CACHÉE DANS LE tunnel secondaire qui menait au petit coin, Feuille de Lis écoutait Étoile de Feu donner des ordres aux patrouilles. Des cris retentissaient au-dessus de la combe. Les combattants de la Forêt Sombre avaient lancé leur offensive sur la forêt.
Feuille de Lis soupira de frustration. Aile de Colombe l’avait réveillée trop tôt. Je voulais voir Pluie de Pétales, Patte de Mulot et Bois de Frêne avant le début des combats ! Je dois les retrouver. Elle dressa l’oreille.
« Restez avec Griffe de Ronce et gardez le camp », lança Étoile de Feu avant de partir en trombe.
Feuille de Lis attendit. Contre qui Étoile Brisée enverrait-il ses recrues du Clan du Tonnerre ? Pas contre leur propre clan, sans doute ! Ils seraient plus redoutables face à leurs rivaux habituels. Feuille de Lis s’enfonça un peu plus loin dans les ronces, contourna le petit coin et se fraya un passage dans les fougères jusqu’à ce qu’elle soit sortie du camp. Une odeur pestilentielle se répandait dans la forêt à mesure que les ténèbres l’envahissaient. Un vent violent rugissait dans les cimes.
Le miaulement de Griffe de Ronce la fit sursauter :
« Feuille de Lis ? Tu ne devrais pas être dans la patrouille d’Étoile de Feu ? »
Il savait qu’elle s’était entraînée dans la Forêt Sombre ! Pourvu qu’il ne la prenne pas pour une traîtresse…
« Je… je dois retrouver Pluie de Pétales, Bois de Frêne et Patte de Mulot avant qu’ils…
— Qu’ils trahissent leur clan ?
— Je sais qu’ils ne le feront pas ! lui assura-t-elle. Ils doivent juste être terrifiés.
— Retrouve-les, dans ce cas.
— C’est vrai ? s’étonna-t-elle.
— Oui, je compte sur toi.
— Merci ! »
Soulagée, elle tourna les talons et partit en trombe vers la frontière du Clan du Vent. Des cris retentissaient dans la lande et résonnaient sur l’eau, mais elle ne voyait personne. Elle força l’allure, ses coussinets frôlant à peine l’herbe glissante qui bordait le torrent frontalier.
« Feuille de Lis ! »
Ce grondement inattendu la contraignit à s’arrêter. Des yeux ambrés luisaient dans les ténèbres, de l’autre côté du torrent.
« Qui est là ? » lança-t-elle, les griffes déjà sorties.
Cœur de Tigre surgit des fougères.
« Où tu vas ? demanda-t-elle en franchissant le cours d’eau d’un bond. Tu sais que la bataille a commencé, non ?
— Plume de Faucon m’a dit de le retrouver ici.
— Tu es dans sa patrouille ?
— Et toi ? rétorqua-t-il d’un air méfiant.
— Je… je ne sais pas encore. Je n’ai pas reçu d’ordres. »
Elle réfléchissait à toute vitesse. De quel côté Cœur de Tigre se battait-il ?
« Plume de Faucon te dira où aller quand il arrivera. »
Mais je dois retrouver mes camarades ! Elle s’enfonça dans les fougères en lançant :
« Je n’ai pas le temps d’attendre ! Les combats ont commencé !
— Tu ne sais même pas qui tu dois affronter !
— Bien sûr que si, je le sais ! pesta-t-elle. J’affronterai tous les guerriers de la Forêt Sombre qui croiseront ma route ! » Elle le foudroya du regard. « Et n’importe quel guerrier des clans qui se battra du mauvais côté !
— Je pensais que les habitants de la Forêt Sombre étaient tes nouveaux camarades, répondit-il d’un ton presque menaçant. N’est-ce pas pour cela que tu t’es entraînée ?
— Je sais qui mérite ma loyauté. Je préfère mourir plutôt que de soutenir Étoile Brisée et Plume de Faucon.
— On croirait entendre ta sœur.
— Quel rapport avec ma sœur ?
— Elle a fait passer son clan avant moi, cracha-t-il.
— Et alors ? Tu devrais faire pareil ! Est-ce que toutes ces lunes passées dans la Forêt Sombre t’ont fait oublier le code du guerrier ?
— Je n’ai rien oublié du tout ! » feula-t-il, les crocs découverts.
Les fougères frémirent près d’eux. Feuille de Lis fit volte-face, le cœur battant. Plume de Faucon apparut.
« Feuille de Lis, fit-il, les yeux luisants. Où étais-tu passée ?
— Je cherchais Pluie de Pétales, Patte de Mulot et Bois de Frêne, balbutia-t-elle.
— Trouve-les, lui ordonna-t-il. Maintenant. Et foncez au camp du Vent. Je vous veux à mes côtés pour la seconde attaque. »
Feuille de Lis acquiesça. Avant de filer, elle surprit Cœur de Tigre qui se penchait vers l’oreille de Plume de Faucon. La terreur lui noua le ventre. S’il lui dit que je suis une traîtresse, je suis morte ! Le cœur battant, elle s’enfonça dans la bruyère.
« Bois de Frêne ! feula-t-elle. Pluie de Pétales !
— Feuille de Lis ! »
Elle s’arrêta net en entendant le miaulement de son père et le repéra sous un bouquet d’ajoncs aplati par le vent. Pluie de Pétales et Patte de Mulot étaient blottis près de lui, apeurés. Tout à coup, une explosion de cris retentit non loin, puis ils virent deux guerriers du Vent détaler à toute vitesse, poursuivis par des ennemis. Plus loin, sur la pente, d’autres félins s’affrontaient.
« Que devons-nous faire ? gémit Pluie de Pétales. Nous ne pouvons pas attaquer d’autres guerriers !
— Bien sûr que non ! fit-elle. Nous devons défendre les clans contre la Forêt Sombre.
— Tu savais depuis le début ce qu’ils prévoyaient de faire ? lui demanda Bois de Frêne.
— Oui.
— Pourquoi tu ne nous as rien dit ? s’étonna Patte de Mulot.
— J’espionnais la Forêt Sombre, expliqua-t-elle, tête droite. Je ne savais pas à qui me fier. Je devais vous laisser comprendre par vous-mêmes ce qui se passait.
— Et qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
— Nous participons à la bataille, comme Étoile Brisée le voulait, mais nous nous battons pour les clans. En revanche, nous pourrons utiliser les coups bas que la Forêt Sombre nous a appris. » Une odeur familière lui chatouilla soudain la truffe. « Pelage Pommelé ? » hasarda-t-elle, prudente, en reconnaissant le parfum de la guerrière de l’Ombre.
Est-ce qu’elle aussi aurait le courage de s’opposer à la Forêt Sombre ? Lorsque la nouvelle venue sortit de la bruyère, Pelage de Brume la doubla brusquement. Les poils de Feuille de Lis se hérissèrent lorsqu’elle vit Griffe d’Épines et Patte de Neige derrière lui.
« Ah, vous voilà ! s’écria Pelage de Brume. Nous allons lancer l’attaque sur le camp.
— Mais Plume de Faucon nous a dit de le retrouver ici, protesta Feuille de Lis.
— On le verra sur place, rétorqua-t-il. Il attaquera sur l’autre flanc.
— Entendu. Allons-y. » Elle jeta un coup d’œil désespéré vers ses camarades et suivit la patrouille de Pelage de Brume qui partait vers le camp. « Une fois sur place, nous nous retournerons contre eux », murmura-t-elle à Bois de Frêne lorsqu’il la rattrapa.
La bruyère lui frôlait la fourrure, son parfum fleuri étouffé par la puanteur ambiante. Le sol tourbeux lui semblait glissant sous ses pattes. La lande se transforme en Forêt Sombre ! Non ! Je ne laisserai pas cela arriver !
« Dépêchez-vous ! lança Patte de Mulot en la dépassant. Ils ne doivent pas arriver en premier ! »
Les poumons en feu, elle suivit Bois de Frêne et Pluie de Pétales entre les buissons. Une fois au sommet de la colline, elle vit le camp du Vent, en contrebas. La clairière grouillait de chats vociférants. Un ennemi avait cloué Plume de Jais au sol et lui lacérait le ventre avec ses pattes arrière. Feuille de Lis reconnut Aile Blanche, Truffe de Sureau et Plume de Noisette, dont les larges épaules dénotaient au milieu des silhouettes fines des guerriers du Vent. Poil d’Hibiscus, du Clan de la Rivière, et Patte de Musaraigne, du Clan de l’Ombre, se battaient à leurs côtés. Un combattant du Lieu sans Étoiles assomma Poil d’Hibiscus pendant qu’un mâle griffait le ventre de Plume de Noisette et qu’un autre arrachait des touffes de fourrure du flanc d’Aile Blanche. Les guerriers des clans étaient en infériorité numérique : leur vie était en jeu.
Pelage de Brume arriva au sommet de la colline, la queue battante. Griffe d’Épines baissa les yeux vers le camp.
« Quand attaquons-nous ? demanda Pelage Pommelé.
— Une fois que la première patrouille les aura épuisés », répondit le vétéran.
Pluie de Pétales trépignait sur place. Feuille de Lis devinait sa frustration.
« Pourquoi est-ce qu’on ne va pas les aider tout de suite ? murmura sa camarade.
— Attends un instant. »
Griffe d’Épines leva la tête vers le bout du camp, où la silhouette assise de Plume de Faucon se découpait sur les nuages. Sa patrouille allait et venait nerveusement près de lui. Le pelage tacheté d’Étoile du Tigre était visible parmi eux.
Une plainte résonna dans la combe. Feuille de Lis retint son souffle en voyant une reine repousser un guerrier de la Forêt Sombre pour défendre un chaton qui tremblait près de la frêle barrière d’ajoncs.
Dépêchez-vous ! Feuille de Lis devait se contrôler pour rester immobile. Enfin, elle vit Plume de Faucon lever la queue puis l’abaisser brusquement.
« À l’attaque ! » hurla Griffe d’Épines en se lançant dans la descente. Il défonça la paroi de bruyère et déboula dans le camp. Patte de Neige chargea derrière lui, suivi par Pluie de Pétales.
Feuille de Lis se mit en travers du chemin de Pelage Pommelé.
« Tu ne vas pas te battre de leur côté, pas vrai ? »
La guerrière la dévisagea, les yeux écarquillés.
« Mais… mais je suis obligée ! bégaya-t-elle, terrifiée.
— Tu dois défendre le clan ! Est-ce que la mort n’est pas préférable à une vie où Étoile Brisée serait ton chef ? »
Pelage Pommelé cligna des yeux.
« Tu es toujours une guerrière, lui rappela Feuille de Lis. Le code du guerrier stipule que nous devons risquer nos vies pour nos camarades. Et ils n’ont jamais eu autant besoin de nous que maintenant !
— Tu as raison. Ma vie est un bien faible prix à payer, vu ce que j’ai fait.
— Ce n’est pas le moment d’avoir des remords, lui dit Feuille de Lis. Bats-toi loyalement, avec courage. C’est tout ce que ce clan te demande.
— Dans ce cas, c’est ce que je lui donnerai ! »
La guerrière de l’Ombre s’élança vers le camp. Pressée d’atteindre Pelage de Brume, Feuille de Lis fonça à travers la bruyère et déboula dans la clairière tourbeuse. Des chats s’y battaient en feulant dans tous les coins. La chatte au pelage argenté et blanc jeta un regard circulaire et finit par repérer Pelage de Brume, qui suivait Griffe d’Épines dans la cohue. Elle se faufila derrière lui.
« Non ! » lança-t-elle lorsqu’il se prépara à attaquer un guerrier du Vent. Elle se jeta sur lui et l’envoya rouler au sol. « Tu ne peux pas te battre pour la Forêt Sombre !
— Tu es folle ? hurla-t-il. C’est pour ça qu’on s’est entraînés !
— Mais tu ne peux pas approuver leur plan ! »
Soudain, des griffes lui lacérèrent la joue et la douleur la fit chanceler. Griffe d’Épines se dressait au-dessus d’elle et dévoilait ses crocs jaunes.
« Traîtresse !
— Au contraire ! cracha-t-elle. Je suis restée fidèle à mon clan depuis le début ! Si je venais dans la Forêt Sombre, c’était uniquement pour découvrir ce que vous tramiez ! »
Son cœur se serra lorsque Plume de Faucon, puis Patte de Neige apparurent derrière l’épaule de Griffe d’Épines, les yeux noirs de haine.
« Nous non plus, nous ne nous battrons pas pour vous ! » feula Bois de Frêne en se jetant sur un ennemi tigré.
Pelage Pommelé se rua vers un matou au poil miteux.
« Je me bats pour les clans ! rugit-elle.
— Dans ce cas, nous vous tuerons en premier, gronda Plume de Faucon. Avant que nous détruisions vos maudits clans ! »
Feuille de Lis retint un cri lorsque Patte de Neige la percuta si fort qu’elle roula au sol. Elle se releva d’un bond et chargea le matou blanc famélique. Elle planta ses griffes dans ses épaules et tenta de le renverser, mais il se tordit le cou pour chercher à lui mordre la gorge. Heureusement, elle l’esquiva juste à temps, bousculant au passage un pelage tacheté.
Cœur de Tigre ! Elle reconnut aussitôt son odeur.
« Est-ce que je dois t’affronter, toi aussi ? feula-t-elle.
— Je suis un guerrier, gronda-t-il. Je me bats pour les clans. » Il se tourna et arma ses pattes arrière pour renverser Griffe d’Épines. « Les combattants de la Forêt Sombre n’ont rien à faire ici. C’est le territoire des clans ! »
Feuille de Lis reprit espoir et lacéra le flanc de Patte de Neige.
« Que faisais-tu dans la Forêt Sombre, dans ce cas ? » lança-t-elle au guerrier de l’Ombre.
Elle se glissa sous le ventre de Griffe d’Épines et le fit basculer.
« Comme toi. Je voulais découvrir ce qu’ils manigançaient.
— Mais le sang d’Étoile du Tigre coule dans tes veines ! s’étrangla Griffe d’Épines.
— Et alors ? Ça ne veut pas dire que je dois être comme lui, rétorqua-t-il en lui assénant un coup de patte féroce. Il a failli détruire le Clan de l’Ombre, jadis. Je n’allais pas le laisser recommencer ! »
Plume de Faucon repoussa Griffe d’Épines en rugissant :
« Laisse-moi achever ce traître ! Patte de Neige et toi, occupez-vous de Feuille de Lis ! »
Celle-ci sentit des griffes se planter dans ses épaules. Ses pattes se dérobèrent sous elle et elle trébucha sur le côté. Patte de Neige et Griffe d’Épines l’obligèrent à reculer dans la barrière, frappant son museau encore et encore. La guerrière leva ses pattes avant pour parer les coups, mais elle dérapa sur le sol glissant. La bruyère s’accrochait dans son pelage et elle ne cessait de trébucher. D’un bond, elle évita de justesse Patte de Neige qui lui fonçait dessus. Elle se rendit alors compte qu’elle était loin des autres guerriers des clans. Dans la clairière, Cœur de Tigre s’était fait encercler par leurs ennemis. Bois de Frêne défendait un chaton à l’autre bout du camp. Dos à dos, Pelage Pommelé et Pluie de Pétales se défendaient tant bien que mal, les moustaches ensanglantées, parant une à une les attaques de quatre mâles.
Clan des Étoiles, aide-moi ! Patte de Neige et Griffe d’Épines continuèrent à repousser Feuille de Lis dans la bruyère. Le camp disparut de son champ de vision. Soudain, ses assaillants marquèrent une pause pour reprendre leur souffle. Patte de Neige retomba à quatre pattes pendant que Griffe d’Épines la dévisageait, hors d’haleine.
Feuille de Lis fit alors volte-face et chercha un moyen de s’enfuir. Des ajoncs, hérissés d’épines, l’encerclaient de tous les côtés.
« On l’a prise au piège ! » lança Griffe d’Épines par-dessus son épaule.
Plume de Faucon s’approcha d’eux.
« Tu pensais vraiment que tu aurais la vie sauve après m’avoir trahi ? cracha-t-il avant de regarder ses deux camarades. Achevons-la très lentement. »
Il se jetèrent tous les trois sur elle, enfonçant leurs griffes et leurs crocs dans sa chair. La douleur était inimaginable. Je ne mourrai pas sans me battre ! se promit-elle malgré sa terreur. Et je t’emmènerai avec moi, Plume de Faucon ! Elle se redressa soudain en rugissant, farouche comme un blaireau, et repoussa ses trois adversaires d’un coup.
Plume de Faucon retomba sur ses quatre pattes. Il n’avait d’yeux que pour sa gorge.
« Je t’ai trop bien entraînée », gronda-t-il.
Lorsqu’il bondit vers elle, elle se glissa sous lui, mais il planta ses griffes dans sa queue et la cloua au sol. Griffe d’Épines et Patte de Neige attaquèrent ses deux flancs et lui déchirèrent les oreilles. Lorsqu’elle se débattit pour se libérer, Plume de Faucon la saisit par les épaules et elle vit l’éclat de ses crocs près de son cou. Elle se retenait de crier lorsqu’un félin noir sauta par-dessus les ajoncs et retomba juste à côté d’elle.
« Lâchez-la ! » hurla Feuille de Houx.
Elle percuta Plume de Faucon si brutalement qu’il atterrit dans les branches piquantes.
Libérée, Feuille de Lis se tourna vers Griffe d’Épines et Patte de Neige et, côte à côte, les deux guerrières leur assénèrent une pluie de coups coordonnés. Une giclée de sang éclaboussa le sol lorsque Feuille de Lis entailla le museau de Patte de Neige et tordit la truffe de Griffe d’Épines. Prenant appui sur ses pattes avant, elle pivota et frappa Griffe d’Épines avec ses pattes arrière puis mordit Patte de Neige à la gorge.
Le guerrier blanc poussa un cri de douleur avant de s’arracher à ses mâchoires. Feuille de Lis goûta son sang tandis qu’il filait se cacher dans les fougères. Elle recracha une touffe de fourrure blanche sanguinolente puis croisa le regard épouvanté de Griffe d’Épines.
« Fuis, feula-t-elle. Autrement, je te tuerai. »
Gueule bée, le matou détala à toute vitesse et disparut dans les ajoncs. Un cri retentit derrière Feuille de Lis. Lorsqu’elle se retourna, elle vit Feuille de Houx frapper le museau de Plume de Faucon. La force du coup envoya le guerrier de la Forêt Sombre au sol. Il se releva tant bien que mal, la joue en sang, un œil si gonflé qu’il ne s’ouvrait plus, et s’enfuit à son tour.
« Tu m’as sauvé la vie ! » s’écria Feuille de Lis en fixant la chatte noire.
Feuille de Houx chancela avant de s’écrouler.
« Feuille de Houx ! » cria Feuille de Lis.
Blessée à la gorge, sa camarade perdait beaucoup de sang. Paniquée, Feuille de Lis la saisit par la peau du cou et commença à la traîner vers la frontière du Clan du Tonnerre. Œil de Geai saurait comment la soigner.
« Je vais te ramener chez nous, lui promit-elle sans la lâcher. Je te le promets. »
Un matou tigré déboula vers elle à travers les ajoncs. Feuille de Lis banda ses muscles, prête à se battre encore.
« Laisse-moi t’aider ! feula Cœur de Tigre en glissant son museau sous l’épaule de la chatte noire. Nous irons plus vite à deux. »
Les cris de la bataille s’évanouirent derrière eux tandis qu’ils portaient au loin la guerrière blessée.