« Marseille, le 28 mai 2010
Mon amie d’enfance,
Je t’écris depuis mon lit, dans ma chambre pour te parler de ma nouvelle vie depuis que j’ai quitté Bordeaux. Et d’abord, sache que je ne t’oublie pas et que je suis fière et émue de t’écrire avec le stylo plume que tu m’as offert en cadeau de départ, pour qu’on reste liées malgré la distance. Du coup, c’est sûr que ça irait plus vite de te faire un mail, mais je kiffe t’envoyer une lettre sur un joli papier. Je trouve que ça donne encore plus de valeur à notre amitié. Mon nouveau collège me plaît, la ville est sympa, ça bouge bien. C’est sûr que, déménager en cours d’année, en mai qui plus est, ça craint. Mais je ne m’inquiète pas trop, au pire, je rate mon brevet. On n’en meurt pas. Lol. Ça me fait penser qu’en ce moment, en français, on étudie des lettres de Poilus, les soldats de 14-18. C’est vachement touchant, les mots d’amour à leur femme au loin. C’est peut-être à cause de ça aussi que j’ai eu envie de prendre le stylo. Ton stylo. Notre plume. Ou alors, c’est à cause de mon grand-frère. Il est à fond dans un nouveau mouvement de lutte qu’il a trouvé sur Marseille : le MAVBL (le Mouvement Anti-Vacuité des Boîtes à Lettres – franchement mdr !). Encore un truc anti-pub, anti-consommation. Il est relou, je te jure. Mes parents, ça les rend fous. Toi, tu le trouves mignon, Valentin, mais, comme je te l’ai toujours dit, c’est parce que tu ne vis pas avec ! Bon, je te laisse sur ces mots. Tu m’écris vite, hein ? Ce ne sont pas les kilomètres qui vont nous séparer !
Ton amie,
Coralie. »