La disparition des réseaux

Jadis, le dimanche après-midi, sur le terrain de Nyamata, c’était jour de ballon de cuir, de « godillots », de bas et de tricots : le jour du Bugesera Sport, l’équipe de Nyamata. Elle jouait en deuxième division, couleurs violet et blanc, attirait chaque dimanche des colonnes de milliers de spectatrices et de spectateurs qui descendaient sous le soleil caniculaire en chantant à tue-tête à travers les forêts, de Kibungo, Kanzenze, N’tarama, de toutes les collines à trente kilomètres à la ronde.

Le terrain se situe au bout de la grand-rue, pas très loin du marché et des cabarets qui le bordent, où nombre de commerçants et d’habitués allaient et venaient. Boueux ou rocailleux selon les saisons, entouré de broussailles où paissent chèvres et vaches, il s’est aplani sous les pieds des gamins qui se le disputent en semaine, et s’est doté de buts à barres de fonte réglementaires.

À la création de l’équipe, les joueurs ont tapé la boule de feuilles de bananes, pieds nus, torses nus contre marcels, à même la grand-rue : c’était l’époque des pionniers. Puis ils ont tapé la boule de mousse à matelas sur un terrain à peine défriché ; ensuite la balle en caoutchouc. Cette équipe a intégré les joueurs des deux ethnies ; sa belle époque remonte aux années 70, celles des premiers ballons de cuir et des crampons.

Tite Rushita, l’ancienne star, qui mena le jeu sous le maillot numéro 10 au cours d’une quinzaine de championnats, se souvient : « Il y avait un riche commerçant dénommé François et un transporteur prospère dénommé Léonard. Comme ils étaient très poignée, ils épaulaient l’équipe avec de menus avantages. On recevait des brochettes et des boissons sucrées, on était véhiculés jusqu’à nos parcelles. Ceux qui habitaient loin pouvaient se faire prêter un vélo pour venir aux entraînements.

Si on accrochait de splendides victoires, on pouvait même emporter une chèvre ou des sacs de grain des mains des commerçants contents. La vie de ballon était profitable. C’est ainsi qu’on a forci suffisamment pour jouer deux saisons en première division. »

Le déclin de l’équipe date du début des années 90, avec le durcissement des attaques inkotanyi et la création des milices interahamwe. À Nyamata, l’entraîneur tutsi de l’époque est renvoyé sur l’ordre du bourgmestre Bernard, les commerçants ne se déplacent plus guère jusqu’au terrain, les joueurs hutus sont réquisitionnés à cause de leur prestige dans les premières parades et meetings, ratent matchs et entraînements.

Tite Rushita est un rescapé des marais. Il partage aujourd’hui son temps entre l’encadrement des gamins, l’après-midi, et des bières Mutzig, le soir chez Chicago ou chez Marie-Louise. Il résume ainsi l’ambiance entre les joueurs à quelques mois du génocide : « Avant le match, ils se montraient des sourires, sur le terrain ils se cachaient des pensées, mais après le match ils ne partageaient plus les boissons. L’équipe boitait bas et se faisait trébucher par des adversaires de rien du tout. »

La vedette de la dernière équipe qui joua avant les tueries est Évergiste Habihirwe, le successeur de Tite. Il est tutsi, rescapé et gaucher lui aussi. Il ne veut plus entendre parler de foot, malgré les appels des amis et des commerçants. Une casquette vissée sur la tête, il ne sort de sa parcelle que pour se rendre chez Marie, qui tient le cabaret Au Coin des Veuves, à Kanzenze.

Il précise sur cette époque : « Certains jours, les joueurs hutus quittaient l’entraînement pour écouter des meetings. Quand ils revenaient, ils nous sabotaient méchamment les chevilles. Alors, pendant les matchs, le jeu robuste pourchassait le beau jeu. Les tireurs ne visaient plus les buts, les chants se taisaient. Moqueries et murmures allaient grondant. »



À l’époque, Évergiste élevait un troupeau d’ankolé sur les prairies au-dessus de Kanzenze. Au premier matin des massacres, il pense spontanément trouver refuge chez Ndayisaba, l’arrière gauche, son plus proche équipier et ami, hutu, qui habite à quelque cent mètres. Il raconte : « Quand je suis arrivé dans sa cour, il tenait sa machette, j’ai vu qu’il avait déjà coupé deux enfants. Par chance, le temps m’a proposé un petit répit pour m’enfuir. Chez moi, c’était déjà trop tard, je n’ai plus revu personne. »

Il poursuit : « J’ai couru dans la forêt avec mes jambes de joueur. Le jour je m’enterrais dans les sorghos, la nuit je chapardais la terre en quête de manioc. Autour de la maison, j’entendais des joueurs de l’équipe qui chassaient. C’étaient bien ceux qui m’échangeaient le ballon auparavant. Ils criaient : “Évergiste, on a trié les tas de cadavres, on n’a pas encore remarqué ton visage de cancrelat. On va bien te dénicher. On va travailler la nuit si nécessaire, mais on va te cibler.” Ils hurlaient et se chamaillaient de ne pas m’attraper. Les joueurs, c’étaient les plus tenaces pour couper les joueurs. Ils avaient la férocité du ballon dans le cœur. »

À la boutique de chez Marie-Louise, où se réunit le soir la bande d’amis d’Innocent, Tite hoche la tête à l’évocation d’Évergiste. Il dit : « Moi aussi, les joueurs ont tout fait pour me couper. Ils étaient tenus. Ils étaient des interahamwe renommés grâce au football, ils devaient se faire complimenter grâce au football. Ils devaient couper des joueurs renommés. Dans l’équipe, pas un équipier n’a tendu la main à un équipier. Pas un n’a fermé les yeux sur une gentille complicité. Celui qui l’aurait osé, il aurait été découpé sur place. »

Innocent objecte : « Ils étaient forts et fameux grâce au football. Ils avaient bien profité grâce au ballon, ils ne voulaient pas s’arrêter en si bon chemin. Je ne sais pas s’ils pouvaient marchander quelques faux pas en faveur de leurs anciens pairs, mais je sais que pas un n’y a même pensé. »

Il ajoute, pince-sans-rire : « On connaît toutefois un cas de bonne entente chez les footballeurs. Un cas d’entraide sur des centaines de joueurs. Il était tutsi du nom de Mbarushimana, surnommé Mushimana. Il jouait dans l’équipe avec le numéro 6 dans le dos. Pendant les tueries, il a dénoncé des avoisinants tutsis, il a soulevé des cachettes, il a aiguillé des expéditions de chasse des tueurs. Il a espéré sauver sa vie en les aidant à couper ses équipiers. Les interahamwe se sont servi de lui et à la fin des fins l’ont abattu en travers d’un chemin. Sans le pousser dans un fossé. »

L’équipe a joué son dernier match contre Gashora en février 1994. Ce dimanche-là, elle se composait de cinq Hutus, cinq Tutsis et d’un fils de mariage mixte – mère tutsie et père hutu –, du nom de Célestin Mulindwa. Ce dernier est l’un des trois survivants de l’équipe et le seul qui tape encore dans le ballon les samedis et dimanches, avec des collègues enseignants ou des enfants de son hameau.

Il dit : « On avait vécu en frères joueurs, on s’est quittés en frères ennemis. L’amour du ballon a percé sous le premier coup de machette. Vous voyez, rien n’a résisté au génocide, il a coupé le football à l’improviste, comme tout le reste… »



À deux cents mètres du terrain de football, dans l’enceinte de la paroisse, entre l’église et l’hôpital, se situait la maternité Sainte-Marthe. L’établissement employait trois infirmières, sept sages-femmes plus ou moins diplômées, et autant d’aides-soignantes, hutues ou tutsies sans distinction. Il comportait sept lits pour les bébés malades, quatre pour les prématurés, deux lits en chambres privées et la grande salle de convalescence.

Dès les premières heures des tueries, tandis qu’une immense foule cherche refuge dans l’église, un groupe de quelques centaines de femmes et d’enfants, pour la plupart nés là récemment, se dirige vers la maternité, qui se transforme en un bivouac féminin. Le deuxième jour, les sœurs blanches s’en vont donc dans les blindés des casques bleus.

« Elles nous ont laissé des recommandations et leur provision de porridge. Mais comme on ne les avait jamais vues faire avec, on n’a pas su le manger », explique Valérie Nyirarudodo, l’une des infirmières rwandaises. « Il y restait les dames du personnel, les femmes venues accoucher avec leurs nourrissons, les femmes venues s’abriter avec les jeunes enfants. Il y avait aussi deux hommes, notre garçon de magasin et le mari d’une femme de salle qui avait inventé une cachette sous les planches. Il y avait aussi une vache dans l’enclos que le garçon allait traire pour nourrir les tout-petits. »

Valérie est hutue, native de la colline de Kanazi. Aujourd’hui elle habite une jolie maisonnette dans une rue arborée de Nyamata, où elle se sent plus sereine pour élever ses enfants. Elle est très digne, timide, parle un impeccable français ; consacre toute son énergie à son travail, comme auparavant.

Elle poursuit le récit de ces premiers jours de génocide à la maternité qu’elle n’a pas quittée : « En partant, les Suissesses m’avaient donné la clef pour que je n’ouvre à personne pendant leur absence. Toutefois, dès le premier jour, des militaires sont venus, pour nous prendre de l’argent ; ils revenaient tous les matins. Un matin, une femme est venue mettre au monde, c’était le premier heureux événement des tueries ; mais parce qu’elle était accompagnée d’interahamwe menaçants, on ne l’a pas laissée entrer. Nuit et jour, des jeunes gens maraudaient de plus en plus près avec leurs machettes.

Un jour, une infirmière est venue dans une jeep d’interahamwe pour désigner les tricheuses. Elle savait qu’on avait distribué toutes les blouses des placards à des jeunes filles parce qu’il se disait qu’ils ne tueraient pas le personnel accouchant. On voyait que la situation devenait grave à Nyamata et sur les collines, mais on ne pensait pas à ça dans une maternité. J’amenais même mes propres enfants au service pour plus de sécurité.

Le jour du terrible massacre de l’église, un militaire est venu chercher sa belle-maman chez nous. Il m’a dit en catimini : “On ne reviendra plus. C’est fini. Partez, fuyez, celles qui peuvent.” À la porte, des interahamwe ont crié : « Celles qui ne sont pas visées, sortez, par après on ne pourra rien faire pour vous, ce sera un même destin pour toutes. » On entendait les cris dehors, on regardait les machettes salies, on savait qu’ils avaient terminé le boulot à l’église, il y avait tous les signes que le moment fatal nous attendait.

Un jeune homme de Kanazi est arrivé tout essoufflé et s’est approché de moi. Il a dit : « Je suis venu te chercher de Kanazi, c’est ton frère qui m’envoie à vive allure. La chance t’attend dehors, toi et tes enfants, elle est impatiente pour ce que tu sais, ne la fais pas attendre. » J’ai regardé la maman qui venait d’accoucher devant moi sur un matelas, allongée avec ses deux enfants. J’ai prié à toute allure : Mon Dieu, dites-moi celui que je dois prendre. Puis j’ai pensé : Si je prends son nouveau-né, je ne saurai pas le nourrir puisque je n’ai pas de lait. Si je prends son aîné, ça sera plus aisé. Je l’ai accroché au dos et j’ai dit aux militaires : “Il est aussi le mien.” »

Valérie assiste de l’extérieur, dans le jardin, à ce qui suit : « Ils ont cerclé la maternité. Ils ont déchiré les grillages, ils ont juste tiré des balles sur les serrures. Ils portaient des bretelles de très bonnes cartouchières de cuir bien frotté, mais ils ne souhaitaient pas de gaspillage. Ils tuaient les femmes à la machette et au gourdin. Quand des filles plus agiles réussissaient à s’évader dans la cohue et franchir une fenêtre, elles étaient rattrapées dans les jardins. Quand une maman cachait un enfant sous elle, ils la soulevaient premièrement, ils coupaient l’enfant deuxièmement et sa maman finalement. Les nourrissons, ils ne prenaient pas la peine de les couper convenablement. Ils les tapaient sur les murs pour gagner du temps, ou les jetaient vivants loin devant sur les tas de morts… »

Elle conclut d’une voix qui n’a cessé de faiblir : « Le matin, on était plus de trois cents femmes et enfants. Le soir dans le jardin, on est restées à cinq survivantes, nées comme il faut dans la situation. Et un enfant : il se prénomme Honnête et a été emmené au Kenya chez sa tante. »



Les gens qui ont vécu une guerre racontent souvent d’admirables histoires d’amitié, d’incroyables romances ; d’insolites gestes de solidarité, de cocasses et poignantes complicités entre protagonistes de camps ennemis, ou de simples et beaux exploits. Tout cela nourrit des romans, des chansons, des films ou des soirées de souvenirs et vous rabiboche avec l’humanité.

Ainsi des bidasses allemands et français échangent des boîtes de pâté et conversent par-dessus les tranchées, des fellagas planquent des colons partenaires de belote, un ministre vichyssois évite la déportation à un confrère au nom d’une connivence de khâgneux. C’était pareil au Viêt Nam, en Irlande, au Liban, en Angola, au Salvador, en Israël, en Tchétchénie au nom d’une passion, d’une enfance, d’un clan, des choses simples comme l’affection ou la fidélité.

En Bosnie-Herzégovine, au plus fort des raids de purification ethnique, au plus dur du siège de Sarajevo ou de Goražde, des massacres de Foča ou de Brčko, nous savions des passages clandestins d’amoureux, des trafics de café et de moutons, des dialogues par-dessus les lignes de front pour s’échanger des nouvelles sur les enfants ou les maîtresses, des caches et des fuites ou des retrouvailles secrètes. À Vukovar, assiégé et aplati sous les obus, un mince sentier à travers des champs de maïs permettait au siège de suinter, au su des tankistes serbes.

Et à la fin de la guerre, nous fûmes stupéfaits d’apprendre, en plus, les mille et une historiettes sympathiques que nous ne pouvions soupçonner.



Sur la commune de Nyamata, pas un réflexe de camaraderie de footeux, pas un geste de compassion pour les nourrissons à relever. Aucun lien d’amitié ou d’amour qui ait survécu, au sein d’une chorale religieuse, d’une coopérative agricole. Aucune insoumission dans un hameau, aucune tentative dans une bande d’adolescents.

Aucune filière, pourtant simple à mettre en œuvre sur les quarante kilomètres d’immenses forêts désertes qui séparent les marais de la frontière du Burundi ; aucun convoi, aucun passage entre les chemins de bergers, aucun réseau de planques pour permettre d’évacuer des rescapés. Est-ce là une particularité d’un génocide ? Oui, essentiellement, que n’infirment pas les trop rares exceptions ici ou là.



On peut souligner ceci : cette particularité est importante aujourd’hui, tandis que le mot génocide est de plus en plus galvaudé, employé à tort et à travers, par des personnalités politiques, des journalistes, des diplomates, dès qu’ils témoignent de tueries massives ou cruelles.

Toutes les guerres génèrent des tentations barbares plus ou moins meurtrières. Le délire sanguinaire des combattants, le désir de vengeance, la détresse, la peur, le sentiment d’abandon, l’euphorie des victoires ou l’angoisse des défaites, la paranoïa, et surtout la sensation de damnation après le crime, provoquent des comportements et des actes génocidaires.

C’est-à-dire le ras-le-bol ou la panique, et l’envie d’en finir une fois pour toutes. Par conséquent des massacres de civils ou de prisonniers, des campagnes de viols et de tortures, des déportations meurtrières, des dévastations tous azimuts. Ce peuvent être aussi des actions non militaires : épandage de pesticides sur des rizières, décimation de troupeaux de bisons, conversion forcée à des religions et des cultures étrangères.

Mais confondre ces crimes de guerre – même lorsqu’ils tendent, dans leur folie collective, à réduire une communauté civile – avec un projet explicité et organisé d’extermination est une méprise intellectuelle et politique, symptomatique de notre culture du sensationnel.

Cette distinction n’est-elle pas du bla-bla rhétorique ? Est-il possible de distinguer un génocide dans le chaos d’une guerre ? Il est une question simple et décisive qui permet de répondre : sur quelles victimes s’acharne-t-on en priorité ?

À la guerre, on tue d’abord les hommes, parce qu’ils sont les plus aptes à combattre, puis les femmes susceptibles de les aider, les garçons parce qu’ils prennent la relève et ensuite les vieillards donneurs de conseils. Dans un génocide, on s’acharne sur tout le monde, et plus encore sur les bébés, les jeunes filles et les femmes, parce qu’elles représentent l’avenir.

Un exemple tiré de Srebrenica (que je connais mieux), mais ce pourrait être à Katyn, Grozny, My Lai, Bassora ou Chatila.

Le 11 juillet 1995, l’armée et les milices serbes de Bosnie entrent dans la ville assiégée. Une partie de la population tente de s’enfuir à travers les forêts, une autre tente de trouver refuge dans le camp onusien de Potocari. En trois jours, environ 8 000 hommes, civils pour la plupart, sont capturés alentour, déversés par camions entiers sur les labours et les chemins et massacrés à la mitrailleuse ou à la Kalachnikov. Des centaines d’entre eux sont sadiquement humiliés et torturés avant leur mort. Des femmes, arrêtées sur les routes, sont violées ; d’autres, traversant des champs, sont tuées ou mutilées avec leurs enfants par des explosions de mines ou de grenades.

Dans le même temps, la quasi-totalité des femmes, filles et enfants, environ 16 000 personnes, sont convoyées saines et sauves vers Tuzla, en territoire bosniaque. Le massacre de Srebrenica a répondu à une planification inouïe. L’idée du génocide a traversé l’esprit des nationalistes serbes, de Pale et de Belgrade, mais, s’ils avaient décidé de la mettre en application, ils auraient systématiquement mitraillé les femmes et les enfants, qui perpétuent la vie de leur communauté, à Foča en avril 1992, puis à Srebrenica en juillet 1995.

Cela dit, n’est-il pas vain de distinguer un massacre d’un autre lorsqu’ils sont d’une telle ampleur ? N’est-il pas imprudent de qualifier des épisodes d’une histoire jamais arrêtée ? La douleur des victimes n’est-elle pas incommensurable ? La sauvagerie de Srebrenica, ou de Grozny, n’est-elle pas aussi cruelle que celle de Nyamata ? Pour celles qui l’ont vécue, elle l’est. Pour nous autres, celle de Nyamata est plus angoissante parce qu’elle est absolue.



« Il y a guerre quand les autorités veulent renverser d’autres autorités pour se servir à leur place. Un génocide, c’est une ethnie qui veut enterrer une autre ethnie. Le génocide surpasse la guerre, parce que l’intention dure pour toujours, même si elle n’est pas couronnée de succès. C’est une intention finale », dit Christine Nyiransabimana, une cultivatrice. Référence étonnante à la « solution finale ».