On vivait. Dans cette lumière. Ce paysage. On y vivait. Ainsi. Les barrières de mauvais bois s’étaient brisées ou alors avaient été déplacées. Les traces de pas dans ces neiges, notre bien à tous, avaient disparu. C’était un festival de branchages nus de troncs orphelins. Puis la nudité des arbres occupait l’esprit. Soudainement : rien ! Le vide absolu. Ce qui était un abri devenait repaire. La nuit, par grand roulement de tambours, s’annonçait. Qu’étais-je venu chercher dans ces marais ? Et à quel titre ? Ô solitude ! Entouré de ces vastes tourbières je dis également : vases tourbières conçus pour retenir l’eau. C’est ainsi. Pour la seule gloire d’un dieu muet. Cela me faisait penser à l’homme de silence. L’homme solitude face à la maladie. En s’emparant de lui, elle lui avait ouvert en même temps portes et fenêtres de l’hôpital ! La salle d’opération façon modèles chics (les hallucinations sont fournies gracieusement), avec accompagnement musical, baroque je le sais, extasié de première ! Cet homme qui ne participe ni aux soins, ni aux traitements parce qu’il a déjà choisi son camp. Ne rien faire qui puisse retarder l’issue fatale. S’en moquer. Attendre et accepter la sentence d’un point de vue moral bien sûr. C’est ainsi ! Un peu choisir de mourir avant même de mourir. Alors le vent du nord s’engouffra dans ce vide, cet espace blanc. Et nous ne fûmes plus bientôt que des silhouettes. Des ombres. Voilà à quoi cette rigueur mentale conduit. Vrai ! Mais ne croyez pas que je vais me mettre à genoux et crier « Dieu est grand ». Et d’abord qu’Il le prouve.