Crazy Horse tambourinait sur les glissières de sécurité. Il portait une tête de cheval par admiration pour ce grand chef indien qui ne craignait pas les balles et traversait les champs de bataille, invulnérable, tel un cavalier fantôme. Crazy Horse n’avait peur de rien. Il dirigeait la BST depuis dix ans. Avait participé à des dizaines d’interventions à haut risque et n’avait jamais récolté une balle. Jamais. Mais là, il avait parié quinze mille crédits sur Sony Rakam et perdait son sang-froid. Le jeu, ça ne pardonne pas. Prenez un moine qui vient de prier quinze ans dans une grotte, jetez-le dans les tribunes d’un champ de courses et il va craquer comme un débutant.
He Dog, son fidèle lieutenant, à qui le patron de la BST avait imposé le port d’une tête de chien pour rendre hommage à l’ami fidèle du Crazy Horse original, lui tapotait l’épaule.
— Bordel… Sony Rakam s’est explosé dans la chicane ! On lui a trafiqué son engin, c’est pas possible ! Cette course a été truquée !
He Dog retroussait ses babines de bouledogue, signe de nervosité, et continuait à lui tapoter l’épaule. Crazy Horse hennit de rage.
— Et merde ! me fait pas chier ! Je viens de me faire entuber, bordel ! Le tuyau d’Esméralda était percé. Je vais lui défoncer la gueule, à cette salope.
Il avait hurlé, et sur les gradins des dizaines de têtes, pour la plupart animalières, s’étaient tournées vers lui en grognant. Crazy Horse eut envie de les insulter grassement mais finit par se calmer.
Il se tourna vers He Dog.
— Ouais… Qu’est-ce que tu veux ?
— McKenzy et Friedman ont retrouvé Flighenstein.
— Entier ?
— Mieux que ça… La toubib ne nous a pas raconté des craques. Il est vraiment sorti du coma.
— Bordel !
— Oui et il refuse de croire qu’il est revenu sur Terre…
— Bon, conduisez-le au Bunker et j’arrive.