Soudain c’est la guerre. La guerre des arbres, des tourbes, toutes les déjections des landes où l’on se bat. Ah tous ces nids saccagés par les prédateurs. Frères pourtant ! Je suis celui qui décide, seul, du sens à donner à ce conflit. On dit que je suis insécable et austère. Il m’arrive de croire que cela est vrai. Pour le moment, choc des armures. Camions embourbés. Jurons de conducteurs. Moteurs qui vrombissent. Cambouis. S’emparer du Bar Docksy de l’intérieur. Là où la lumière est jaune. On s’adosse d’abord à la porte d’entrée. C’est une manière de montrer sa présence armée. Les habitués vous regardent à peine. Ils lisent. Ils boivent. Ils mangent. Lentement. En fait tout est lié à la répétition, au rituel. On le sait depuis toujours. Les plus âgés jouent aux cartes. D’autres tapent le carton. Il n’y a pas de vrais jeunes. Ici. C’est sans âge pour tous. Maintenant que l’on est mêlé aux autres on a moins peur. Quelqu’un se lève. Quelqu’un se met à marcher. Regarde dehors. Le ciel est toujours plat. « Mon Dieu, si je vous ai offensé, pardonnez moi ! » C’est ce que l’on peut lire encore inscrit sur le mur d’enceinte.