COMME UN INTRUS

Scène : Pandémonium
INT. UN APPARTEMENT SPACIEUX ET VIDE — JOUR

Philippe applique de la peinture sur un mur du salon. Il porte un jeans bleu, un t-shirt et des bottes de travail.

Tout à coup, Philippe laisse tomber le pinceau à ses pieds et il titube comme un homme soûl.

Le pinceau, lorsqu’il heurte le plancher de bois franc, produit un éclat sec dans la pièce vide, et des gouttes de peinture bleue explosent.

En bruit de fond, des chocs de cymbales et des notes dissonantes et aiguës pendant cinq secondes, le temps de représenter le tumulte qui sévit dans la tête de Philippe.

Il appuie les mains sur le mur de façon à résister au vertige.

PHILIPPE
(à haute voix, paniqué)

Joe ! Joe ?

Joe n’est pas là.

Philippe hésite un moment, toujours l’air affolé, puis il chancelle jusqu’au contenant de peinture sur le plancher. Il trempe la main droite dans la peinture et appuie la paume contre le mur, puis encore et encore, dans une frénésie incontrôlable, trempant sa main à intervalles irréguliers dans le contenant qu’il transporte de la main gauche. Il couvre ainsi les quatre murs du salon d’empreintes bleues.

Puis il va dans une des chambres à coucher et répète le même manège, puis dans la cuisine.

Finalement, à bout de forces, Philippe tourne sur lui-même, s’appuie le dos contre le mur et se laisse glisser jusqu’au sol. Il ferme les yeux et baisse la tête, alors que la caméra s’éloigne de quelques mètres pour se fixer sur Philippe, assis là, sa main droite qui dégouline toujours de peinture.

Joe entre dans la pièce avec une caisse de bières et des sacs remplis de sandwiches achetés au restaurant du coin. Il aperçoit Philippe.

JOE

What the fuck… ?

Joe laisse tomber bières et nourriture et se précipite vers Philippe.