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Le supionar était de retour.

— Je suis fier de toi, mon petit Robert !

— Alors ? s’impatienta Helen.

— Karen va bien, dit Robert en faisant rouler ses muscles pectoraux.

— Karen ?

— Oui, c’est le nom de Katleen à Casablanca. Karen Novalski. Privée, alcoolique et légèrement dingue. Le kindron n’a pas été totalement efficace. Katleen n’a pas réussi à faire cohabiter les deux lignes de réalité. Alors elle a effacé la nôtre, enfin je veux dire la vôtre, à grands coups d’électrochocs. La débrancher reviendrait à abandonner Karen sous forme de spectre dans l’univers de Casablanca.

— Et Katleen… C’est elle qui nous intéresse, Robert. Karen n’est qu’un avatar.

— Elle serait réduite à l’état de légume.

— Harry pourrait la tirer d’affaire, lança Helen. Il a déjà vécu une aventure dans le mythopoïos, il saura comment lui faire trier ses souvenirs.

— Je lui ai déjà tout expliqué, beauté. Elle a eu un peu de mal, mais elle a fini par accepter l’idée qu’il existait deux univers. Elle pense cependant que l’univers de Narcose est moins « réel » que celui de Casablanca. Il faut lui laisser un peu de temps…

— Et Sharkey ?

— Elle est censée le retrouver pour le compte d’un certain Tony Montaldi.

— Inconnu au bataillon.

— C’est un Observateur. Mais il est passé du côté du Maître du Jeu. Il a trahi la Compagnie. Et apparemment on cherche à le lui faire payer.

— Sharkey aurait donc été tué par la Compagnie ?

— Possible. Je crois également savoir où se trouve l’ordinateur qui permet à la Dame Blanche de gérer Casablanca.

— La Dame Blanche ?

— C’est ainsi que Karen appelle le Maître du Jeu.

— Ouais… Bon, pour l’instant, on s’en tape.

La porte d’entrée vola alors en éclats.

— Et nous, pas du tout. Bien au contraire…

David et Helen esquissèrent l’idée de dégainer leurs armes, mais quatre bordens étaient déjà pointés sur eux.

C’était Crazy Horse qui avait parlé. Il ne dit rien de plus, s’avança vers Katleen, étendue dans la coque à viande, et lui tira une balle dans la tête.