Il était six heures du soir, mais le radieux soleil estival était encore très haut dans le ciel.
Sur la terrasse du Café suisse, à l’ombre de l’auvent aux rayures bleues et blanches, assis sur une petite chaise face à une table ronde couverte d’une nappe à carreaux rouges et blancs, un homme corpulent tournait entre ses mains un verre vide. Il était là depuis une heure – deux, peut-être. À cinq heures, entre ses paupières plissées – d’un œil lourd mais amusé –, il avait observé les passagers qui descendaient du Victoria, un vapeur à aubes en provenance de Newhaven. Sacs et valises à la main, suivis de leurs porteurs, ils faisaient en cortège le trajet des quais au centre-ville. Au passage de l’un d’eux, il avait levé son canotier. L’homme qu’il pensait avoir reconnu l’avait ignoré.
À présent, la parade était passée et le tumulte s’était dissipé. En dehors de la silhouette fuyante d’un curé *, insecte noir affairé sous sa barrette, la rue était déserte. Des docks provenaient le grondement étouffé des charrettes sur le pavé et, de temps à autre, les cris d’un manœuvre. Tout à côté, sous le porche qui jouxtait le café, un chien errant jappait, se tournant et se retournant parmi les journaux et les feuilles de chou amassés là – les reliefs du marché du jour.
L’homme avait le visage long, large et fort : un nez proéminent, des lèvres pleines, des dents inégales et jaunies, le teint pâle et cireux, des cheveux auburn ternes et clairsemés. Il fumait une cigarette turque et fixait devant lui un regard vide. Il portait un costume de lin couleur crème, une chemise blanche et une cravate vert bouteille nouée avec négligence. Il manquait un bouton à son veston et il n’avait pas un sou en poche. Pourtant, il ne paraissait pas malheureux. Quand le curé * (qu’il connaissait) s’était arrêté à sa table pour le saluer, ils avaient échangé quelques plaisanteries (en français) et, d’un geste théâtral, l’homme avait levé son verre en direction du prêtre – puis l’avait vidé. Le moment lui semblait maintenant venu d’en boire un autre.
Tandis qu’il se tournait à la recherche du garçon, il aperçut un inconnu qui sortait du café et se dirigeait droit vers lui, sourire aux lèvres et bras grands ouverts. Ce jovial individu – un homme de taille et d’âge moyens, à la frêle carrure et à la chevelure blonde, portant lunettes et costume élégant – tenait dans une main deux flûtes et, dans l’autre, une bouteille de champagne.
— Mirage ou miracle ? murmura l’homme assis en jetant au loin le mégot de sa cigarette.
— Perrier-Jouët 92, répondit le nouveau venu, qui orienta la bouteille de façon à en montrer l’étiquette à son interlocuteur.
Il jeta un regard par-dessus son épaule en direction de la salle.
— Un serveur nous apporte de la glace.
Avec quelque cérémonie, l’inconnu déposa la bouteille et les deux verres sur la table, rajusta ses boutons de manchette, releva ses lunettes sur son nez et inclina légèrement la tête. D’un mouvement sec, il serra les talons en les faisant claquer.
— Me permettez-vous de me joindre à vous, monsieur ? demanda-t-il.
— Je serais profondément navré que vous ne le fissiez point.
L’inconnu éclata de rire et tira une chaise à lui. Il s’assit. Il avait dans ses mouvements, nota l’homme au costume de lin, la grâce d’un danseur. La bouteille était déjà débouchée. Avec une concentration étudiée, le nouveau venu remplit les deux flûtes à ras bord. Il tendit l’une à son hôte, qui contempla les fines bulles dorées avec une évidente félicité.
— C’est le breuvage que j’aime le plus au monde, dit-il.
— Je sais, répliqua l’autre. Il y a une deuxième bouteille au frais. J’ai pensé que nous pourrions la boire un peu plus tard, sur un petit homard mayonnaise.
L’homme au costume de lin ferma les yeux et, d’une main, porta le verre de champagne à ses lèvres. Quant à l’autre main, il la posa délicatement sur le bras de son compagnon inattendu.
— Merci, souffla-t-il, et il aspira une autre gorgée.
— Le plaisir et l’honneur sont pour moi. Je suis heureux de vous avoir trouvé. Ça n’a pas été facile.
L’homme rouvrit les yeux et regarda son interlocuteur avec attention. Il portait une fine moustache et une barbe discrète. Par principe, il se méfiait des individus qui se laissaient pousser des poils sur le visage – qu’avaient-ils à cacher ? Mais, ici, ces agréments pileux étaient à peine visibles – et le vin, clair et frais, était une merveille.
— Vous me cherchiez donc ? s’enquit-il d’un ton badin.
— Oui, et maintenant que je vous ai trouvé, j’espère que vous allez bien vous comporter.
— Je me porte très bien, repartit l’homme au costume de lin en étrécissant les yeux.
— Ce n’est pas exactement la même chose. À vrai dire, l’un et l’autre vont rarement de pair.
L’inconnu s’exprimait d’une voix douce. Son accent était celui d’un gentleman, mais il y avait quelque chose d’artificiel dans sa façon de parler – quelque chose d’affecté, presque d’efféminé. Et une fine couche de poudre lui couvrait la peau.
— Êtes-vous acteur ? demanda l’autre. Nous connaissons-nous ?
— Je suis apothicaire, répondit l’inconnu, qui plongea la main dans sa veste et produisit une petite carte de visite qu’il fit glisser sur la table.
L’homme au costume de lin s’en saisit et la porta à ses yeux.
— Vous vous appelez Quilp ? Et vous êtes apothicaire ?
— Et écrivain, entre autres choses.
— Je suis moi-même écrivain, déclara son interlocuteur sans cesser d’étudier le bristol. Et rien d’autre, hélas. J’ai un ami qui est lui-même tout à la fois homme de médecine et de lettres – Arthur Conan Doyle. Vous voyez de qui il s’agit, je suppose ?
— Le créateur de Sherlock Holmes.
— Exactement. Le Dr Conan Doyle et moi avons autrefois partagé deux ou trois aventures et il m’a enseigné la science holmésienne de la déduction et de l’analyse. Il m’a appris quelques-unes des astuces du grand homme. Il m’a inculqué l’importance de l’observation et le sens du détail révélateur.
Souriant, l’homme rendit sa carte à l’inconnu.
— Je dois dire, Dr Quilp, que l’on s’attendrait, chez un apothicaire, à des mains plus délicates que les vôtres.
— J’ai les mains de mon père, se défendit l’autre calmement.
Il empocha la carte, puis il étala ses doigts sur la table.
— Il était forgeron, dit-il en les contemplant.
— Et votre mère ?
— C’était une dame, lâcha laconiquement le Dr Quilp.
L’homme au costume de lin but une nouvelle gorgée de champagne et considéra son étrange compagnon.
— Visiblement, vous me connaissez, monsieur. Mais moi, est-ce que je vous connais ? Vous me paraissez familier, et cependant je n’arrive pas à déterminer pourquoi. Nous sommes-nous déjà rencontrés ?
— Vous m’avez sans doute aperçu – en train de vous regarder.
— De me regarder ?
— De vous observer. Je voulais m’assurer que vous étiez bien la personne que je pensais. Je ne voulais pas me tromper en vous abordant.
— Et vous placer dans l’embarras ?
— Votre apparence pouvait avoir changé.
— Elle a changé.
— Et les photographies sont parfois trompeuses.
— Pas seulement les photographies…
Sans quitter son nouvel ami des yeux, l’homme pencha la tête de côté.
— Depuis combien de temps m’observez-vous, Dr Quilp ?
— Je suis à Dieppe depuis le début de la semaine. Je suis arrivé le jour de votre goûter d’enfants.
— Ma petite fête * en l’honneur du jubilé de diamant de la reine Victoria ? Ils étaient quinze, vous savez. Je n’en avais invité que douze pourtant – le jardin de la pension où je réside est si petit. Et je déteste la foule.
— Vous avez dû passer un agréable moment.
— Jamais de ma vie je n’ai donné réception si joyeuse. Nous avons eu des fraises à la crème, des abricots, du chocolat, des gâteaux et du sirop de grenadine *. J’avais promis un cadeau à chaque enfant et tous ont voulu un instrument de musique – qui une trompette, qui un accordéon. Nous avons chanté des chansons, joué à des jeux… Ils ont même dansé pour moi.
— Je sais. J’ai tout suivi depuis la route.
— Ainsi c’était vous ? fit l’homme en vidant son verre. Je vous ai vu. Je pensais que vous étiez un policier en civil. Je suis heureux de m’être trompé.
— C’était réellement une réunion charmante.
— Tout a été parfait. À sept heures, les enfants sont repartis et j’ai donné à chacun un petit panier avec des bonbons * et un gâteau glacé de sucre rose sur lequel était inscrit : « Jubilé de la reine Victoria *. » Dans la rue, tous criaient : « Vive la reine d’Angleterre ! Vive M. Melmoth ! * »
— Je sais. C’est ce qui m’a permis d’apprendre votre nouveau nom.
— Ah oui… Mon nom…
L’homme s’avança sur son siège et tâta les poches de son veston.
— Moi aussi, j’ai une carte. Tout à fait du même genre que la vôtre. Presque identique, à vrai dire.
Après avoir cherché un moment, il sortit une carte de visite et la tendit par-dessus la table. Il inclina la tête.
— Sebastian Melmoth, pour vous servir.
Le Dr Quilp sourit.
— C’est un beau nom.
— Inspiré par un beau roman. Melmoth, l’homme errant. Comme c’est mon grand-oncle par alliance, du côté de ma mère, qui l’a écrit, il appartient en quelque sorte à la famille. Je sais que c’est un peu un nom à coucher dehors, mais il me paraît approprié… Vous n’êtes pas d’accord ?
— Je parlais de Sebastian.
— Sebastian est un prénom magnifique. Mon préféré. Qui convient autant aux saints qu’aux pécheurs.
Le serveur venait d’arriver avec un seau à glace et une autre bouteille de champagne. Le Dr Quilp remplit de nouveau les deux flûtes.
— Je collectionne les Sebastian, poursuivit Melmoth. Toutes sortes de Sebastian. Parmi ceux que j’ai connus, il y a même eu un assassin.
— Parlez-moi de lui, proposa le Dr Quilp en levant son verre à l’adresse de son compagnon. J’adore les histoires criminelles.
— N’est-ce pas notre cas à tous ? observa Melmoth en levant son verre à son tour. Le fil rouge du meurtre se mêle à l’écheveau incolore de la vie. Notre affaire est de le débrouiller, de l’isoler et de l’exposer dans toutes ses parties… C’est du moins ce qu’en dit mon ami, le Dr Conan Doyle.
— Parlez-moi de cet assassin nommé Sebastian, insista le Dr Quilp.
— Ce n’est pas le seul meurtrier que j’aie été amené à connaître. J’ai passé ces deux dernières années en prison. J’imagine que vous êtes au courant, Dr Quilp ?
— Oui, répondit l’apothicaire en baissant les yeux. Je suis au courant.
— En politique, on rencontre des charlatans ; en prison, des assassins. J’en ai croisé plusieurs. Sebastian Atitis-Snake fut l’un d’eux. J’ai aimé son nom – chacune de ses parties. Un autre fut Charles Wooldridge, sur lequel j’écris en ce moment un poème.
— À propos du meurtre qu’il a commis ?
— À propos du jour de sa mort. Il a été pendu à la prison de Reading, il y a un an, quand j’y étais.
— Racontez-moi ce qui vous est arrivé, Mr Melmoth.
— Vous semblez déjà le savoir, Dr Quilp.
— Je sais ce qu’en disent les journaux.
— N’avez-vous pas effectué quelques recherches par ailleurs ? Vous me faites l’impression d’être un enquêteur zélé.
— Je veux savoir comment s’est passé votre séjour en prison. Le monde entier veut savoir comment s’est passé votre séjour en prison.
— Le monde entier, cela fait pas mal de gens.
— Oui, et des gens qui seraient prêts à payer beaucoup pour lire ce récit, Mr Melmoth.
— Ils pourront lire mon poème.
— La prose rapporte plus. Vous aurez, je pense, l’occasion de vous en rendre compte.
— Ah, il s’agit donc d’une question d’argent ?
L’homme au costume de lin se renversa sur sa chaise et se mit à rire. Il alluma une cigarette et l’agita en direction des bouteilles de champagne.
— Tout cela, c’était pour de l’argent. Me rechercher, me retrouver, m’abreuver de Perrier-Jouët…
— Il s’agit de raconter votre histoire, Mr Melmoth. À votre manière, avec vos mots.
— Et nous en partagerions les bénéfices, Dr Quilp ?
— Je pourrais être votre plume, si vous m’y autorisiez.
— J’arrive encore à la tenir moi-même, vous savez.
— Mais le ferez-vous ?
Melmoth tira langoureusement sur sa cigarette et sourit.
— Vous avez raison, Dr Quilp. Livré à moi-même, rien n’est moins sûr. Je ne remets jamais au lendemain ce que je peux remettre au surlendemain.
— Et si vous le faisiez, ce serait sans doute sous la forme d’un poème en prose, ou d’une tragédie en vers, ou…
— Ou de quelque autre fadaise ampoulée, acheva Melmoth en riant. Vous semblez bien connaître mon œuvre, cher docteur. Vous n’avez pas aimé La Duchesse de Padoue ?
— Si nous voulons toucher le grand public, Mr Melmoth, il nous faut quelque chose qui soit accessible au grand public. Une histoire pleine d’humanité, racontée simplement. C’est en ce sens que j’espère pouvoir vous assister.
— Une histoire pleine d’humanité !
Melmoth tressaillit d’amusement. Il s’empara de la deuxième bouteille de champagne et se resservit.
— Ainsi, Dr Quilp, il s’avère que vous n’êtes pas tant apothicaire que journaliste.
— Je suis écrivain, Mr Melmoth. Si vous me contez votre histoire, je la transcrirai dans une langue compréhensible par tous – rien de plus.
— Je suis un artiste, Dr Quilp. L’art devrait toujours rester mystérieux. Les artistes, comme les dieux, ne doivent jamais descendre de leur piédestal.
— Il y a deux ans, Mr Melmoth, vous êtes tombé du vôtre.
Une mouette solitaire cria dans le ciel. Melmoth, souriant, contempla son verre et, tout à coup, ses yeux s’embuèrent.
— Oui, fort curieux, n’est-ce pas ? Comment ai-je pu laisser se produire une chose pareille ?
Il se détourna de la table et dirigea son regard vers le porche où le cabot fourrageait toujours parmi les vieux journaux et les restes de légumes.
— Comme vous le savez sans doute, Dr Quilp, les dieux m’avaient donné presque tout. J’avais du talent, un nom réputé, une position sociale élevée, un esprit brillant et de l’audace intellectuelle. Je faisais de l’art une philosophie et de la philosophie un art. Je transformais l’esprit des hommes et la couleur des choses. Il n’était rien de ce que je disais ou faisais qui laissait indifférent. J’éveillais l’imagination de mon pays au point que cela créait autour de moi un mythe et une légende. Je résumais tous les systèmes en une phrase et l’existence en une épigramme.
— Et puis on vous a traîné à Old Bailey. On vous a jugé. On vous a condamné pour attentat à la pudeur. Et on vous a jeté en prison. Pas besoin de phrases grandiloquentes pour raconter ça, Mr Melmoth.
— C’est cela que vous cherchez ? demanda celui-ci en se retournant brusquement. Le compte rendu de mes crimes abjects et de mes écarts de conduite – les détails croustillants de mes outrages obscènes rapportés dans un langage tout sauf grandiloquent ?
Quilp eut un rire embarrassé.
— Non. Les détails de vos turpitudes seraient beaucoup trop scandaleux. Aucun éditeur – hors des bas-fonds de Paris – ne voudrait publier cela.
— Cependant, ce qui vous intéresse, c’est l’histoire de ma déchéance, n’est-ce pas ? La déchéance d’Oscar Wilde. Il vous faut Oscar Wilde dans le titre !
Le Dr Quilp élargit les yeux, mais il demeura silencieux.
— Voilà, reprit l’homme au costume de lin en tirant lentement sur sa cigarette, j’ai osé prononcer ce nom… J’en ai le droit. Ce fut le mien jadis. Plus aujourd’hui. Désormais, je suis Sebastian Melmoth.
Quilp plongea la main dans la poche intérieure de sa veste. Il en sortit un porte-plume et un chéquier. Avec précaution, il les posa sur la table, l’un sur l’autre.
— Mr Melmoth, ce que je veux, c’est le récit de votre séjour en prison – rien de plus, rien de moins. Je veux savoir ce qui s’est passé, qui vous y avez rencontré. Je veux un compte rendu chronologique, en termes simples, sans afféterie.
Melmoth considéra le porte-plume et le chéquier, et sourit.
— Un exposé brut, dans la tradition de Bunyan et Defoe ?
— Si nous voulons réellement faire fortune, mieux vaudrait dans la tradition d’Arthur Conan Doyle et d’Edgar Poe, estima le Dr Quilp. De nos jours, le public réclame sa part de meurtre.
Melmoth écrasa sa cigarette.
— Je n’ai jamais commis de meurtre, Dr Quilp.
Il posa un regard pénétrant sur son interlocuteur.
— Mais vous en avez déjà envisagé la possibilité, j’imagine ?
— Qui ne l’a jamais fait ?
— Et vous avez connu des meurtriers – des hommes comme Sebastian Atitis-Snake. Des hommes qui ont tué et qui ont été pendus pour cela. Atitis-Snake a été condamné le même jour que vous, il me semble.
— C’est ce qu’il m’a dit.
— C’est bien lui qui se prenait pour Napoléon Bonaparte ?
— En effet.
— Contez-nous son histoire en même temps que la vôtre.
Quilp remplit de nouveau les verres.
— Oscar Wilde et les mystères de la geôle de Reading, par Sebastian Melmoth. Voilà un livre que nous pourrions vendre dans le monde entier. Les lecteurs aiment le mystère.
Melmoth tendit la main et, du bout des doigts, effleura le porte-plume de Quilp.
— Et je veux de l’argent. Je le reconnais. J’ai besoin d’argent. Je ne possède rien – rien du tout. Je dépends entièrement de la générosité de quelques amis – et de la bonté de quelques inconnus. Et de la petite rente que me verse ma chère épouse – qui menace cependant de me la retirer au cas où mes fréquentations ne lui conviendraient pas. J’ai un besoin pressant d’argent. Et j’ai l’impression que vous aussi, Dr Quilp. J’observe que vous portez un costume neuf, acheté chez un excellent tailleur. Et votre parfum est l’un de mes préférés – et aussi l’un des plus chers.
— Racontez-moi votre histoire, et celle des meurtriers que vous avez connus, et nous serons riches comme Crésus.
— Riches comme Conan Doyle me suffirait.
— Il gagne une livre par mot – et ses assassins ne sont que le produit de son imagination. Les vôtres sont réels. Je vous en prie, Mr Melmoth. Commencez par le début. Racontez-moi tout, sans omettre aucun détail. Et nous boirons du Perrier-Jouët tous les soirs.
Ce qui suit est le récit qu’il fit alors.