Glossaire

Ankolé. Vache de taille moyenne, fine et musclée, distinguée par de splendides cornes en forme de lyre, et une légère bosse cervicale qui l’apparente aux vaches indiennes. Son pelage est souvent beige, ou tache-tache gris, noir et blanc. Son élevage est l’apanage des Tutsis, qui l’élèvent pour la thésaurisation plus que pour la consommation. Le cheptel, presque totalement décimé pendant le génocide, par des abattages sur-le-champ ou par razzias à destination du Congo, est remonté à son niveau d’avant 1994, signe de la force de la tradition.



Einsatzgruppe. Unité mobile, formée à partir du printemps 1941 avec des hommes de la Gestapo ou des Waffen-SS, pour dynamiser les tueries et les déportations de Juifs dans le Reich.

FPR. Front patriotique du Rwanda. D’obédience tutsie, formé à partir de 1988 dans les maquis d’Ouganda, le FPR commença ses opérations militaires contre l’armée rwandaise en 1990. Il lança une vaste offensive le premier jour du génocide et s’empara définitivement du pays le 4 juillet 1994, sous les ordres de Paul Kagame, devenu par la suite président de la République. Le FPR s’est depuis transformé en armée régulière rwandaise, dont le champ d’activité principal est la région congolaise du Kivu.



Gaçaça. Jadis, les gaçaça étaient des tribunaux, familiaux ou tribaux, qui rendaient une justice traditionnelle sous l’arbre à palabres. Face à l’impuissance de l’appareil judiciaire institutionnel en place, due à la mort, à la fuite ou à la complicité d’un trop grand nombre de magistrats pendant le génocide, l’État rwandais a décidé de les réactiver, afin d’accélérer les procès des personnes soupçonnées de participation au génocide. Au niveau des collines, des communes, des villes, le principe gaçaça consiste à faire comparaître les accusés devant des assemblées de gens de leur voisinage, qui témoignent ou les jugent sous l’égide de cadres plus ou moins professionnels. Les assemblées ont commencé au printemps 2002. Les résultats de cette entreprise judiciaire unique sont controversés. Les inculpés du génocide sont classés en quatre catégories de responsabilité. Ceux de la première (idéologues, propagandistes, chefs de haut rang et tueurs de grand renom) ne peuvent être jugés par des gaçaça.



Gonolek. Oiseau au plumage rouge écarlate, noir et jaune. Très présent sur les collines, avec le soui-manga à longue queue, le rossignol philomèle.



Igisoro. Jeu de pions, aussi populaire au Rwanda que les dominos en Tunisie ou les échecs dans l’ancienne Yougoslavie. Ne s’apparente à aucun autre jeu connu.



Inkotanyi. Signifie « invincible ». Nom donné aux rebelles du FPR.



Interahamwe. Signifie « unité ». Nom des milices extrémistes hutues, créées à l’initiative du clan Habyarimana. Elles étaient entraînées par l’armée rwandaise ; localement, parfois, par des militaires français. Une partie a été décimée lors de l’offensive des troupes du FPR au Congo en automne 1996, une partie est rentrée avec la population de réfugiés hutus, pour se rendre à la nouvelle administration. Mais une grande partie a préféré se disperser au Congo, et vit en bande de pillards ou mercenaires, principalement dans la région du Kivu, frontalière entre le Congo et le Rwanda.



Kimbazi. Arbre trapu donnant des fleurs jaune poussin très odorantes qui prolifèrent entre les zones des marais et les forêts d’eucalyptus.



Minuar. Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda. Envoyée en novembre 1993 pour superviser l’accord de cessez-le-feu entre le gouvernement et le FPR. Ses effectifs initiaux de 2 500 hommes, sous le commandement du général Roméo Dallaire, descendent à 450 hommes le 14 avril 1994, une semaine après le début des tueries. Son intervention consistera à protéger et évacuer les expatriés et ses hommes. Après l’intermède de l’opération française Turquoise, destinée à protéger l’exode des Hutus, elle sera remplacée par une mission Minuar II, en août 1994, donc trois mois après la fin du génocide.



Muzungu. Étymologiquement : « celui qui a pris la place ». De fait, signifie le Blanc dans le langage courant.



Mwami. Roi tutsi.



Primus. Marque d’origine belge de la bière la plus populaire. Elle est brassée à Gisenyi, ville de l’ouest du Rwanda, face à Goma. Elle est vendue en bouteille de 1 litre uniquement. Légèrement amère, normalement alcoolisée, bon marché, elle se boit tiède, et se biberonne en infinies petites goulées, sans verre. Elle divise le monde des buveurs rwandais en deux camps. Ses partisans ne peuvent supporter l’idée de boire un jour une gorgée de Mutzig, brassée au Burundi, ou d’une Amstel, ses fades rivales.

MNRD. Mouvement national révolutionnaire pour le développement.



Sitatunga. Antilope aux mœurs amphibies. De robe chocolat ou gris-brun, rayée de blanc chez le mâle, elle possède des sabots effilés, écartés au bout, qui lui permettent de se déplacer avec vélocité dans la vase, mais rendent sa marche en terrain sec un peu ridicule. Elle se nourrit, à l’aube et au crépuscule, de feuilles de papyrus, et peut s’enfouir des heures dans l’eau en cas de danger.



Tisserin. Le tisserin est plus qu’un artisan, il est un véritable artiste, tant son nid, harmonieusement sphérique, délicatement accroché, se balançant au moindre souffle d’air, est une merveille de tissage. Il vit en colonie, plusieurs dizaines de nids cohabitant sur un même arbre, dans une cacophonie de cris stridents. Une colonie de plusieurs milliers d’entre eux s’est approprié les arbres autour du pénitencier.



Talapoin. Singe siffleur de petite taille. Acrobatique et quasiment aquatique, il vit en bandes de plusieurs dizaines d’individus dans les roseaux des marais.



Touraco. Oiseau qui s’apparente à un grand perroquet multicolore, enjolivé d’une huppe droite et coquette, amande chez le touraco vert. Très présent dans les brousses et forêts qui bordent les marais.



Umunzenze. Immenses arbres qui poussent aux abords des marais.



Urwagwa. Vin de banane, trois fois moins cher que la bière ordinaire et trois fois plus fort. D’où son immense popularité sur les collines, outre qu’il peut être délicieux. La fabrication consiste à enfouir trois jours des bananes dans une fosse pour les blettir, à en presser le jus que l’on mélange à une farine de sorgho, pour activer pendant trois jours sa fermentation. Il est plus ou moins fort, âpre et aigre, selon les périodes et le savoir-faire et doit être consommé dans les trois jours qui suivent sa fabrication. Il se boit dans une bouteille, dans laquelle est plongé un roseau, que son acheteur fait tourner à la ronde. Lors des longues sécheresses et pénuries de bananes, on peut le remplacer par l’ikigage, un vin de sorgho, aussi enivrant mais moins goûteux.