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Le fumet de Meisje a pris de la virulence, depuis mon arrivée. La période des chaleurs approche. De bonnes qu’elles étaient, ses émanations sont devenues succulentes.

La truffe rasant le sol à la recherche d’une traînée de pisse, je longe le grillage, dans un sens puis dans l’autre. En claquant des mâchoires, comme tous les chiens épris quand le rut leur vrille le flanc.

Mais Meisje est enfermée. Hugo veille jalousement sur elle. Seul un loup peut la monter – c’est du moins ce qu’on dit par ici –, et uniquement lorsque son maître le décide. Il en a toujours été ainsi. Une seule portée par bête, une seule bête par portée. Une petite louve, pour perpétuer la lignée des Meisje.

Soudain, de l’intérieur du chalet s’élève un hurlement. La chienne m’a senti. Son chant douloureux de femelle en chasse monte vers les étoiles.

J’y joins le mien. Notre duo d’amour emplit la nuit.

Devant sa télé, Astrid doit se boucher les oreilles, grincer des dents. Ma plainte n’en est que plus grisante – et plus ample.