chancela sur ses jambes quand il glissa sa langue entre ses lèvres.
Elle était éperdue de désir, depuis trop longtemps, et Nico s’en rendait très bien compte.
Avec l’impression de tomber dans un gouffre vertigineux, elle se raccrocha à lui de toutes ses forces. Pourquoi lui inspirait-il des sentiments aussi intenses et parfois si contradictoires ? En tout cas, un désir fou, irrépressible, dominait tout. Pour l’assouvir, elle était prête à oublier le reste…
Il pressa ses hanches tout contre elle et, en sentant son sexe durci, elle poussa une sorte de plainte indistincte. Subitement, l’acte qu’ils s’apprêtaient à commettre revêtit une urgence absolue. De toute façon, elle avait dit oui. Il n’y avait pas de retour en arrière possible.
Elle tira sur les boutons-pressions qui fermaient sa chemise, et il émit un petit rire en se débarrassant de sa veste, qui glissa à terre.
Avec un plaisir infini, elle posa les paumes sur sa peau brûlante. Il était beau comme un apollon. Elle tira sur les pans de sa chemise et défit la boucle de sa ceinture, pendant qu’il bataillait avec les minuscules boutons de sa robe, dans son dos.
Abandonnant ses lèvres un instant, il l’obligea à se tourner.
— Attention, ne les arrache pas ! s’écria-t-elle.
— Non, je fais attention, promit-il, d’une voix altérée qui l’impressionna.
Quelques minutes plus tard, le bustier commença enfin à se desserrer. D’un geste impatient, il tourna de nouveau la jeune femme face à lui et tira sur le haut de sa robe, suffisamment pour libérer ses seins. Avec douceur, il promena les pouces sur leurs pointes dressées.
— Dio, que tu es belle…
Une onde de plaisir se forma dans le ventre de Tina, comme un bouton de rose sur le point de s’épanouir. Niccolo Gavretti, don Juan et séducteur notoire, la complimentait sur sa beauté. Lui, l’homme dont elle rêvait depuis son adolescence… En un sens, ses fantasmes les plus fous se réalisaient.
Il captura de nouveau sa bouche, chassant toute pensée cohérente de son esprit.
Leurs souffles chauds se mêlaient, leurs peaux brûlantes se touchaient… Nico empoigna sa jupe soyeuse qu’il souleva pour faire glisser sa culotte.
— Maintenant, gémit-elle contre ses lèvres. Maintenant…
Il la guida à reculons jusqu’à une table et la souleva pour l’y asseoir. Elle ne savait même plus où elle était, mais elle s’en moquait. Une seule chose importait : l’homme qui la tenait entre ses bras.
Elle noua les jambes autour de lui. Tout en la maintenant fermement par les hanches, il continuait à l’embrasser avec fougue. Ivre de désir, elle descendit la fermeture Eclair de son pantalon…
Avec un grognement sourd, il retira ses mains au bout de quelques secondes. Une exclamation déçue échappa à la jeune femme, bientôt remplacée par un soupir de volupté quand elle sentit la pression de son sexe sur le sien.
Surprise par la soudaineté avec laquelle il la pénétra, elle poussa un cri de surprise. Aussitôt, il s’immobilisa.
— Je t’ai fait mal ? s’enquit-il d’une voix inquiète.
Oui, eut-elle envie de répondre, mais la douleur n’était pas physique.
— Non. Ne t’arrête pas, je t’en prie…
Il étouffa un rire un peu haletant.
— M’arrêter ? Impossible, tesoro. Impossible.
Puis il recommença à l’embrasser tout en bougeant en elle. Une foule de questions assaillirent alors Tina. Avait-elle ressenti un plaisir aussi intense la première fois ? Avait-elle éprouvé un désir aussi impérieux, au point qu’elle aurait accepté n’importe quoi pour l’assouvir ?
Peut-être. De toute manière, cela n’avait aucune importance. Tout ce qui comptait, c’était le moment présent et les sensations qui l’envahissaient. Elle avait un amant merveilleux, qui connaissait tous les secrets du corps féminin. Et cette nuit serait encore plus fantastique que la première, parce qu’elle avait perdu l’innocence de la virginité. Elle savait à quoi s’attendre, et en avait une folle envie.
Oui, elle avait follement envie de lui.
Tina serra Nico de toutes ses forces, comme pour s’assurer qu’elle ne rêvait pas. Ses caresses la bouleversaient, elle en avait les larmes aux yeux. Il s’efforçait d’être le plus doux possible, mais sans y parvenir.
La force qui les poussait l’un vers l’autre était bien trop violente.
Pour tous les deux.
Plus aucune barrière ne les séparait. Depuis deux longs mois interminables, ils attendaient cet instant sans le savoir vraiment. A présent qu’ils en prenaient conscience, leur impatience, leur fébrilité, en étaient décuplées.
Tina s’arc-bouta contre Nico, lui offrant ses seins, qu’il prit tour à tour entre ses lèvres.
— Nico, s’écria-t-elle, sans savoir combien de temps encore elle pourrait se retenir.
Au plus profond d’elle-même, le plaisir s’intensifia. Nico s’enfonçait en elle avec des mouvements sûrs, puissants, et en même temps presque désespérés, comme s’il s’était retenu trop longtemps.
Tina s’obligea à rouvrir les yeux pour le regarder et voir le tableau qu’ils formaient ensemble. Il était courbé sur elle. Des gouttes de transpiration perlaient sur sa peau luisante. Elle passa une main dans ses cheveux, puis pressa son visage contre sa poitrine, avec un gémissement de plaisir. Bientôt, sous les caresses de sa bouche, de plus en plus avide, elle se mit à crier.
Impitoyable, il poursuivit son exquise torture jusqu’au paroxysme. Elle serra les jambes autour de lui, comme si elle redoutait qu’il ne la quitte trop vite.
Mais il n’en fit rien et ne s’arrêta pas. Glissant les mains sous ses fesses, il la souleva légèrement.
— Encore, dit-il en se tendant comme un arc.
Le dos appuyé contre la table, Tina leva les bras sur son front dans un abandon total. Elle n’était plus que plaisir…
Nico la dominait de toute sa force. Tout à coup, sans qu’elle puise les refouler, des larmes coulèrent au coin de ses yeux, mouillant ses tempes et ses cheveux.
C’était trop beau, trop parfait, d’être là avec Nico. Mais ne courait-elle pas à sa perte ? N’était-ce pas dangereux d’éprouver pareil bonheur ? Cet homme la détruirait.
— Tina, gémit-il. Dio, ne pleure pas.
Mêlant ses doigts aux siens, il chercha de nouveau sa bouche et la surprit en l’embrassant très doucement, avec une délicatesse dont elle ne l’aurait pas cru capable dans un tel instant. Une peur, alors, la saisit. Comprenait-il son émotion ? Se montrait-il tendre avec elle ou réagissait-il avec l’art consommé du séducteur ?
Elle serra très fort les yeux. Il ne fallait pas se laisser aller à ce genre de pensées. Ils étaient mariés, maintenant. Ils auraient bientôt un enfant. Il était à elle.
N’était-ce pas ce dont elle rêvait depuis toujours ? Depuis le premier instant où elle l’avait aperçu dans leur minuscule cuisine avec Renzo, et qu’il lui avait souri. Il était si beau et fort… et elle si timide et gauche.
Il se redressa, comme s’il devinait le tumulte qui l’agitait intérieurement.
— Tu réfléchis trop, lança-t-il avec rudesse. Arrête de penser.
Et il s’employa à annihiler toutes ses facultés de raisonnement, jusqu’à ce qu’elle s’embrase tout entière et que la boule de feu explose en une myriade d’étincelles multicolores.
Elle n’avait pas encore recouvré son souffle qu’il la suivit dans la jouissance, avec un tremblement de tout son être, et dans un même cri.
Quand il se laissa aller contre elle, Tina eut l’impression que les battements de son cœur emplissaient le silence. Empoignant les cheveux de sa nuque, elle maintint le visage de Nico enfoui au creux de son cou.
Peu à peu, les yeux fixés sur le plafond, elle sortit de son état d’hébétude et reprit conscience. Elle était allongée sur la console du vestibule, dans sa robe de mariée retroussée et à moitié déboutonnée. Ils n’étaient même pas allés jusque dans le salon.
Elle avait épousé un homme que sa famille haïssait et s’adonnait avec lui à des ébats débridés. Elle aurait dû avoir honte. Mais elle ne ressentait qu’une délicieuse excitation à cette idée.
Nico n’était pas un mauvais homme. Il se souciait autant qu’elle de l’avenir de leur bébé. Pour lui plaire, il avait fait venir par avion toute une collection de robes. Même si ce n’était pas vraiment de la bonté, cela le rendait du moins humain.
Elle avait encore la respiration haletante lorsqu’il s’écarta d’elle. Un frisson d’alarme la parcourut. Maintenant qu’ils avaient fait l’amour, il la laisserait, et quitterait peut-être même l’appartement pour faire un tour en ville et revenir quand elle serait endormie…
Il haussa les sourcils en surprenant son regard.
— Je ne m’en vais pas, Tina.
Agacée par sa perspicacité, elle se sentit néanmoins soulagée.
— J’espère bien, répliqua-t-elle en s’appuyant sur un coude.
Il lui tendit la main pour l’aider à se relever et lisser sa robe. Les jambes flageolantes, elle se raccrocha à lui et il lui lança un sourire dévastateur.
— Ce n’était qu’un prélude, murmura-t-il en repoussant une mèche de cheveux derrière son oreille.
— Ah ? articula-t-elle d’une voix altérée.
Il l’embrassa. Malgré ce qui venait de se passer, malgré son épuisement, elle sentit renaître la flamme du désir.
— Tu n’as encore rien vu, promit-il.
* * *
Etendu dans le noir, Nico écoutait la respiration régulière de la femme couchée près de lui. Fourbue, elle avait sombré dans le sommeil depuis plusieurs heures maintenant, alors qu’il n’arrivait pas à s’endormir. Il avait pourtant assouvi ses désirs. Mais il aurait suffi que Tina se tourne vers lui et pose une main sur sa cuisse pour réveiller son ardeur.
Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. D’où venait ce besoin insatiable ?
Oh ! naturellement, il aimait le sexe et les femmes. Il avait aussi l’habitude de partager son lit. Mais les sentiments n’avaient rien à voir là-dedans. D’ailleurs, il prenait toujours grand soin de le préciser à ses partenaires.
Certains hommes partaient au milieu de la nuit ou demandaient à leurs maîtresses de s’en aller. Nico se comportait différemment. Il ne dédaignait pas une présence féminine et ne rompait que lorsqu’il commençait à se lasser.
Il les quittait dès qu’elles devenaient sentimentales, jalouses, ou manifestaient leur attachement.
Du jour au lendemain, tout avait changé. Il était désormais marié, avec une femme qui l’intriguait de plus en plus. L’existence qu’il avait menée jusque-là, avec ses conquêtes faciles et sa vie luxueuse, lui semblait vide. Il se sentait seul et insatisfait. Pas heureux, en tout cas.
Tina l’excitait au plus haut point. Au point qu’il lui avait fait l’amour dans le vestibule, à peine entré. Il aurait dû se maîtriser, prendre son temps. Elle lui avait demandé de ne pas abîmer sa robe, mais dans sa hâte il avait bien failli la déchirer. Heureusement, il s’était montré plus attentionné, plus délicat ensuite, dans la chambre, explorant son corps voluptueux pour partager avec elle des plaisirs infinis.
Nico adorait ses soupirs et ses gémissements, et aussi la façon dont elle prononçait son nom, d’une voix douce qui se brisait tout à coup comme si sa vie dépendait de lui. C’était presque une supplication. En même temps, quelque chose en elle semblait lui échapper, rester hors de sa portée, et cela le rendait fou.
Que retenait-elle tout au fond d’elle-même ? Se faisait-il des idées ?
Il se tourna vers elle et posa une main sur sa hanche pour l’attirer contre lui. Leurs deux corps s’épousaient à la perfection, comme s’ils étaient faits l’un pour l’autre. Il resta immobile, à écouter sa respiration.
Valentina D’Angeli. Ou plutôt, Valentina Gavretti.
Il éprouvait un curieux instinct de protection envers elle, qui était pourtant la sœur de Renzo. Il aurait dû triompher, se rejouir d’avoir trouvé le moyen de se venger…
Elle lui caressa la joue dans son sommeil. En tout cas, Renzo n’avait pas intérêt à la lui enlever…
— Nico, soupira-t-elle.
— Oui, cara ?
Dans le noir, il devina son sourire.
— Rien…
Malgré lui, son sexe se dressait de nouveau. Il s’efforça de se contrôler.
— Dis-moi quelque chose, Tina.
— Mmm…, marmonna-t-elle en se pelotonnant entre ses bras.
— Je ne comprends pas comment tu as pu rester vierge aussi longtemps.
Il y réfléchissait depuis qu’elle avait fait irruption dans sa vie, sans parvenir à se l’expliquer. Avec sa nature fougueuse et passionnée, cela n’avait pas de sens.
Elle haussa les épaules.
— Je n’ai jamais trouvé personne qui me donne vraiment envie.
— Et pourquoi moi ?
— Ce soir-là, j’avais décidé de perdre ma virginité. J’avais d’ailleurs choisi quelqu’un d’autre. Mais il ne m’inspirait pas. Il ne sentait pas bon.
Nico cilla, puis éclata de rire.
— Heureusement pour moi !
Elle s’écarta pour contempler son expression.
— Tu le penses vraiment ?
Il se figea. Il avait parlé sans réfléchir. Tina ne devrait pas attacher trop d’importance à ses paroles. Mais comment le lui dire sans la blesser ? Elle était encore si jeune et si naïve… Il était trop tôt pour lui exposer ses vues sur les relations entre hommes et femmes. Pour lui, l’amour n’existait pas. Seule agissait une alchimie sexuelle qui faiblissait nécessairement au bout de quelque temps.
— Je ne regrette pas d’avoir été ton premier amant, Tina, dit-il en lui prenant la main pour la placer sur son sexe.
— Oh ! murmura-t-elle.
Il crut percevoir une pointe de déception. Espérait-elle une autre réponse ?
Il ne la questionna pas. Il ne voulait pas parler de l’avenir pour l’instant. Il voulait s’accoutumer à l’idée d’être marié, sans songer à ce qu’ils feraient quand viendrait la lassitude. Un jour pourtant, il leur faudrait aborder le sujet. Mais pas tout de suite.
— Rendors-toi, Tina. Tu as besoin de te reposer.
— Et si je n’ai plus envie de dormir ? protesta-t-elle à mi-voix.
— Pourquoi, tesoro ?
— Tu le sais.
Il enfouit le nez dans ses cheveux.
— J’ai vraiment beaucoup de chance.
— Profites-en. Cela changera peut-être quand le bébé commencera à grandir.
Elle se mit à l’embrasser avec passion. A sa surprise, elle le repoussa sur le dos et s’assit sur lui à califourchon, lui arrachant un soupir de plaisir. Elle bougea d’abord avec des mouvements indécis, puis, prenant plus d’assurance, accentua le rythme. Il s’agrippa à ses hanches pendant qu’elle gémissait et criait son nom. Cette fois-ci, ils parvinrent en même temps à l’extase et elle se laissa tomber sur lui pour l’embrasser.
— Quel plaisir ! murmura-t-elle, ravie de son initiative.
Le cœur battant, il reprit peu à peu son souffle.
— Nico, ajouta-t-elle, moi aussi, je suis heureuse que tu aies été le premier.
A ces mots, une émotion inattendue s’empara de Nico. Elle avait dit « le premier ». Ce qui signifiait qu’il y en aurait au moins un second, songea-t-il, l’estomac noué.
Juste une alchimie, se répéta-t-il en fermant les yeux. Imaginer Tina avec un autre homme lui était insupportable, mais ce n’était qu’une réaction physique, hormonale.