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Brusquement, la chanson s’arrête. Privée de sa voix d’enfant, Astrid redevient vieille. D’autant qu’un pli de concentration, s’ajoutant aux rides déjà en place, barre son front.

Sans un mot, elle repousse le chien et fonce vers le buffet dont elle ouvre le tiroir de gauche.

Ce tiroir-là, c’est le fourre-tout. Un monceau de petits objets hétéroclites s’y entasse : ficelle, élastiques, épingles, timbres-poste périmés, boutons, attaches-trombone, vieilles photos d’identité, punaises, clous, tapette-à-rats (et la liste n’est pas exhaustive). Bref, les mille et un bilokos 13 indispensables qu’on ne retrouve jamais quand on en a besoin.

Astrid retourne tout. Et au terme de sa quête, brandit victorieusement un coussinet de tissu, semblable aux sachets de lavande parfumant les draps, dans les armoires à linge.

Une expression de défi sur le visage, elle glapit, en direction de la fenêtre :

— Je l’ai toujours, le cadeau de Toukoutouk ! Alors méfie-toi, Hugo ! Il est efficace et je sais m’en servir !

13. biloko : objet sans importance.