> Un GROS imprévu
Bon, je sais que j’ai dit que la prochaine fois que j’écrirais sur mon blogue, je serais à la maison, mais ce n’est pas le cas. Il est arrivé un imprévu qui fait en sorte que je suis présentement dans le lobby d’un hôtel, à 200 kilomètres de la maison.
On est partis comme prévu au lever du soleil. C’était vraiment beau, les rayons du soleil passaient au travers de quelques nuages, c’était orange, mauve et bleu en même temps.
Grand-Papi était full de bonne humeur, moi, un peu moins. Je me suis réveillée en pleine nuit parce que j’avais mal au ventre. Super, mes règles! Il ne manquait plus que ça pour rendre la fin de mes vacances grandiose.
On s’est arrêtés pour déjeuner dans un restaurant vraiment minable. Tous les clients avaient l’air de personnages de films d’horreur. Il y en avait un qui avait un crochet à la place de la main. Un autre avait tellement de poils dans les oreilles qu’on aurait dit qu’il s’en était fait greffer. Un autre mangeait sans jamais enlever le cure-dent qu’il avait au coin de la bouche. Celui qui était à mes côtés était chauve et il n’arrêtait pas de regarder plus ou moins subtilement ma poitrine. Sur son crâne, il y avait un tatouage de je ne sais pas quoi d’ovale, un genre de météorite ou une patate. Grand-Papi s’est rendu compte que le regard de mon voisin était insistant, il m’a demandé si je voulais changer de place parce que ses seins étaient plus petits que les miens.
Je me suis rendu compte que j’étais la seule fille de la place. J’ai été temporairement soulagée quand j’ai vu la serveuse arriver. Une femme de peut-être cinquante ans vraiment trop maquillée et vraiment trop bronzée. Genre sa peau ressemblait à celle d’un poulet qui a passé quatre heures dans une rôtissoire. Si elle s’était parfumée avec des épices au barbecue, ça aurait été la même chose. Genre lorsque qu’on touche à sa peau, ça croustille.
J’ai mangé en vitesse, mais pas Grand-Papi, qui a commencé une conversation avec l’un des monstres.
La bouffe était parfaitement dégueulasse. Mes rôties étaient froides et molles de gras. Mes dents rebondissaient sur les œufs et les patates, c’était des roches. On est finalement partis sains et saufs de ce palace. Je me suis endormie et quand je me suis réveillée, c’était la flotte. Il faisait supra noir, comme la nuit. Il pleuvait tellement que les essuie-glaces n’arrivaient pas à faire leur travail. Et il y avait des éclairs et du tonnerre. Grand-Papi a éteint la radio pour mieux se concentrer sur la route. On roulait à vingt kilomètres à l’heure max. On ne voyait même pas devant ou derrière.
C’est à ce moment que j’ai entendu un bruit qui m’a fait sursauter. Comme si deux morceaux de métal étaient entrés en collision. Devant moi, des lumières rouges sont apparues, puis elles ont commencé à bouger dans tous les sens. Et j’ai vu soudain une automobile se soulever dans les airs et atterrir sur le toit. Grand-Papi a freiné et a tourné son volant, mais l’auto a glissé sur l’eau et est allée frapper une autre auto sur la voie d’évitement. Alors que je pensais que c’était terminé, un camion nous a frappés à l’arrière, du côté de Grand-Papi. On a fait un tonneau.
Grand-Papi m’a demandé si j’allais bien, j’ai dit oui. Il a composé le 9-1-1 et il a dit qu’il venait d’y avoir un accident. J’ai jeté un œil à Youki, c’était comme s’il ne s’était rien passé. Mais le pauvre H’aïme n’a pas eu la même chance: sa cage était renversée! Grand-Papi l’a observé et il n’avait rien de cassé. Il a appelé à la maison pour dire à Mom qu’on avait eu un accident, mais qu’on n’était pas blessés. Mom m’a parlé un peu. J’ai tout fait pour retenir mes larmes.
On a attendu une minute ou deux, pour être sûrs qu’aucun autre véhicule n’allait nous percuter, puis on est sortis.
Il y avait sept automobiles déglinguées, mais personne de blessé. Le premier policier arrivé sur les lieux a parlé d’un miracle.
Je suis allée dans la voiture, pour me réchauffer. J’étais vraiment trempée. Puis en réalisant ce qui venait de se passer, j’ai serré Youki très fort dans mes bras et j’ai commencé à pleurer. Grand-Papi est entré dans l’auto pour prendre des papiers dans le coffre à gants. Il m’a consolée et m’a dit que tout allait bien se passer.
Je n’arrêtais pas de penser à Zac et à l’accident. Je me suis demandé s’il avait souffert ou s’il était mort sur le coup. J’espère qu’il n’a pas souffert.
On a vidé l’auto et on a tout transféré dans la remorqueuse. Le monsieur, en voyant notre véhicule, s’est demandé comment il se faisait que nous soyons encore vivants.
On va donc dormir dans un hôtel ce soir. L’automobile de Grand-Papi est une perte totale, il va devoir s’en acheter une autre. D’ici là, il va en louer une pour retourner à la maison.
Je pensais que Grand-Papi allait être un peu malheureux, il aimait tellement son « char ». Il m’a dit que ce n’était que de la tôle et que l’important est que je ne sois pas blessée.
La bonne nouvelle dans tout ça est que je ne pourrai pas aller à mon rendez-vous chez le dentiste pour me faire poser des broches. Yé! Avec de la chance, tout le monde va oublier que je devais en porter et je vais pouvoir m’en passer.
Je vais aller souper, même si je n’ai pas faim. Et en plus, je dois partir à la recherche de serviettes sanitaires parce que je n’en ai plus. Super.